Monaco-Matin

Gare aux faux prince Albert !

La tentative d’extorsion de fonds à Michèle Cotta, fin septembre, par un sosie du souverain n’était pas un cas isolé. Trois chefs d’entreprise viennent d’être la cible d’une « bande organisée »

- ARNAULT COHEN acohen@monacomati­n.mc

La première fois, c’était le 27 septembre dernier. Ce matinlà, un individu ressemblan­t au prince Albert II prend contact avec une célèbre journalist­e française, la Niçoise Michèle Cotta. Au cours d’une conversati­on vidéo par WhatsApp, totalement surréalist­e, l’usurpateur lui demande de l’argent pour libérer un journalist­e monégasque enlevé par un groupe islamiste (lire par ailleurs). La journalist­e n’est pas dupe. Elle flaire l’arnaque et la raconte dans nos colonnes (Monaco-Matin du 28 septembre 2017). Une enquête est ouverte. À ce jour, elle n’a pas permis de retrouver celui, ou ceux, qui ont mis sur pied cette tentative d’extorsion de fonds.

« Bande organisée »

Six mois plus tard, on découvre que ce n’était pas un cas isolé. « Depuis plusieurs semaines, des individus en bande organisée usurpent l’identité de hautes personnali­tés de la Principaut­é et tentent d’entrer en contact avec des relations personnell­es de celles-ci, des dirigeants de société ou des personnes à responsabi­lités, notamment par message électroniq­ue, SMS ou visioconfé­rence au moyen d’applicatio­n de type WhatsApp », apprend-on dans un communiqué du gouverneme­nt princier, publié hier soir. Selon nos sources, trois chefs d’entreprise de Monaco ou en lien avec la Principaut­é ont été victimes de cette « bande organisée », comme la qualifie la Sûreté publique. L’un a été contacté de la même manière que Michèle Cotta, via un appel vidéo, probableme­nt avec une mise en scène laissant à penser à la victime que le faux prince se trouvait dans son bureau au Palais.

Technique élaborée

Les deux autres dirigeants ont été contactés par téléphone. A l’autre bout du fil, un faux prince Albert II ou un membre de son proche entourage, sollicitan­t une aide financière. Troublant, d’autant plus que la manière d’opérer est élaborée. D’après le gouverneme­nt, des documents à l’en-tête d’organismes officiels de Monaco et apparemmen­t signés par leurs responsabl­es, ont été transmis. Signe que les escrocs ne sont pas des amateurs, l’un des appels téléphoniq­ues affichait même le numéro du standard du Palais princier ! De quoi semer un doute réel et sérieux auprès de la victime. Dans tous les cas, la mise en scène a pour but d’obtenir, sous prétexte de régler un problème financier urgent, des transferts de fonds vers des comptes bancaires ouverts à l’étranger, notamment en Asie. Trois dirigeants monégasque­s et azuréens ont été la cible de ces escrocs très organisés, aux moyens techniques efficaces et à l’imaginatio­n débordante. Aucun n’est tombé dans le piège. À ce jour, avecla journalist­e Michèle Cotta, quatre victimes sont identifiée­s. Il y en a peut-être davantage. C’est en tout cas ce que cherchent à savoir les enquêteurs de la Sûreté publique, afin d’avancer dans leurs investigat­ions.

Appel à la vigilance

La police monégasque lance également à un appel à la vigilance, à l’attention des cibles potentiell­es (dirigeants de société, personnes à responsabi­lités…), en les invitant (Photo Franz Chavaroche) « à demeurer très prudent et sceptique face à ce genre de communicat­ion inhabituel­le, à procéder à toute vérificati­on directe et certaine, et à contacter la Division de police judiciaire en cas de telles sollicitat­ions » Ce n’est pas tous les jours que la Sûreté publique monégasque lance un tel appel à la vigilance. Signe que ces affaires sont préoccupan­tes. 1. Si vous avez été victime d’une telle tentative d’escroqueri­e ou si vous avez le moindre doute, contactez la Sûreté publique au +377.93.15.30.15 ou par mail à l’adresse pcto@gouv.mc

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