Salons de massage chinois : à mois de prison
Les huit prévenus, qui exerçaient à Nice en 2013, ont également été condamnés à de lourdes amendes, ainsi qu’à la confiscation d’importantes sommes saisies en liquide ou sur des comptes
Le tribunal correctionnel de Nice, présidé par Anne Vincent, a finalement rendu sa décision, hier soir, dans l’affaire des salons de massage asiatique. Le procès devait initialement se terminer aujourd’hui. Le tribunal a condamné les huit prévenus à des peines allant de 12 mois à 30 mois de prison. Assortis en partie ou en totalité du sursis. Un mandat d’arrêt a été émis à l’encontre d’une femme de 31 ans, Zhang Xiao Qing, absente à l’audience. Deux ans ferme ont été requis à son encontre.
Fermeture définitive des établissements
Le tribunal a assorti ses condamnations de lourdes amendes allant jusqu’à 30 000 euros, à la fois pour les gérants et leurs sociétés – soit jusqu’à 60 000 euros pour certains – et ordonné la fermeture définitive des établissements. Me Gérard Baudoux n’a pas réfuté l’existence de pratiques sexuelles à l’issue du massage mais le fait que sa cliente, Wei Tian (gérante d’un salon), en soit informée. (Photo d’illustration AFP)
Nombre de sommes d’argent saisies dans cette affaire, en cash ou sur des comptes bancaires, ont par ailleurs été confisquées. Tous ont été condamnés
à payer l’euro symbolique à l’ordre national et départemental des masseurs kinésithérapeutes. Ces derniers s’étaient en effet portés partie civile. «Les gens doivent savoir que, que quand ils vont se faire masser, cela peut être dangereux pour la santé si ce n’est pas pratiqué par des professionnels », a plaidé Me Jérôme Cayol, avocat au barreau de Paris, défendant les deux ordres. Au premier rang, face à la présidente, les prévenues asiatiques, ainsi qu’un Français de 79 ans, gardent la tête baissée.
Prouver « la connaissance des faits de prostitution »
Me Gérard Baudoux, de son côté, n’a pas réfuté l’existence de pratiques sexuelles à l’issue du massage mais le fait que sa cliente en soit informée. Wei Tian, 30 ans, était gérante du salon Jade Tian, rue Niepce à Nice. « Les finitions main, selon le terme utilisé, se faisaient en catimini, dans l’intimité de la cabine de massage, par le biais d’un pourboire. Avez-vous dans le dossier les éléments qui vous permettent d’acquérir la conviction, la certitude, que ma cliente avait connaissance de ce qui se passait dans ces cabines ? » Pour Me Sophie Jonquet, avocate de René Dumortier, Français de 79 ans, « rien ne permet dans ce dossier de démontrer qu’il a sciemment pris part à du proxénétisme hôtelier. Il faut que l’auteur ait connaissance des faits. Dans le cadre de votre décision, il faudra démontrer avec précision la connaissance effective des faits de prostitution. » Me Brigitte Mindeguia avocate de Xiujie Wang-Azema, a réfuté les accusations de proxénétisme, estimant qu’il n’y avait aucune prestation sexuelle dans le salon. Elle a dénoncé une information judiciaire à charge. Le tribunal en a jugé autrement, pour les uns. Comme pour les autres.