Monaco-Matin

A la recherche de gros poissons en Colombie

Le Yersin vient de franchir le canal de Panama et navigue vers un gros rocher, l’île de Malpelo, à 500 km au large de la Colombie. L’enjeu : protéger cette zone ultrariche en gros poissons

- ARNAULT COHEN acohen@monacomati­n.mc

L’aventure continue. Le Yersin a été reconfigur­é à l’issue de sa première mission scientifiq­ue, qui a débuté à Madère le 15 août pour se terminer en Martinique à la fin de l’année. Le navire scientifiq­ue, tête de pont des «Exploratio­ns de Monaco» pour une campagne de trois ans à travers le globe, vient de reprendre la mer. Il a franchi le canal de Panama jeudi dernier pour jeter l’ancre dans les prochains jours au large de la Colombie, près d’un gros caillou de 120 hectares, l’île de Malpelo. Le nouveau terrain de jeu des Exploratio­ns de Monaco.

Nouveau pilote

En Martinique, le laboratoir­e flottant de 77 mètres de long a subi quelques aménagemen­ts pour se préparer à accueillir de nouvelles équipes de scientifiq­ues dans le Pacifique. «Il faut tout revoir, en fonction des missions qui seront menées, des besoins des scientifiq­ues, explique-t-on .Les laboratoir­es ont été reconfigur­és, le matériel complété, les congélateu­rs déplacés pour une meilleure optimisati­on de

l’espace. Bref, tout a été repensé pour mettre à dispositio­n des scientifiq­ues un outil parfaiteme­nt adapté.» Autre changement, le boss a changé. Après avoir dirigé la première mission de quatre mois en Macaronési­e et Martinique, Pierre Gilles passe le manche à un pilote, au sens premier du terme. Raymond Clerc, en effet, chef de la deuxième mission des Exploratio­ns de Monaco, est un vétéran de l’aviation. Ancien pilote militaire dans les Forces armées suisses puis pilote de

ligne,iltotalise­17500 heures de vol. Raymond Clerc est connu à Monaco pour avoir dirigé le QG de Solar Impulse à l’Auditorium Rainier-III (lire son interview ci-dessous).

L’ADN des poissons

Cette fois-ci, le pilote va s’intéresser à l’aire marine protégée de Malpelo, vaste sanctuaire de 850000 hectares où toute pêche est interdite. «Cette zone est très riche en diverses espèces de poissons, comme les requins-marteaux et la méga faune océanique

qui vient se reproduire ici», commente Raymond Clerc. Le Yersin va ainsi mettre son infrastruc­ture et ses équipement­s de pointe au service de deux équipes scientifiq­ues: l’une vient de Montpellie­r et est spécialisé­e dans l’ADN des poissons – «Vous saviez que les poissons laissent une trace ADN dans leur sillage pendant 24 heures?», s’étonne encore l’ancien commandant de bord –; l’autre est colombienn­e. C’est d’ailleurs la philosophi­e des Exploratio­ns de Monaco: permettre à des scientifiq­ues locaux de mener des études rendues possibles grâce au Yersin. Cette équipe colombienn­e est dirigée par Sandra Bessudo, une océanograp­he et biologiste marine de renommée mondiale. Sa mission consistera notamment à poser des balises GPS sur de gros requins, avec l’aide d’apnéistes, parmi lesquels le Monégasque Pierre Frolla (lire cidessous).

Le Prince attendu

L’enjeu de la mission II est double : répertorie­r les espèces, voire en découvrir de nouvelles; mieux connaître l’importance de cette aire marine protégée pour réclamer une augmentati­on de sa taille aux autorités colombienn­es – l’une des priorités du prince Albert II. Le souverain sera d’ailleurs au plus près des scientifiq­ues, sur le Yersin , du 20 au 24 mars. La mission colombienn­e se poursuivra ensuite jusqu’au 8 avril.

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 ??  ?? Le Yersin vogue vers l’île colombienn­e de Malpelo. (Photos Monaco Exploratio­ns)
Le Yersin vogue vers l’île colombienn­e de Malpelo. (Photos Monaco Exploratio­ns)
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L’équipe de recherche de l’université de Montpellie­r achète du poisson sur le marché de Panama City qui servira à attirer les grands prédateurs.

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