La Méditerranée se donne rendez-vous à Monaco
Les Rencontres internationales Monaco et la Méditerranée proposent jusqu’à ce soir tables rondes et débats avec des artistes et intellectuels du bassin méditerranéen. Accès libre
Le Musée océanographique de Monaco : n’est-il pas plus bel écrin pour comprendre la Méditerranée dans ses aspects si contrastés, à la fois tourmentés et idéalisés ? C’est là qu’Élisabeth Bréaud, présidente des Rencontres internationales Monaco et la Méditerranée (RIMM), rassemble depuis hier, et jusqu’à ce soir, de nombreuses personnalités de renom. Autour du thème « Artistes et intellectuels en Méditerranée, leurs places, leurs rôles, leurs défis », tous sont venus animer des tables rondes pour évoquer les multiples facettes d’un bassin qui catalyse le pire et le meilleur (voir programme ci-dessous). Hier matin, le prince Albert II a ouvert ce colloque en présence de nombreux représentants des institutions monégasques – notamment Marine de Carné-Trécesson, ambassadrice de France à Monaco, Stéphane Valeri, président du Conseil national, Patrice Cellario, conseiller de gouvernementministre de l’Intérieur, Alain Pastor, président de l’Alliance française de Monaco et conseiller scientifique des RIMM. « Grâce à ces IXes Rencontres, il sera possible, durant deux jours, de valoriser l’expression artistique, le patrimoine, les philosophes, les écrivains qui naissent en Méditerranée afin d’apprécier l’impact des artistes qui en sont originaires ou qui parlent d’elle », a souligné le souverain. Le Prince a également remis le prix
des RIMM à Elias Sanbar, écrivain, ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, qui intervient aujourd’hui, entre 16 h 10 et 16 h 30, sur « L’identité plurielle ».
« Faire entendre sa voix »
Jérôme Clément, ancien président de la Fondation Alliance française, ancien président d’Arte et du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), a prononcé une longue et brillante allocution. Et donné également un message
d’espoir : «Oui les ennemis d’aujourd’hui peuvent devenir des amis de demain. Les armes peuvent se taire même si nous n’en sommes pas là. » Dans une région du monde en proie aux conflits, aux régimes autoritaires, aux crises, les paysages sont souvent dévastés. « Quoi de plus significatifs que les ruines de Palmyre martyrisées par Daech? L’histoire se mêle à notre actualité. Source profonde de la haute culture, la Méditerranée continue de nous offrir ses merveilles. Sa tradition, c’est l’agora de Marseille au
Caire de Tanger à Athènes. » Les RIMM prolongent donc cette tradition de conversations et de partage auprès d’artistes et gens de lettres. « L’agora est le bien commun de la parole échangée qui rend le débat possible là où on veut la juguler. Faire entendre sa voix et susciter celle des autres, c’est le rôle des intellectuels. » Quant à l’artiste, pour Jérôme Clément, « il n’est jamais autant à sa place que lorsqu’on la lui refuse ». Alors, dans ce pourtour méditerranéen, « concentré de tous les problèmes
du monde », penser la Méditerranée, sur la place de la religion, les politiques et les migrations n’est pas une curiosité intellectuelle ; bien plutôt une nécessité dans le théâtre de la vie où se jouent les pires tragédies contemporaines. Car « plus que jamais les artistes et les intellectuels doivent parler au monde. La création protège de la barbarie. La culture aide à se connaître, à se comprendre et à s’accepter ».