Jawad, le «logeur de Daesh», relaxé
Il lève les bras, tape amicalement l’épaule des gendarmes puis embrasse la tête d’un de ses avocats: détenu à l’isolement depuis 27 mois, Jawad Bendaoud, logeur de deux djihadistes du 13-Novembre, est sorti hier soir de prison, après sa relaxe prononcée par le tribunal correctionnel de Paris. «Tous les éléments considérés comme des charges ayant justifié le renvoi du prévenu n’ont pas emporté la conviction du tribunal et sont insuffisants pour démontrer la culpabilité de Jawad Bendaoud », a déclaré la présidente Isabelle PrévostDesprez, spécialisée dans les affaires terroristes. Le parquet, qui avait requis quatre ans de prison, a aussitôt fait appel.
Procès hors norme
Jawad Bendaoud, jugé depuis le 24 janvier pour « recel de malfaiteurs terroristes», a toujours clamé son innocence tout au long de ce procès hors norme. Ce jugement conclut le premier procès en lien avec les attaques du 13 novembre 2015. Un procès retentissant avec quelque 700 parties civiles, plus de 100 avocats, des rires déclenchés par les propos décalés de Jawad Bendaoud, Jawad Bendaoud était devenu célèbre dans tout le pays en passant en direct à la télévision pendant l’assaut.
(Capture d’écran d’archives BFM TV)
des larmes des victimes des attentats. «On est extrêmement émus d’avoir entendu le tribunal nous dire que Jawad Bendaoud était innocent », ont réagi ses avocats Xavier Nogueras et Marie-Pompéi Cullin. «La relaxe, pour moi, elle était attendue. Jawad m’a convaincu sur beaucoup d’éléments», a déclaré Bilal Mokono, blessé par un kamikaze au Stade de France et qui se déplace en fauteuil roulant. Mais des parties civiles ont exprimé leur «écoeurement» et leur «colère». «Je trouve, au regard de son passé, que la justice est vraiment très clémente », a lancé Patricia Correia, dont la fille a été tuée au Bataclan. «Nous sommes choqués par ce verdict qui ravive la douleur des victimes des attentats et des familles traumatisées par l’assaut», dont certaines avaient dû être relogées, a réagi de son côté la mairie de Saint-Denis.
Prison ferme pour les autres prévenus
Le deuxième prévenu, Mohamed Soumah, également jugé pour «recel de malfaiteurs terroristes», a lui été condamné à cinq ans d’emprisonnement. Il avait mis en contact Hasna Aït Boulahcen, qui cherchait une planque pour les deux djihadistes, et Jawad Bendaoud. Une peine de quatre ans de prison, dont un avec sursis, a été prononcée contre le troisième prévenu, Youssef Aït Boulahcen, jugé pour «non-dénonciation de crime ». Le tribunal n’a toutefois pas demandé de mandat de dépôt pour ce prévenu qui comparaissait libre. Il est le cousin d’Abdelhamid Abaaoud et le frère d’Hasna Aït Boulahcen, morte aux côtés des jihadistes dans l’assaut du Raid.