« On prend aujourd’hui conscience de la beauté et de la qualité de ces constructions modernes »
Philippe Bélaval, président du Centre des monuments nationaux depuis 2012
Pourquoi cette convention ? Le Conservatoire du littoral n’a pas statutairement vocation à organiser un parcours de visite sur le site. Ils avaient trouvé un prestataire, l’association Cap Moderne, mais des craintes demeuraient sur sa viabilité. Ils se sont donc tournés vers le CMN. J’étais déjà informé des difficultés. On s’est lancés dans une discussion pour que l’avenir du site soit assuré.
Quelles sont ses particularités ? La localisation est absolument exceptionnelle, même si cela implique des contraintes d’accès. Il y a, par ailleurs, une vraie concentration, entre les trois bâtiments de Le Corbusier et la villa Eileen Gray. Le site possède une dimension mémorielle, autour de la figure de Le Corbusier. Il faut être reconnaissant à la famille Rebutato qui a permis de laisser une trace de sa vie ici. On a l’impression qu’il va revenir dans un instant. Le public y est sensible : il entre dans l’intimité d’une personne publique. Il peut découvrir les lieux où l’artiste a vécu, créé, pensé.
Vous assoyez ainsi votre présence locale… On renforce en effet notre position sur le plan régional. Rien que dans le département des Alpes-Maritimes, le CMN est en charge du trophée d’Auguste à La Turbie, du monastère de Saorge et de la villa Kerylos. Cela dit, nous ne sommes pas dans une logique de quadrillage du territoire mais de création d’une synergie. La villa Kerylos, construite au début du XXe siècle est dans une même proximité d’esprit. Et notre établissement est déjà en charge de plusieurs grandes maisons d’architecture moderne. La villa Savoye à Poissy, ou encore la villa Cavrois. C’est d’ailleurs la visite de celle-ci qui a inspiré le président de Cap Moderne, Michael Lickierman, quand il s’est tourné vers nous. Nous constituons ainsi une sorte de collection de villas modernes – qui attirent de plus en plus le public. Il y a un effet de décalage, on prend aujourd’hui conscience de la beauté et de la qualité de ces constructions.
Dont la restauration est ardue… Elle soulève un grand nombre de questions d’experts – comme souvent avec l’art contemporain. Les techniques utilisées sont fragiles, les matériaux ne sont pas aussi durables que de la pierre de taille. Il y a un sujet de discussion récurrent autour de Le Corbusier : celui des couleurs. Et la fondation Le Corbusier est titulaire d’un droit moral.
Quid de la cogestion ? L’association avait un programme de travaux en cours, c’est logique qu’elle les continue. Nous, nous allons prendre en charge la gestion quotidienne. Et progressivement l’association va se retirer. Au printemps nous aurons ainsi pleine compétence. La DRH est venue sur site pour rencontrer les agents. On veut que le changement se fasse dans la stabilité. On instaurera la gratuité pour les moins de ans, une préoccupation du ministère de la C ulture que l’association ne pratiquait pas. On va aussi revoir l’offre de la boutique, en y ajoutant nos propres publications. L’un des grands avantages, c’est que le site rejoint un réseau. Il bénéficiera ainsi d’une meilleure visibilité.