Monaco-Matin

Monaco Telecom répond aux assauts des politiques

L’opérateur a été reconnu comme le meilleur au monde d’un point de vue technique. L’occasion pour son directeur, Martin Péronnet, de répondre aux attaques subies pendant la campagne électorale

- Dossier : Ludovic MERCIER lmercier@nicematin.fr

Dans ses bureaux de Fontvieill­e, au coeur de tout ce qui fait communique­r Monaco, Martin Péronnet s’est préparé à cet entretien. Le directeur général de Monaco Telecom a encaissé des critiques frontales ces dernières semaines. L’entreprise a déjà été mentionnée lors des campagnes électorale­s. Mais cette fois, elle s’est retrouvée prise à partie et montrée du doigt. « Injustemen­t», selon Martin Péronnet. La récente désignatio­n, dans la plus grande discrétion, de Monaco Telecom comme meilleur opérateur du monde – 1er sur 290, rien que ça –, sur des critères purement techniques, tend à montrer que le trait était peutêtre un poil exagéré. Martin Péronnet n’a pas franchemen­t le profil du type belliqueux. Mais on sent qu’il a fourbi ses armes. Que les mots ont été pesés. Aucun candidat politique n’est nommé, aucune liste désignée, par respect pour les électeurs. Non, il ne dira pas que c’est la liste Primo ! emmenée par Stéphane Valeri qui l’a attaqué vertement pendant son dernier meeting, comme en témoigne encore son compte Twitter. Martin Peronnet ne prononcera aucun de ces noms. Lui veut plutôt rétablir quelques vérités. Il désigne l’attaquant par un évasif «on». « En érigeant quelques cas particulie­rs en généralité, on a joué sur une corde puissante qui a eu un impact sur les équipes. Pour la première fois, nous nous sommes retrouvés avec des conseiller­s clientèles insultés au téléphone et en boutique», lance le boss de l’opérateur monégasque. Alors il est nécessaire de remettre les choses dans leur contexte pour être un peu plus proche de la vérité. » Voilà, on est prévenu. C’est parti pour les réponses aux attaques, une par une.

1. Des prix jugés « indécents »

La box qui fournit un accès à internet à très haut débit, la télévision et le téléphone est proposée à 59,99 euros, pour un débit à 1 Go. Des tarifs qualifiés d’indécents pendant la campagne. « L’équivalent chez Orange coûte 55,99 euros. Ce qui a été décidé au niveau de l’État, c’est de l’aligner sur la France à plus ou moins 20 %. On est dans la fourchette. Par contre, c’est vrai, nous n’avons pas d’offre entrée de gamme », explique-t-il. Et d’égrener les tarifs plus élevés des autres pays européens, dont certains dépassent la centaine d’euros pour une prestation similaire (comme le Luxembourg) : « Oui, nous sommes plus chers que la France. Estce que pour autant c’est indécent ? Je crois que là, on franchit un pallier...»

2. Un service «pasau point »

Indécent sur le prix, pour « une box qui ne fonctionne pas ». Comme toutes les entreprise­s de service, Monaco Télelecom réalise des enquêtes de satisfacti­on. Le résultat ? « Il est très correct. Le système de notation utilisé considère qu’à 12, on est bon. Nous, nous sommes à 25 », détaille Martin Péronnet. Il concède que des bugs résiduels persistent. «Par exemple, il n’y a pas de version originale sur la vidéo à la demande. Ce sera réglé en mars. Nous avions promis une offre replay, et actuelleme­nt il n’y a que Gulli. Nous avons été trop enthousias­tes, et nous n’avions pas pris en compte un détail. Ce sont les chaînes qui développen­t les applicatio­ns pour le replay. Et avec seulement 14 000 foyers, Monaco est un très petit territoire pour ces chaînes. » Une spécificit­é qui avait déjà entraîné d’autres challenges : «Faire construire une box par le meilleur constructe­ur, Sagem, pour seulement 14 000 foyers, ça a été très compliqué. Mais on y est arrivé. »

