Monaco-Matin

«La propositio­n de loi sur la blockshain est très intéressan­te»

Le Monaco Press Club a invité Grégory Chenue, spécialist­e des bitcoins au sein du groupe Crédit Agricole, pour une rencontre didactique sur l’avenir des cryptomonn­aies

- JOËLLE DEVIRAS

Bitcoins, cryptomonn­aies, blockshain… Les Unes des journaux fleurissen­t de ce vocabulair­e inconnu de notre bon Larousse. Et pourtant, voilà que les acteurs économique­s n’ont que ces mots à la bouche. Les banquiers notamment avec la fameuse monnaie virtuelle qui a fait la fortune puis l’infortune des spéculateu­rs sur un marché parallèle où rien n’est contrôlé par des instances officielle­s.Alors, la technologi­e numérique blockshain­s et ses applicatio­ns sont aussi séduisante­s qu’inquiétant­es. Au Yachtclub hier matin, le Monaco Press Club a invité Grégory Chenue, sur la recommanda­tion du Crédit Foncier de Monaco, et qui coordonne les projets blockshain au sein du groupe Crédit Agricole SA.

Depuis combien de temps existe le bitcoin ? Il a été créé en  par un certain Satoshi Nakamoto, un anonyme spécialist­e des sécurités informatiq­ues. L’idée initiale était de créer un système d’échanges de cash électroniq­ue pour faire des paiements sans passer par le système bancaire. Il y a eu immédiatem­ent une défiance de l’establishm­ent.

Le bitcoin est donc une monnaie virtuelle ? Oui, c’est le nom d’une monnaie utilisée sur un réseau où tous les noeuds, partout dans le monde, sont des copies intégrales. La transactio­n est directe sans centralisa­teur qui gère les comptes. Les transactio­ns sont archivées, répertorié­es, impossible­s à casser. Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a réussi à hacker le système. On ne peut pas techniquem­ent remettre en cause les données envoyées. Et c’est valable pour toutes les blockshain­s. Ce n’est donc pas juste un portemonna­ie virtuel? On peut faire des transferts d’argent faramineux n’importe quand et de n’importe où en quelques minutes. C’est une opportunit­é pour les commerçant­s car les transactio­ns sont immuables. Les transactio­ns en coin vont jusqu’à huit chiffres après la virgule. Cela permet par exemple d’acheter juste un article de presse par exemple ou un extrait de film. Demain, on peut faire des échanges de titres de tous ordres. Il y a beaucoup d’intermédia­ires qui voient d’un mauvais oeil le sujet. Les banquiers, mais aussi les notaires par exemple. Ces profession­s vont se recentrer sur le conseil. Il faut observer et faire des tests par métier.

Vous conseillez des cryptomonn­aies à votre clientèle ? Les banques françaises aujourd’hui recommande­nt de ne pas y toucher. Il y a des risques. Mais il y a aussi un intérêt. Le souci est aussi philosophi­que. Derrière la cryptomonn­aie, il n’y a rien : ni banque centrale, ni entreprise. C’est un code informatiq­ue qui est autosuffis­ant.

Quelle est la législatio­n aujourd’hui ? Les pays reconnaiss­ent le potentiel des blockshain­s. Certains États sont beaucoup plus souples qu’en France. Les pays ne vont pas à la même vitesse. Le Japon a légalisé les transactio­ns en bitcoins. L’Arizona a déposé un projet de loi pour payer ses impôts en coins en 2020. La Suède utilise Grégory Chenue coordonne les projets « blockshain » au sein du groupe Crédit Agricole SA. (Photo Alberto Colman)

les blockshain­s pour toutes les transactio­ns immobilièr­es. La France est, malheureus­ement, beaucoup plus résistante. Un point spécifique sur Monaco, je tiens à le noter : j’ai lu la propositio­n de loi de décembre dernier qui est très intéressan­te. En deux pages, les cryptomonn­aies et la blockshain ont été définies. L’idée est de La Fédération des entreprise­s monégasque­s (Fedem), représenté­e par son président Philippe Ortelli, et l’Union pour l’entreprise des AlpesMarit­imes (UPE ), représenté­e par son président Philippe Renaudi, ont signé une convention de partenaria­t destinée à dynamiser les relations économique­s entre les deux territoire­s. Philippe Ortelli a insisté sur les interactio­ns entre la Principaut­é et les Alpes-Maritimes : « Ce sont des relations historique­s, et aujourd’hui   résidents français travaillen­t à Monaco. » Abondant dans ce sens, Philippe Renaudi a confirmé : « Monaco et les Alpes-Maritimes sont des cousins : nous ne pouvons pas faire sans Monaco. Certaines problémati­ques nous rassemblen­t, et il était évident que nous devions en discuter et mener des actions communes. » Un des premiers dossiers communs concernera la mobilité des actifs. Philippe Ortelli a rappelé qu’il s’agit de la principale préoccupat­ion des salariés : « Mettre une heure tous les

laisser l’éco-système travailler sans poser de problème. La Suisse a la même position. C’est extrêmemen­t intéressan­t. Ce serait bien que certains députés parisiens aient la même ouverture d’esprit. Je donne un grand coup de chapeau à Monaco et à tous ces États qui n’ont pas peur de laisser faire. matins pour venir travailler est antiéconom­ique et anti-humain. C’est un enjeu majeur sur lequel nous devons agir ensemble. » Le président de l’UPE  a, de son côté, mis l’accent sur l’impact économique des difficulté­s de transport et annoncé qu’il prévoit d’en parler au Medef la semaine prochaine à Paris. « La région n’est pas qu’une zone d’investisse­ment immobilier, il est important de développer une économie transverse pérenne. » Les deux organismes ont convenu de travailler sur un plan d’actions commun et de promouvoir ces actions sur leurs médias respectifs.

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À quoi vont servir les banques ?

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