Les riverains de Saint-Roch ne veulent pas de la prison
Où implanter la nouvelle maison d’arrêt de Nice si les élus de l’autre côté du Var, soutenus par Christian Estrosi, refusent le projet de Saint-Laurent ? Les terrains RFF pourraient être une option
Si d’aventure Christian Estrosi entendait, une nouvelle fois, proposer comme lieu d’implantation pour la nouvelle maison d’arrêt de Nice, les terrains ferroviaires de la gare Saint-Roch, ce serait loin d’être gagné. Une fois de plus. D’abord parce que SNCF Réseau, anciennement RFF, et la SNCF, propriétaires de cet immense patrimoine foncier situé à l’est de Nice, ne veulent toujours pas les vendre ! Un porte-parole de l’entreprise publique, a laconiquement, mais clairement, déclaré hier : « Nous avons besoin de ces terrains et nous ne sommes pas vendeurs ».
Une fin de non-recevoir formulée déjà à de nombreuses reprises, par SNCF Réseau, même si en 2009, Guillaume Pepy alors président de la SNCF, avait donné un peu de mou. Il avait déclaré, sans prononcer toutefois un oui franc à une éventuelle cession : « Nous n’avons pas besoin de toute cette surface ».
Pas gagné ensuite, parce qu’ à Saint-Roch, comme ailleurs lorsque le spectre de l’implantation d’un établissement pénitentiaire pointe le bout de son ombre, les riverains sont vent debout. C’est le cas du comité de quartier TurinSaint-Roch, présidé depuis une vingtaine d’années par Géraldine Colin. « Cela fait trop longtemps que le sujet d’une nouvelle prison à Nice fait des va-et-vient sans être résolu. On comprend bien qu’il va falloir trouver enfin cette solution, mais ce ne sera pas chez nous ».
« Qu’ils essaient on s’y opposera »
Selon la présidente, les riverains des terrains de la gare Saint-Roch ne veulent pas entendre parler de la construction d’une prison en
face de leurs fenêtres. «D’abord ce n’est pas cohérent, il y a eu une réhabilitation du quartier, il y a beaucoup de commerçants, des grosses entreprises. Qu’ils essaient, on s’y opposera fort», insiste Géraldine Colin. Pourtant, son comité de quartier ne tenait pas vraiment ces propos
en 2014. La prison à Saint-Roch, à cette époque, c’était « pourquoi
pas », mettant en avant qu’il fallait étudier cette opportunité de gagner en sécurité et de voir si cela peut créer de l’emploi… « C’était un autre contexte. Depuis le quartier a évolué, il s’est beaucoup urbanisé et surtout il prend une vocation médicale et universitaire avec Pasteur II et le 27 Delvalle», précise la riveraine. Qui s’insurge: «Si je comprends que le maire de Nice ne souhaite pas se mettre à dos les autres maires de la métropole qui ne veulent pas d’une prison à Saint-Laurent, nous, on n’a pas à faire les frais de considérations politiciennes ».
L’alerte du socialiste Patrick Allemand
Et, elle le promet, si la piste des terrains RFF ressort officiellement, « on se mobilisera. Et il n’y aura pas que les centaines de riverains, mais aussi les anciens de St-Roch qui habitent dans l’arrière-pays ou encore les grands parents qui viennent chercher les enfants à l’école ».
Grâce aux réseaux sociaux, l’info s’est répandue comme une traînée de poudre chez les habitants… Aidée, un tantinet, par Patrick Allemand, l’élu socialiste, qui a posté
un message sur le groupe «Tu sais que tu viens de Saint-Roch qu nd… ».
Il a écrit : « Cette fois-ci le danger est très grand car le maire ne veut absolument pas de la prison à la Baronne en rive droite du Var. Il n’y a pas de terrains à Nice. Les résidents de Saint-Roch pourraient se trouver pris en otage des relations détestables qu’il entretient avec le député de la circonscription car le maire pourrait à cette occasion planter un gros clou dans la chaussure d’Eric Ciotti et se venger en laissant la prison venir s’installer à Auvare ou à la gare Saint-Roch ». De quoi interpeller les riverains… Tout est parti d’une réunion jeudi matin, qui a mis autour de la même table, préfet des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi et élus de l’autre côté du Var. Des discussions pour dire non au projet laurentin, malgré le soutien de Georges-François Leclerc. Mais aussi pour réaffirmer la priorité de ces élus en phase. Ils souhaitent : «La réhabilitation-extension de l’actuelle maison d’arrêt, l’extension de l’établissement de Grasse ».
Extension possible « par tranches »
Le Préfet des Alpes-Maritimes a par ailleurs assuré que les travaux de rénovation de la prison de Nice seraient réalisés par tranches et n’entraîneraient donc pas de fermeture totale de l’établissement pendant plusieurs mois… Ce que dénonçait Eric Ciotti qui, lui, penche pour le projet laurentin afin de « trouver la solution la plus rapide à la surpopulation carcérale et afin d’améliorer les conditions de travail des surveillants ». Christian Estrosi avait conclu cette réunion en annonçant qu’il allait faire, en suivant le cahier des charges de l’État, de nouvelles propositions d’implantation pour le futur établissement.