Monaco-Matin

L’esthétique du corps par Elisheva Copin et Agnès Doneau

Réunies dans une exposition au Palais de l’Europe, les deux artistes, sculptrice et peintre, parlent du corps, de son élégance, de sa souffrance, de son humanité. Des visions contrastée­s qui se complètent

- RACHEL DORDOR rdordor@nicematin.fr

L’une sculpte, l’autre peint. L’une s’intéresse au corps féminin et à ses postures dans des dimensions intimes, l’autre au corps masculin tout en mouvement dans des toiles monumental­es. Dans cette exposition commune intitulée «L’esthétique du corps», ce duo de femmes – Elisheva Copin et Agnès Doneau – dévoile à travers trente oeuvres, chacune, sa vision de la création artistique dans un univers très intérieur. Poétique ou puissant, intime ou collectif, mystérieux ou réfléchi… Le corps, qu’il soit féminin ou masculin, est montré sous toutes ses coutures et l’élégance de ses formes ou la force de ses contours en fait un sujet de réflexion profondéme­nt humaine et personnell­e. De ces toiles ou de ces sculptures émane comme un retour aux sources de l’humanité. Confrontat­ion ou complément­arité? C’est la question à laquelle le public pourra répondre en visitant cette exposition, tout en lumière et en contrastes, qui va illuminer la galerie du Palais de l’Europe jusqu’au 16 juin prochain. Le vernissage aura lieu ce soir à partir de 18 h, en présence des deux artistes.

Quinze ans à l’Emap

Elisheva Copin n’est pas tout à fait en terre étrangère à Menton: elle a exposé dans tous les musées de la ville, mais surtout a vu passer de nombreux Mentonnais sur les bancs de l’école municipale d’arts plastiques (Emap) de 2001 à 2016. «Ces années d’enseigneme­nt m’ont beaucoup apporté car c’est important de transmettr­e. Mais aujourd’hui, mis à part quelques séminaires, je me consacre exclusivem­ent à la création», explique l’artiste, qui sculpte le bronze et la terre principale­ment. Très inspirée par la beauté antique et ses propres racines égyptienne­s, Elisheva Copin conçoit la femme dans sa dimension universell­e. Elle expose notamment son dernier travail qu’elle a intitulé «Beautés d’ici et d’ailleurs». Au-delà de la subjectivi­té esthétique, l’artiste délivre un message de paix et de tolérance à travers son oeuvre «Les troiscoule­ursdel’humanité»quireprése­nte trois bustes déclinant les couleurs de peau, jaune, noir, rouge. Telle une femme perchée et isolée sur son oeuvre «Face cachée de la lune», Elisheva Copin contemple le monde et crée, seule, dans son univers resserré. «Ma vision de la beauté n’est plus seulement plastique, mais très intérieure. Et avec l’intérieur, on peut voyager dans le monde.»

«Un ballet intemporel»

De son côté, Agnès Doneau aborde la notion d’expression des corps à travers leur mouvement, leurs torsions, leur dos. C’est un dialogue permanent, un univers en perpétuell­e évolution. « Mon travail est toujours inspiré des oeuvres littéraire­s et cinématogr­aphiques. C’est pourquoi mes tableaux intègrent des séquences pour recréer un ensemble dynamique, une sorte de ballet intemporel retranscri­t dans le champ pictural… » Le choix du gris de payne et du blanc n’est pas un hasard, car il s’approche de l’effet radio X utilisé dans la restaurati­on de tableau. « Mon ancien travail de restauratr­ice d’oeuvre d’art continue à nourrir mes recherches actuelles», explique Agnès Doneau, qui s’attache ainsi à capter la gestuelle, mais aussi le mouvement intérieur des corps «pour se faufiler dans les interstice­s de l’âme et y traquer une douleur, une quête inquiète…» Les deux artistes, qui ne se connaissai­ent pas avant l’exposition, avouent aimer la mise en valeur de leur travail grâce à la présence rayonnante de l’autre. À découvrir dès ce soir. Savoir + Exposition jusqu’au 16 juin 2018. Galerie d’art contempora­in-Palaisdel’Europe.8,avenueBoye­r,Menton. Tél.04.92.41.76.73.Ouvertduma­rdiausamed­i,de10 h à12 hetde14hà1­8 h2€.Tarif réduit: 1€.

 ?? (Photos Jean-François Ottonello) ?? Elisheva et ses sculptures de femme (ci-dessus), Agnès Doneau et ses tableaux de corps d’hommes : une belle complément­arité dans cette exposition proposée à la galerie du Palais de l’Europe. « La face cachée de la lune » : la représenta­tion de...
(Photos Jean-François Ottonello) Elisheva et ses sculptures de femme (ci-dessus), Agnès Doneau et ses tableaux de corps d’hommes : une belle complément­arité dans cette exposition proposée à la galerie du Palais de l’Europe. « La face cachée de la lune » : la représenta­tion de...
 ??  ?? Agnès Doneau est très inspirée par le cinéma et la littératur­e. Elle rend d’ailleurs hommage à Pier Paolo Pasolini dans cette exposition.
Agnès Doneau est très inspirée par le cinéma et la littératur­e. Elle rend d’ailleurs hommage à Pier Paolo Pasolini dans cette exposition.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco