Guillaume et Christophe visent l’Ironman 2019
Guillaume, paraplégique, et son ami Christophe ont décidé de se lancer dans l’Ironman 2019. Un défi pour les deux hommes qui se sont rencontrés à la dernière No Finish Line
Quand on est sportif dans l’âme, on le reste. » Guillaume Battaglini, 30 ans, a perdu l’usage de ses jambes il y a sept ans à la suite d’un accident où son scooter et un autre deux-roues se sont violemment percutés sur la route de Laghet. « Ce jour-là, j’ai tout perdu. J’avais un métier, je faisais du sport, j’élaborais des projets. Quand je me suis réveillé du coma, j’ai compris. J’ai dû remonter le moral à toute la famille. J’ai appris à vivre seul. Ce fut le début d’une seconde vie. » Aujourd’hui, Guillaume, Français, menuisier de formation, est sans emploi, réside aux Jardins d’Apolline et bientôt à L’Engelin. Il parle peu mais n’en est pas moins déterminé. « C’est un défi fou que nous nous sommes lancé, avec Christophe Cornu, triathlète amateur, en décidant de nous préparer pour l’Ironman 2019. Un triathlon qui enchaînera 3800 m de nage, 180 km de vélo et 42 km de course; et ce en moins de seize heures… » Un défi fou ou plutôt l’aboutissement d’une belle amitié qui se construit au travers du sport. « J’ai tou- jours fait en sorte de me dépasser, explique Guillaume. Alors, tous les deux, nous essayons d’apprendre à nous connaître. On essaie de faire qu’une personne. » Ne faire qu’un, à deux: c’est la belle aventure de Guillaume et Christophe qui veulent unir leurs forces, mentales et physiques, et prouver à tous que tout est possible dès lors que l’envie et la volonté sont partagées. « Ensemble, avec ou sans handicap, on peut bouger, on peut avancer. » C’est le message de Christophe et bientôt l’objectif de l’association dont il s’apprête à déposer les statuts. Elle s’appellera Addict endurance. « Notre message: bougez-vous, valide et invalide. On veut, par notre association, faire se rencontrer les valides et les invalides. »
Force mentale
Les deux hommes se sont rencontrés à la No Finish Line de fin 2017. « J’ai parlé avec Guillaume, explique Christophe. Il avait effectué plus de kilomètres que moi à la seule force de ses bras. Au fond de moi, je me suis dit: “Il est sur mon chemin”. »
Christophe, salarié chez Carrefour depuis cinq ans, avait décidé de partager sa semaine entre son travail et la course monégasque. « J’ai
alors décidé de faire un tour seul et un tour en poussant Guillaume. » L’aventure naissait. Ils ne le savaient l’un et l’autre pas encore…
« A deux, on est plus fort »
« J’ai vu ce que Guillaume était capable de faire mentalement. » Lui, Mentonnais, qui se rend au travail à pied ou à vélo, a été impressionné par la force du jeune handicapé. « À deux, on est plus fort. J’ai remarqué que courir avec Guillaume m’oblige à épouser son corps, à ne faire qu’un. Il faut certes une adaptation. Mais Guillaume est là aussi pour m’aider. Cet entraînement est en train de nous unir. » Mais les efforts se font, pour l’heure, avec les moyens du bord. « Nous courons ensemble avec le vieux fauteuil de Guillaume dont le dossier et les poignées sont plus hauts. » Sur Facebook, les deux amis ont ouvert une cagnotte pour les aider à acheter un tandem. Un investissement de 6700 euros… Il faudra financer également un bateau pneumatique pour l’épreuve à la nage. Mais ils ont encore du temps devant eux. Alors, d’ici 2019, ils comptent fédérer un maximum de bénévoles, de triathlètes, valides ou non, pour montrer que « quand on veut, on peut ».