L’intelligence artificielle s’inspire de l’humain... et vice versa
La semaine du cerveau s’achève ce lundi. Parmi les nombreux événements, nous nous sommes penchés sur la manière dont on parvient à distinguer la rose du jasmin
Je vous montre un fruit, vous êtes capable de me dire s’il s’agit d’une banane ou d’une pomme. Et si je le montre à un ordinateur, il est possible qu’il sache aussi faire la différence. Comment est-ce possible ? Parce que le second a été conçu par des hommes qui se sont inspirés du fonctionnement du cerveau humain pour apprendre à une machine à réaliser des choses telles que de différencier une banane d’une pomme. Lyès Khacef, doctorant au Laboratoire d’Electronique, Antennes et Télécommunications (LEAT) de Nice et président de l’Association des Doctorants en STIC de NiceSophia Antipolis, a animé une conférence aux côtés de biologistes dans le cadre de la Semaine du cerveau pour justement expliquer les liens entre apprentissage chez l’humain et chez la machine. « L’objectif était de présenter comment on s’inspire du fonctionnement du cerveau pour développer des algorithmes capables de faire fonctionner des machines selon des tâches données.» C’est-à-dire comment les spécialistes de l’électronique conçoivent des architectures neuromorphiques en imitant notre cerveau. «Nous nous inspirons de la biologie. Le cerveau est capable de fonctionner avec des milliards de neurones… en consommant très peu d’énergie, alors qu’une machine va en avoir besoin d’énormément. Il nous faut donc trouver une architecture neuronale artificielle qui consomme (Photo DR/CNRS Viktor Rivera) le moins possible. Dans le même ordre d’idée, chez l’homme, lorsqu’il y a une lésion cérébrale, des réseaux de neurones adjacents vont venir compenser. Dans un robot, s’il y a une défaillance à un endroit, rien ne viendra spontanément compenser. L’objectif n’est donc pas d’apprendre au robot à faire quelque chose, mais de lui apprendre à apprendre pour qu’il soit capable de s’adapter. » Comme s’il se réparait seul à la manière dont l’homme s’adapte en permanence. Dans le règne animal, les neurones communiquent entre eux à travers des impulsions électriques. « Si on sait qu’une banane est une banane et non une pomme, c’est parce que certaines aires cérébrales vont plutôt réagir à la banane et d’autres à la pomme, résume Lyès Khacef. Pour l’intelligence artificielle, il y a trois types d’apprentissages : supervisé (on dit à un réseau de neurone ce qu’est la banane), par renforcement (si le réseau de neurones donne la bonne réponse, il a une récompense) et non supervisé (on ne donne pas la bonne réponse et l’ordinateur apprend à classer par groupe ce qui se ressemble). » Les liens entre biologistes et informaticiens apparaissent ici évidents : ils se nourrissent chacun des découvertes de l’autre. Le fonctionnement du cerveau aide à concevoir la machine... qui aide à comprendre le cerveau, etc.