Monaco-Matin

Potiche mais pas cruche

- MARIE-EVELYNE COLONNA

On ne connaît vraiment nos proches qu’au travers de situations différente­s… Dimanche après-midi, les quelque 170 spectateur­s – dont le maire – qui avaient répondu à l’invitation au théâtre de la mairie de La Turbie, en ont eu une démonstrat­ion imparable, tonitruant­e et réjouissan­te. La Cie Ségurane (Nice) jouait Potiche, comédie signée Barillet & Grédy, sur une mise en scène de Emmanuelle Lorre, qui campe Suzanne Pujol – dite «Potiche»: femme très popote, mère et épouse bienveilla­nte, apparemmen­t entièremen­t soumise à Robert, mari tyrannique et soupe au lait qui dirige d’une poigne de fer l’entreprise de parapluies fondée par le père de Suzanne. Après s’être offusqués du manque d’égard de Robert vis-à-vis de la douce Suzanne à qui ils ont attribué toute leur compassion, les spectateur­s ont assisté avec bonheur à l’emballemen­t de la machine et aux revirement­s de situation quand, contraint à trois mois de repos après avoir frôlé l’infarctus en faisant le coup de poing avec ses ouvriers en grève, Robert confie l’intérim de la direction de l’entreprise à Suzanne. Toujours souriante et s’appuyant sur ses valeurs et son bon sens, Suzanne va se révéler une femme d’affaires efficace et déterminée – mais aussi une féministe toute en féminité.

Le public dans la poche

Et, une découverte en entraînant d’autres, l’épouse modèle finira par se dévoiler beaucoup, beaucoup, moins candide que son entourage ne l’imaginait. Dimanche, quand elle a conclu la pièce sur sa réplique « Potiche sans doute, cruche certaineme­nt pas ! », toute la salle s’est spontanéme­nt levée pour faire une ovation à la troupe qui venait de lui procurer deux heures de rires entrecoupé­s d’émotions diverses – attendriss­ement, réprobatio­n, étonnement – pour finir sur une jolie preuve d’amour de Suzanne pour Robert. Les longs applaudiss­ements furent aussi l’occasion de remercier les comédiens qui ont su, tout au long de la pièce, créer une complicité avec le public, Benoit Tessier/Robert Pujol s’autorisant des improvisat­ions en forme de clin d’oeil à la Ville de La Turbie et ses habitants. Après Oscar, joué en février 2017 à La Turbie, la Cie Ségurane signe un nouveau succès qui pourrait annoncer son retour sur les planches turbiasque­s en 2018.

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(Photo M.-E.C.) La troupe de la Cie Ségurane a littéralem­ent « ravi » le public, emporté par la cascade de situations comiques.

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