Monaco-Matin

Fusillade au lycée de Grasse : l’auteur reste en prison

La chambre de l’instructio­n a suivi les réquisitio­ns du procureur et refusé, hier, la remise en liberté de Killian, 17 ans et de son complice

- CH. P. E. G.

Killian, le lycéen de 17 ans qui avait blessé par arme à feu le proviseur et cinq élèves du lycée Alexis de Tocquevill­e, reste en prison au moins pour six mois supplément­aires. La chambre de l’instructio­n d’Aix-en-Provence a décidé hier d’infirmer la décision du juge des libertés et de la détention de Grasse. Ce magistrat avait accédé à la demande de la défense de l’adolescent et estimé qu’il pouvait être libéré sous contrôle judiciaire, à l’expiration du mandat de dépôt, prévu dimanche18 mars. Le parquet avait aussitôt fait appel. « C’est une décision à laquelle nous n’avons bien évidemment pas adhéré au regard de la gravité des faits », avait réagi le procureur de la République de Grasse, Fabienne Atzori. L’autre argument opposé est le trouble à l’ordre public que peut représente­r cette remise en liberté sachant que l’enquête menée par la juge d’instructio­n et la brigade criminelle de la police judiciaire de Nice est loin d’être terminée. Des adolescent­s, proches de Killian, et qui échangeaie­nt avec lui sur les réseaux sociaux peu avant l’attaque du lycée, étaient encore entendus ces derniers jours par les enquêteurs. Une reconstitu­tion Le jeune homme, élève de première, avait été interpellé après avoir créé une vive panique en faisant irruption armé dans le lycée Alexis-de-Tocquevill­e.

(Photo archives Patrice Lapoirie)

doit également être organisée par le juge d’instructio­n dans les mois à venir.

Un carnage évité de peu

Le jeune homme de 17 ans, élève de première, avait été interpellé après avoir créé une vive panique en faisant irruption armé dans son lycée Alexis-deTocquevi­lle, décidé à abattre des élèves qui se seraient moqués de lui. Par chance, l’adolescent s’était dans un premier temps trompé de salle de classe. Une arme s’était enrayée

et une bombe artisanale n’avait pas explosé. La présence d’esprit et le courage du proviseur, blessé d’une balle de 22 long rifle dans le bras, avaient sans doute évité un carnage. Killian est toujours mis en examen pour « tentative d’assassinat­s », « port et transport prohibé de produits ou engins explosifs », « port et transport d’armes de catégorie B » et « fabricatio­n d’engins explosifs ». Un ami de Kilian, devenu majeur, est soupçonné d’avoir apporté les armes

dans un sac à l’heure du déjeuner à Killian, venu en cours le matin. Lui aussi reste en détention. Killian avait expliqué, pendant sa garde à vue, avoir en tête une liste de huit à quatorze élèves qu’il voulait tuer pour « mettre un terme aux mauvaises relations » qu’ils entretenai­ent avec lui. Le jeune homme avait une fascinatio­n pour les armes et la violence, ainsi que pour la tuerie de Columbine, tuerie avec treize victimes dans un lycée américain en 1999. Le tribunal correction­nel de Nice devait rendre sa décision hier, soit près d’un mois après l’audience du 19 avril au cours de laquelle avait comparu un conducteur de tramway niçois. Le traminot avait été renvoyé pour homicide involontai­re à la suite du décès, en 2015, d’un passager de la rame qu’il pilotait lors d’un freinage d’urgence.

Une mois de plus

Lors des débats, les parties avaient estimé que dans cette affaire la responsabi­lité du constructe­ur Alstom et de la régie exploitant­e pouvait être également envisagée. L’équipement­ier n’aurait pas respecté certaines normes relatives au système de freinage de ses rames. Même le parquet avait requis un renvoi vers l’enquête. Après s’être accordée près d’un mois de réflexion, la présidente Anne Vincent a annoncé qu’elle prorogeait ce délai et remettait donc à plus tard sa décision. Me Alinot, avocate du syndicat CGT, espère que «du coup ce dossier sera particuliè­rement bien étudié et que cela présage peut-être de la mise (Photo Frantz Bouton) en cause des véritables responsabl­es que sont, pour elle, le constructe­ur et l’autorité organisatr­ice. Ne renvoyer que le conducteur était la solution de facilité», martèle Me Alinot.

Fixé le  avril

L’avocat de la famille de la victime, Me Yannick Le Maux, rappelle toutefois que cette recherche d’autres responsabi­lités éventuelle­s «est une demande qu’il avait luimême formulée, dès 2016, alors que l’affaire était encore entre les mains du parquet. Et aujourd’hui l’épilogue de ce dossier est une nouvelle fois renvoyé. Le moins que l’on puisse dire, insiste-til, c’est que la justice aura pris le temps de la réflexion dans cette affaire...» Il va en effet falloir un mois de plus pour connaître la position de la justice dans cette affaire. Une nouvelle date de délibéré a été fixée au 12 avril prochain. En attendant les rames de tram dont le système de freinage est pointé du doigt depuis des mois continuent de rouler à Nice comme dans 21 autres villes françaises.

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Le système de freinage du tram de Nice est au coeur du procès.

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