COUPE DE FRANCE FÉMININE (QUARTS DE FINALE) : NICE - CHAMBRAY À H « Le travail paie toujours »
Marjan Kolev, l’entraîneur de l’OGC Nice, s’est livré au jeu de l’entretien
Arrivé en catimini à l’été pour prendre la relève de Sébastien Gardillou, on ne le connaît finalement pas tellement. A la moitié de son premier contrat de ans, l’ex-international macédonien Marjan Kolev ( ans) s’est livré au cours d’un long entretien. Une manière de mieux faire connaissance avec le personnage et faire un premier bilan avant le quart de finale de coupe de France qui attend Nice ce soir. Je venais de division, en étant étranger, sans diplôme, dans un club au sein duquel l’ancien coach occupait peut-être trop de place, les dirigeants ont probablement voulu se protéger de ça et montrer qu’ils n’aiment pas ce même modèle d’entraîneur. Je pense que les résultats après un an et demi et le fait que vous veniez m’interviewer montrent que j’ai capté l’attention ! (sourire)
Quel bilan, à mi-chemin de votre contrat ? La première année a été celle de l’apprentissage. Il y a eu de grandes responsabilités à prendre. C’était ma première expérience à haut niveau, avec une autre nouveauté pour moi, celle d’entraîner des filles. En plus, avec une équipe construite par quelqu’un d’autre. Les playdowns ont permis de construire un noyau de groupe. Ensuite, on a eu de la chance avec les recrues arrivées l’été dernier, qui remplissent les rôles qui nous manquaient. On a gagné un leader en défense et de la qualité offensive et défensive au poste d’ailière droite. C’est ce qui permet au groupe d’évoluer plus haut et de se stabiliser.
Pensiez-vous que les résultats viendraient vite ? J’étais en confiance, car je connais bien le hand. Ce qui m’as mis en difficulté, c’était le manque de professionnalisme, de motivation chez certaines filles. C’est ce qui m’a pris beaucoup de temps et m’a poussé à réfléchir à comment dépasser ce problème. J’ai vu le niveau, on n’a pas été ridicule l’an dernier malgré tous les changements, et je pensais qu’on pouvait concurrencer les autres avec - recrues avec plus de qualité. On le voit cette année.
Que pensez-vous de l’évolution du projet ? On voit que les changements fonctionnent, tant sur le plan sportif qu’extrasportif. C’est sûr que maintenant, on fera tout pour être européen. On sait aussi qu’il y aura une petite rénovation de la halle qui est prévue et qui nous permettra d’attirer de nouveaux partenaires.
C’est un projet basé aussi sur la formation, et vous n’avez pas hésité à donner leur chance aux jeunes... Pour moi, il n’y a pas de vieux et de jeunes. Il y a des bons et des moins bons. Quand je suis arrivé, j’ai vu la qualité que l’on a au centre de formation et j’ai été agréablement surpris. Je n’ai pas hésité à intégrer tout de suite des jeunes comme Sy, Blonbou et Fall. Je ne pense pas m’être trompé : deux ont signé un contrat pro, et la troisième est sur le bon chemin. Maintenant, il nous reste à travailler avec encore deux joueuses pour l’année prochaine, Juliette Huynh et Djazz Chambertin.
Êtes-vous le genre de coach à sillonner les matchs de jeunes pour dénicher des potentiels ? Je n’ai pas trop de temps pour ça, et surtout j’ai une confiance totale en Emmanuel Dott, le directeur du centre de formation. Ensuite, celles qui viennent ici, je les regarde, je les observe beaucoup, je vais voir les matchs de notre équipe .
Qu’est-ce qui change le plus quand on passe des garçons aux filles ? Les capacités physiques sont différentes. Chez les garçons, on voit des tirs qui vont à à l’heure, chez les filles c’est plus rare. Certains gestes demandent de la puissance, et on sait que naturellement les femmes ont moins de force. Mais l’aspect le plus dur à gérer, c’est la psychologie et la gestion du groupe. Avec les garçons on peut se dire ce que l’on veut, on peut même s’attraper tête à tête. Si tu fais ça avec une fille, tu es un dictateur et tu agresses, on ne peut pas le faire. On ne rentre pas non plus dans le vestiaire, donc on ne sait pas ce qui s’y passe. Pour l’instant, les deux capitaines (Eshan Abdelmalek et Noémie Lachaud, ndlr) font le boulot, donc ça se passe très bien.
Le changement entre les amateurs et la LFH ? Je n’ai plus besoin de me casser la tête pour savoir si les joueuses seront là ou non à l’entraînement ! Même en N, j’étais déjà très professionnel, je faisais mon travail à très haut niveau. C’est pour ça aussi que j’ai travaillé pour le Pôle de Chambéry. C’est un grand changement, mais pour moi c’est un soulagement car je peux me concentrer uniquement sur le handball.
Comment se retrouve-t-on en quelques mois de la NM à la D féminine ? Le travail paie toujours. Si j’ai fini ici, c’est que j’ai bien travaillé à SaintEgrève. Avec un petit budget de c’est devenu un club phare dans le bassin isérois. Ce n’est pas un hasard, comme le fait d’avoir été convoqué dans un projet fédéral à Chambéry, pour coacher des futurs joueurs de l’équipe de France, avec le palmarès que ça représente. Forcément, ça fait parler et c’est arrivé jusqu’aux oreilles de Claude Mirtillo. C’est lui qui est fautif si j’ai terminé à Nice (rires) !
Si on devait résumer la méthode Kolev ? Je n’aime pas me baser sur une ou deux joueuses, c’est discriminant pour les autres. Quand tu te focalises sur certaines et que tout le monde travaille en attaque pour qu’elles soient à la finition, ça veut dire que les autres n’ont pas le niveau pour se débrouiller et être capables de prendre l’initiative. Mon projet, c’est que les joueuses soient prêtes à réagir vis-à-vis des situations. Bien sûr, on a certains enclenchements qui commencent d’un côté et qui finissent souvent de la même manière, mais les joueuses ont de la liberté. On est au siècle, les joueurs sont très intelligents, ils ont des capacités, il ne faut pas couper leur inspiration.
Sur quel aspect du jeu voulez-vous évoluer ? Le jeu tout terrain et le jeu de transition. On doit s’améliorer sur ça pour l’année prochaine, et aussi sur la relation avec les ailes. Je trouve que, même si on travaille dessus, j’ai du mal à obtenir une bonne relation arrières-ailières. Ça nous manque, et avec les ailières que l’on a, c’est dommage de ne pas plus en profiter...
Quand vous parlez de l’année prochaine, c’est aussi en perspective d’une coupe d’Europe ? Le président a annoncé vouloir être européen. Je lui avais demandé d’attendre après quelques matchs de championnat, car on avait trois matchs très difficiles d’entrée, avec Metz, Brest et Nantes. Si l’on avait annoncé que vraiment on jouait le haut de tableau, la pression aurait été très forte et aurait pu avoir un impact sur le collectif pour le reste de la saison. Cette erreur, on l’a faite l’an dernier. Cette fois, j’ai demandé aux dirigeants de faire autrement, ils m’ont écouté et je les en remercie.
Il y a aussi ce quart de coupe de France contre Chambray, et pourquoi pas la possibilité d’aller en coupe d’Europe en gagnant un trophée... Cette année, vu comme elle est partie, je sens que c’est une année pour nous. J’espère que l’on restera d’abord soudés entre nous. L’objectif, c’est de finir en haut de tableau pour jouer les playoffs dans les meilleures conditions et se qualifier pour l’Europe. La deuxième possibilité, c’est de passer par la coupe. Avec un peu de chance, si le tirage nous est favorable, les chances augmenteront et si l’on joue une finale, je pense que ça sera une vraie réussite. Je pense que ce club mérite d’avoir un peu de bonheur.
A h, Halle des Sports Charles-Ehrmann Nice-Chambray