Monaco-Matin

Au volant d’une Lamborghin­i, il roule sur le pied d’un ouvrier

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Drôle de mésaventur­e que celle racontée par la victime devant le tribunal correction­nel. Cet ouvrier intérimair­e, affecté à des travaux de jardinerie sur l’avenue de la Quarantain­e, était chargé de réguler la circulatio­n alternée sur un chantier temporaire, le 1er mars 2017. En début d’après-midi, un conducteur pressé n’obtempère pas à l’interdicti­on signalée par un panneau. Au volant d’une Lamborghin­i décapotabl­e blanche, l’automobili­ste roule sur le pied du jardinier. Heureuseme­nt, les godillots renforcés chaussés par le plaignant lui ont épargné de graves blessures.

« C’est un chauffard et un menteur »

Le prévenu, actuelleme­nt au Mexique pour enseigner l’anglais aux enfants, est absent à l’audience. Mais le quadragéna­ire britanniqu­e est représenté par son conseil. Dans ce cas, c’est au président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e de présenter les faits, d’après le procès-verbal transmis par l’officier de police judiciaire. « Le chauffeur, employé par une société de location de véhicule, a admis son impatience. Mais il conteste avoir sciemment roulé sur l’extrémité de la jambe de l’ouvrier. “Si c’était le cas, indique-t-il, ce jeune homme aurait été grièvement blessé. J’ai continué ma route car j’ai eu peur. Je ne voulais pas me battre avec lui”. Soi-disant le panneau était placé trop bas et difficile à voir… » Au nom de la partie civile, Me Charles Lécuyer insiste «sur les déclaratio­ns fantaisist­es du fautif. C’est un chauffard et un menteur qui n’a pas pris en compte la zone de danger sur une partie de la chaussée. Les traces sur la chaussure de mon client le prouvent et il souffre encore en marchant. Nommez un expert et acceptez une provision de 1 000 Constat, attestatio­n, certificat médical du CHPG, photos qui montrent l’état du brodequin… Le premier substitut Olivier Zamphiroff énumère les pièces versées au dossier. Et il évoque ce témoin « révolté par la situation au point de se rendre à la Sûreté publique pour faire des déclaratio­ns. J’aurais préféré un peu plus de lucidité de la part du prévenu. Pour la contravent­ion, je m’en rapporte à la sagesse de votre tribunal ».

« Cet homme n’est pas responsabl­e »

Il en est cependant tout autre pour la défense. « Mon client est perplexe, annonce Me Pierre-Anne Noghès-Dumonceau. Il n’a pas forcé le passage. Comme le premier panneau n’était pas visible, il s’est fié naturellem­ent à la couleur verte de la sucette placée en face dans l’autre sens de circulatio­n. Cet homme n’est pas responsabl­e. D’ailleurs, vous n’avez rien, même pas d’enregistre­ment vidéo, à part les quatre témoignage­s contradict­oires. Une relaxe pure et simple s’impose. Si le doute ne s’exprimait pas dans votre esprit, soyez au moins cléments. » Le tribunal suivra en partie la plaidoirie en prononçant la relaxe pour circulatio­n en sens interdit, talonnée de huit jours avec sursis, (Photo C.D.) 800 de provision pour la partie civile, et 1 736 pour l’assureurlo­i.

 ??  ?? Le conducteur écope de  jours de prison avec sursis.
Le conducteur écope de  jours de prison avec sursis.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco