Monaco-Matin

Mathieu Madénian «no limit» aux Sérénissim­es de l’humour à Monaco

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC

Comment s’articule ce spectacle? Quelle ligne? Quel esprit? Oh là là, tu parles comme un mec de la Nasa! Honnêtemen­t, je n’en sais strictemen­t rien. Ce spectacle change souvent, je le modifie sans arrêt. Si j’arrivais à te le résumer en une minute, je ne vois pas pourquoi je monterais sur scène pour le jouer en une heure et demie! Je peux juste te dire que c’est un spectacle marrant, avec du fond, et que je suis très fier de le défendre depuis trois ans. Je parle des procès que l’on m’a faits, de ma collaborat­ion avec Charlie, de mes  ans et de mon obligation de subir une visite médicale avant d’emprunter à la banque, des gamins qui font du vélo avec un casque mais qui peuvent voir du porno en deux secondes. Voilà, c’est un mec qui se trouve coincé entre deux génération­s et qui essaie de comprendre les règles du jeu.

On se souvient du procès perdu contre le FN. Il y en a eu d’autres? J’ai eu des problèmes juridiques avec mon village natal après une blague chez Michel Drucker sur les policiers municipaux de Saleilles, qui l’ont très mal pris. C’est toujours un peu chaud mais bon, quand une vanne me vient je suis obligé de la faire, c’est plus fort que moi.

Et pourtant, la police ça vous connaît… Oui, j’ai fait un Bac + en criminolog­ie pour être «profiler», comme on dit. C’est génial, ça continue de m’intéresser et j’ai des potes qui sont avocats, juges, criminolog­ues. Mais il se trouve que j’ai pris une année sabbatique et qu’elle dure depuis maintenant seize ans.

En réalité, vous êtes un gros bosseur? Bien sûr. Humoriste, c’est  % de talent,  % de boulot et  % de bonnes rencontres.

Quelles sont vos limitesdan­s l’humour? Si je fais ce métier, c’est pour être libre. Analyser l’humour, c’est comme disséquer une grenouille pour savoir comment elle vit. À la fin, elle est morte. Eh bien, c’est pareil: à force d’emm… l’humour il n’y en aura plus. Même Gad Elmaleh qui est le mec le moins subversif, quand il fait des blagues sur les blonds, il se moque. Moi, une blague sur le génocide arménien peut me faire marrer. C’est un travail de funambule: il faut juste laisser un peu de temps s’écouler entre l’actualité et la plaisanter­ie. Exemple: l’affaire Grégory, on peut rire. La petite Maëlys, bien sûr que non. C’est le même drame, mais dans le premier cas le public a digéré. C’est tout le problème de Charlie Hebdo qui tape sur l’actu. Automatiqu­ement, les gens sont choqués.

Vous avez parfois des retours directs. Dont celui du président Macron? On s’est rencontrés deux ou trois fois. Comme il est malin, il m’a eu à l’affect. Mais j’ai du mal à avoir une position tranchée. Il a tellement fait un truc incroyable que pour le moment, il est seul au monde. Mais bon, je ne suis pas dans ces milieux-là. Je suis un mec normal, en fait. C’est quoi, la normalité de Madenian? Beaucoup de taf, un peu de tennis et de foot, Netflix, des coups avec les potes…

Et Thomas VDB dans tout ça? Avec lui, c’est un sport d’équipe. Je sais qu’il est beaucoup plus marrant que moi, mais seul le résultat compte. En gros, c’est comme au basket: je lui fais des passes décisives et lui marque le panier. On forme vraiment un duo, c’est une récréation à deux, on met nos egos de côté. Son personnage, je peux lui faire dire ce que je veux. Alors que le mien, de personnage, c’est toi qui le regardes. Deux abrutis ça ne marcherait pas, deux mecs normaux ce serait ennuyeux. Mais un mec normal et un taré, c’est le regard que toi, tu as sur le taré qui légitime tout ce que l’on dit.

Les Bracelets rouges: bientôt la saison  sur TF? Je suis dedans et les scénariste­s vont développer un peu mon personnage, je suis super-content. Je sais que ça a bien marché, mais même si ça avait été un flop, j’aurais été fier de participer à cette aventure.

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Samedi  mars, à  heures au Grimaldi Forum.

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