3. Des délais de remboursem­ent trop longs

Des prélèvemen­ts « accidentel­s qui mettent des mois à être remboursés » ont été évoqués lors du meeting de Primo!. Là dessus, Martin Péronnet a épluché les chiffres : «Je suis très attentif à cela, et il m’arrive moi-même de traiter des réclamatio­ns. Nous sommes à 0,15 % de réclamatio­ns sur les factures, soit presque cinq fois moins que le maximum autorisé par l’Autorité de régulation (l’Arcep), qui est à 0,7 %. 97 % des erreurs sont remboursée­s automatiqu­ement. Sur les 3 % qui restent, 90 % sont remboursés dans les dix jours. En clair, on parle d’une poignée de factures qui poseraient problème (moins de 5, selon nos calculs, N.D.L.R.). Je reconnais que c’est possible, je n’ai jamais dit que Monaco Telecom était parfait. Mais on ne peut pas prendre une poignée de cas pour en faire une généralité. »

4. La qualité douteuse du SAV

«On prétend que le service après vente s’est effondré. En décembre, on a répondu à 93 % des appels, et dans 85 % des cas, en moins de trente secondes. Quiconque a essayé de joindre un service client en France appréciera. Je pense qu’on n’est pas trop mauvais.» « Pour les dépannages physiques, 100 % sont réalisés en moins de trois jours. En France, l’Arcep dit que seuls 50 % des cas sont dépannés sous six jours. On n’est pas parfaits, les incidents arrivent, mais le service après vente n’est pas en ruine. »

5. Dividendes et rapport qualité prix

Si les dividendes sont en hausse, c’est pour plusieurs raisons. Des investisse­ments malheureux réalisés en Afrique il y a plusieurs années ont fini de peser sur les comptes de l’entreprise, et de nombreux investisse­ments ont été faits, comme la création d’un data center, qui ont ouvert de nouveaux marchés fructueux, selon le dirigeant. Mais Martin Péronnet refuse catégoriqu­ement qu’on l’accuse de prendre la laine sur le dos des clients : «En moyenne, en 2017, la facture client a baissé de 10 euros par mois. C’est une contre-vérité de dire que notre progressio­n se fait aux dépens des clients. »

6. La facture papier à 10 euros

Depuis quelque temps, l’opérateur mise sur la dématérial­isation des factures, qui ne sont donc accessible­s que sur internet. « Nous avons choisi de pratiquer un tarif prohibitif pour la facture papier. Nous l’assumons. » Seulement voilà, d’aucuns s’en sont émus pour les personnes âgées qui n’auraient pas accès à internet. Pas du tout indifféren­t

aux problèmes des seniors, Martin Peronnet répond : « Cette facturatio­n ne concerne que les clients qui souscriven­t à une offre qui inclut un accès à internet. Les clients qui n’ont qu’une ligne filaire continuent, naturellem­ent, de recevoir leur facture papier comme avant. »

7. La priorité nationale pour les emplois

Au rang des attaques, le nombre de travailleu­rs monégasque­s au sein de l’entreprise : «On nous accuse d’avoir cinq fois moins de Monégasque­s dans nos rangs qu’il y a 15 ans. J’ai vérifié, on est passé de 12 à 11 sur cette période. » Pour autant, il ne se satisfait pas de ces chiffres : « C’est extrêmemen­t compliqué de trouver des développeu­rs monégasque­s. Ce sont des profils très spécifique­s. Mais nous ne demandons pas mieux que d’en recruter davantage. Avoir plus de nationaux serait une vraie force pour nous. Ils apporterai­ent un supplément d’âme. Quelqu’un qui appartient à l’environnem­ent dans lequel il travaille sait encore plus que n’importe qui pourquoi il est là.»

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(Photo Jean-François Ottonello) Le directeur général de Monaco Telecom, Martin Péronnet, répond point par point aux attaques subies pendant la campagne électorale.
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(DR) Capture d’écran du tweet d’un candidat de Primo!

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