La hausse du budget des Armées devant les députés
L’Assemblée nationale examine à partir de demain le projet de loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, qui prévoit un effort budgétaire d’ampleur largement salué après des années de restriction. Pendant trois jours, la ministre des Armées Florence Parly défendra dans l’hémicycle « un effort de la Nation pour les armées» et une loi «à hauteur d’homme » axée sur l’amélioration du « quotidien du soldat » et la modernisation d’équipements à bout de souffle. Des progrès annoncés d’autant plus cruciaux que l’armée reste engagée sur de nombreux fronts au Sahel (opération Barkhane), au Levant (Chammal), au Liban (Finul) ou sur le territoire national (Sentinelle).
Objectif : % du PIB
Le budget de la Défense, de 34,2 milliards d’euros en 2018, va bénéficier d’une hausse de 1,7 milliard d’euros par an jusqu’en 2022, puis de 3 milliards d’euros par an pour atteindre en 2025 l’objectif de 2 % du PIB que se sont fixé les pays membres de l’Otan. Cette trajectoire, qui sera revue en 2021, contraste avec les réductions d’effectifs et les tensions financières endurées pendant plus d’une décennie par l’institution militaire, avant un redressement amorcé dans la foulée des attentats de 2015. Après 60000 suppressions d’effectifs entre 2005 et 2015, le ministère ambitionne en effet de créer quelque 6 000 postes civils et militaires d’ici à 2025, dont 3 000 d’ici à cinq ans. En particulier La ministre des Armées, Florence Parly, va défendre à partir de demain à l’Assemblée la loi de programmation militaire -.
(Photo d’archives AFP)
pour renforcer la cyberdéfense et le renseignement. En même temps, pour améliorer la condition des quelque 200000 militaires français, la LPM augmente nettement les crédits des petits équipements, d’entretien du matériel et d’infrastructures. Deuxième grand axe : le renouvellement accéléré des matériels (blindés, patrouilleurs, avions ravitailleurs…), nombreux à aligner plusieurs décennies de service, et l’accent mis sur les capacités de renseignement (avions, drones, satellites…) pour accroître l’autonomie stratégique de la France. Le gouvernement va également lancer des études sur le remplacement de l’unique porte-avions, le Charles-deGaulle, à l’horizon 2040, le développement du prochain standard de l’avion de combat Rafale ou encore le char de combat du futur. Les travaux de renouvellement des deux composantes (navale et aérienne) de la dissuasion nucléaire seront engagés, avec un budget estimé à 37 milliards d’euros entre 2019 et 2025.
Renforcement du contrôle parlementaire
Le projet de loi devrait rencontrer un accueil plutôt favorables, même si Les Républicains et La France insoumise estiment que cette augmentation du budget est « survendue » car la hausse la plus forte aura lieu entre 2023 et 2025, lors du prochain quinquennat. Ils critiquent également le fait que le surcoût du financement des opérations extérieures sera à l’avenir porté par les armées, et non plus réparti entre les ministères. Mais de nombreux députés, sur tous les bancs, entendent cependant être «vigilants » sur la bonne exécution de la LPM. Ils veulent ainsi un renforcement du contrôle parlementaire, et s’assurer qu’elle ne financera pas le rétablissement d’un service national universel. Contre l’avis du gouvernement, ils ont adopté en commission un amendement pour exempter le ministère de la Défense du plafonnement des « restes à payer » (la différence entre autorisations d’engagement et crédits de paiement) qui pourrait limiter la mise en oeuvre de grands projets sur plusieurs décennies.