Quatorze ans de réclusion criminelle pour Marc Mandel
Peine alourdie de deux ans en appel pour l’expert automobile monégasque. La justice ne le considère pourtant plus comme un meurtrier, mais estime qu’il a donné la mort par accident
Je préfère prendre quatorze ans et ne pas être considéré comme un meurtrier plutôt que douze ans avec cette qualification. » C’est ce qu’a confié Marc Mandel, en larmes mais « soulagé », vendredi dernier, à ses avocats niçois. Cet expert automobile monégasque de 46 ans venait d’être rejugé à Aix en appel. Il a donc écopé de quatorze ans de réclusion criminelle contre douze ans en première instance devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Un quantum alourdi, mais avec un changement de taille : les faits ont été requalifiés en coups mortels. La cour d’appel a donc abandonné la qualification de meurtre. Le 7 octobre 2011, Marc Mandel avait tué Pierre Torregrossa, 39 ans, à Roquebrune-Cap-Martin, d’un tir de chevrotine. La victime venait chercher son fils de 7 ans dans le cadre d’une séparation conflictuelle. Sophie, la mère de l’enfant, avait refait sa vie avec Marc Mandel. Le couple empêchait le père naturel d’exercer son droit de visite.
« Les principes ont triomphé »
Me Philippe Soussi, Me Mathurin Lauze et Me Christian Scolari, avocats de Marc Mandel, disent avoir vu un homme soulagé. «Il n’y a ni gagnant ni perdant, ce sont les principes qui ont triomphé après sept ans de combat », souligne Me Soussi. «C’est une réhabilitation judiciaire par la qualification. Marc Mandel n’est plus un meurtrier mais responsable d’une mort par accident. C’est une différence fondamentale. » Me Lauze abonde : « Je suis extrêmement satisfait que la cour d’assises d’appel ait validé le fait qu’il n’était pas un meurtrier ». Le procès en appel a duré du 8 au 16 mars. À l’entame de cette ultime séquence judiciaire – aucune partie ne se pourvoit en cassation –, l’accusé a déclaré : « J’aurais préféré donner ma vie plutôt que d’être ici ». (Photos Nice-Matin et DR)
Côté partie civile, ce verdict laisse un goût mitigé. « Notre conviction est qu’il a volontairement donné la mort. La cour ne nous a pas suivis. Ils ont requalifié mais ont augmenté la sanction allouée par les premiers juges », explique Me Jean-Louis Keita, avocat de la famille de Pierre Torregrossa. Me Keita retient de ces sept années de combat judiciaire un dossier « qui sort de l’ordinaire», une remise en liberté au bout de quatre mois «prématurée, mal vécue par les parties civiles ». «La famille a toujours été très solidaire. Ce sont des gens vrais, natures et dignes jusqu’au bout. Ils ont assisté, regardé, vu, entendu, ils ont souffert et essayent de tourner la page en retrouvant une partie de leur fils, frère et allié au travers du petit garçon de Pierre Torregrossa.» Incarcéré à Luynes (Bouches-du-Rhône) le temps du procès, Marc Mandel pourrait finir de purger sa peine à la maison d’arrêt de Nice.