Le système français, boîte à fusibles
Et que ça saute ! Politique, affaires, sport, justice : à chaque fois que ça tangue, il faut trouver un coupable et éviter que des personnalités plus haut placées ne payent les pots cassés. Deux journalistes, François Vignolle et Cyril Touaux, sont partis à la rencontre de ces « grands brûlés » qui ont servi de fusibles. Marqués à vie par cette épreuve, ils ont perdu leur job, leur réputation, leurs amis… D’autres, à l’image du juge Jean-Michel Lambert, y ont laissé la vie. Trente-trois ans après l’affaire Grégory, le « petit juge » n’a pas supporté un énième rebondissement. Comme le personnage de son dernier roman, il s’est suicidé chez lui le 11 juillet dernier, «pour sauver son honneur». Parmi les fusibles dont François Vignolle et Cyril Touaux retracent le parcours, on trouve les protagonistes de l’affaire Bygmalion, des préfets, un ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie, un conseiller de François Hollande ou Florian Philippot, responsable désigné de la défaite de Marine Le Pen et du débat désastreux de l’entre-deux-tours. On croise aussi au fil des pages des Premiers ministres, fusibles en chef du système politique français, à l’image de Jean-Marc Ayrault que François Hollande n’a pas su ou voulu protéger. Ainsi que le soulignent les auteurs, tous ces fusibles ont un point commun : ils n’ont rien oublié. Certains ont disparu, d’autres ont rebondi ou opté pour des voies radicalement différentes qui les mettent à l’abri des variations de tension. C’est par exemple le cas du supérieur hiérarchique de Jérôme Kerviel à la Société générale. Ce bon soldat qui a payé pour les autres distille aujourd’hui du whisky dans le Vercors. Un fusible sauvé par l’alcool.