Facebook ne peut pas censurer « L’Origine du monde »
Frédérick Durand-Baïssas, enseignant, est en guerre avec Facebook après la censure du célèbre tableau de Gustave Courbet L’Origine du Monde (1888), représentation d’un sexe féminin qu’il avait publiée sur son compte en 2011. Le géant d’Internet avait décidé sans préavis de supprimer le compte. Une censure intolérable selon l’enseignant, qui a confié ses intérêts à l’avocat grassois Me Marion Cottineau-Jousse. Le tribunal de grande instance de Paris a rendu sa décision hier.
Faute reconnue
« La faute de Facebook est reconnue mais le tribunal n’a pas estimé que mon client avait subi de préjudice. Il n’y a donc pas de dommages-intérêts », regrette Me Cottineau-Jousse qui a décidé d’interjeter appel. Les magistrats de la chambre civile ont néanmoins estimé que le réseau social américain n’aurait jamais dû bloquer la publication d’un de ses utilisateurs. «La clause dans le contrat, qui permet de supprimer un compte sans préavis ni justification, est abusive selon les juges », souligne l’avocat.
Pudibonderie de Facebook
L’enseignant, du fait de cette brutale déconnexion, avait perdu des photos personnelles et des écrits. D’où une demande de dédommagement. « Il n’avait pas eu le temps de le sauvegarder puisqu’il n’a reçu aucun avertissement », note Me Cottineau-Jousse qui pointe du doigt la pudibonderie de Facebook. Facebook affirme, pour sa part, ne pas avoir de problème avec la nudité. L’avocat grassois en doute : « Une Vénus paléolithique, sculpture primitive du musée archéologique viennois a subi le même sort que le tableau de Courbet», rappelle Me Marion Cottineau-Jousse.