La vraie vie des cheminots azuréens
Le projet du gouvernement inquiète les salariés de la première entreprise de France. Ils appellent à manifester demain, à Paris, « pour défendre le ferroviaire » et annoncent une grève d’un genre nouveau à partir du 3 avril
Le projet de loi, présenté mercredi dernier au conseil des ministres, permettra au gouvernement de recourir aux ordonnances pour accélérer la réforme de la SNCF. Selon la ministre des Transports, Élisabeth Borne, l’objectif est d’« améliorer le fonctionnement du groupe public ferroviaire». Plusieurs modifications sont envisagées : regroupement des diverses entités composant le groupe SNCF en société nationale à capitaux publics, ouverture à la concurrence et fin du statut de cheminot pour les futurs embauchés.
Haro sur le contenu et la méthode
Le gouvernement entend, en effet, «modifier le cadre de la négociation sociale d’entreprise, ainsi que les conditions de recrutement et de gestion des emplois des salariés du groupe public ferroviaire» . Même si les contrats de travail actuels se poursuivront en cas de transformation juridique de l’entreprise. Les syndicats et salariés de la première entreprise de France sont vent debout contre le contenu de la réforme et la méthode, à savoir les ordonnances. Ils appellent à manifester demain, à Paris, « pas par corporatisme, mais pour défendre le fer roviaire », souligne un représentant du personnel. Et ensuite à une grève perlée après Pâques (1). Leur objectif est de peser sur les débats, prévus en avril à l’Assemblée nationale et en mai au Sénat. Les cheminots sont chauffés à blanc par ceux – et ils sont nombreux – qui critiquent le rail et ses salariés, dont le statut en ferait des privilégiés. Certains en effet n’hésitent pas à inventer des avantages inexistants pour les discréditer. Les agents d’exécution, de maîtrise et les cadres sont excédés par ce « SNCF bashing » ou « cheminot bashing ». Car derrière le statut, il y a des hommes et des femmes aimant leurs métiers, dont ils acceptent les multiples contraintes et qui défendent leurs savoir-faire, leur sens des responsabilités. Ils sont 750 de la Région déjà inscrits pour manifester demain à Paris.
1. Jeudi 15 mars, la réunion interfédérale des quatre syndicats représentatifs de la SNCF – CGT, UNSA, SUD-Rail, CFDT – a, par la voix du secrétaire général de la CGT-Cheminots, Laurent Brun, « déterminé un calendrier de grève reconductible de deux jours sur cinq à compter des 3 et 4 avril ». Sont ainsi programmés trente-six jours de grève, deux par deux, séparés par trois jours de nongrève, et ce jusqu’au 28 juin.