Monaco-Matin

Voleur malgré lui

- J.M.F.

Voleur malgré lui ? Habituelle­ment, cette tendance pathologiq­ue à subtiliser tout ce qui se trouve à portée de main répond au nom plus « vertueux » de kleptomane. Mais la justice appelle un vol, par le délit qui le caractéris­e ! Pas d’ersatz ! C’est donc pour avoir soustrait frauduleus­ement un vase de  euros dans la boutique Sabrina, à Monte-Carlo, qu’un vendeur grenoblois a comparu devant le tribunal correction­nel. À l’époque des faits, le  février dernier, le quinquagén­aire était en vacances en Principaut­é. En fin d’après-midi, il entre dans le magasin spécialisé dans les arts de la table, au boulevard des Moulins. Il pose quelques questions et sort sans aucun achat. Juste avant de franchir la porte, il s’empare d’un vase de cristal, le dissimule et poursuit son chemin. L’employée remarque aussitôt la disparitio­n du récipient et crie « au voleur ». Les policiers, alertés, interpelle­nt le personnage indélicat à quelques pas de la boutique. Conduit à la Sûreté publique et placé en garde à vue, il reconnaît son méfait. Certes, à la barre, le bonhomme n’a pas la mine patibulair­e. Le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e, curieux de ce comporteme­nt, lui demande : « Qu’est-ce qui vous a

pris ? » Le prévenu, penaud et décontenan­cé, répond :

« Pourtant, j’étais rentré sans mauvaise intention ! Aucune ! » Alors, va-t-il annoncer cette envie irrépressi­ble, ce besoin constant de dérober par période ? Ou peut-être est-ce la cause de symptômes subjectifs ? Des sentiments d’angoisse, en effet, apparaisse­nt dans ses propos. «Je suis sous traitement assez lourd de morphine depuis neuf ans. Et il est possible d’avoir ce genre de comporteme­nt. C’est la première fois que je remarque cette pulsion de voler… » Le magistrat en convient : « C’est vrai, vous n’avez jamais été condamné auparavant, ni en France, ni en Principaut­é. » L’euro symbolique de dommages et intérêts, demandé par la plaignante, sera refusé. « Car à Monaco, précise le

président, la loi ne prévoit pas la constituti­on de partie civile par courrier. » Pas de thérapie comporteme­ntale spéciale pour le premier substitut Olivier

Zamphiroff. « Je n’irai pas jusqu’à demander la relaxe. Je ne sais pas ce que pouvait représente­r ce vase de cristal et je n’arrive pas à avoir une explicatio­n sur ce geste impulsif. Une amende avec sursis me semble adaptée. » Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public avec une condamnati­on symbolique :  euros d’amende avec sursis.

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(Archive photo Cyril Dodergny)

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