Monaco-Matin

Le tronc de l’église Ste-Dévote pillé

Le tribunal correction­nel a envoyé en prison pour huit jours un Polonais se disant croyant, de passage en Principaut­é, qui a vidé un tronc d’église, dimanche dernier, et est reparti avec 335 euros

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Quel chrétien cupide ! Méritera-t-il de brûler dans les flammes de l’Enfer à l’heure du Jugement dernier ? Pour l’instant, le dévot polonais a comparu devant la justice des hommes pour avoir pillé des troncs de l’église Sainte-Dévote, à la Condamine. Menotté à l’audience de flagrance du tribunal correction­nel, mardi, ce quadragéna­ire, divorcé, sans profession ni domicile fixe, a été condamné à une peine d’emprisonne­ment de huit jours ferme pour le vol de quelque 335 €…

Le voleur arrêté à la gare

Ce n’est pas la vengeance divine qui a dénoncé le pillard aux policiers, dimanche dernier. Vers 13 h 30, en effet, une paroissien­ne venue solliciter quelque grâce auprès de la sainte patronne de la Principaut­é, remarque un homme en train de s’affairer auprès de l’urne destinée à recueillir les offrandes pour les âmes du Purgatoire. Dans sa quête de communicat­ion spirituell­e, entre deux Pater et trois Ave, elle pense d’abord au bedeau. Mais inquiétée par la manière pas très catholique de prélever l’argent, cette fidèle va s’apercevoir des véritables

intentions de l’individu. Quand il repart en direction de la gare, la bonne dame alerte les services de sécurité et donne un signalemen­t précis du voleur présumé. Alertés, les policiers, en patrouille dans la station ferroviair­e, l’interpelle­nt sur le quai d’embarqueme­nt à destinatio­n de Nice. Conduit

dans les locaux de la Sûreté publique, il reconnaît les faits.

« J’ai peur du diable »

Face aux juges, ce personnage assez bigot demande pardon. «Je ne connais pas les raisons de mon comporteme­nt. Je suis croyant. J’ai

peur du diable. Je suis prêt à donner tout mon argent au prêtre… » Le président Florestan Bellinzona repousse forces célestes et démoniaque­s, mais il s’autorise un petit sermon. « On a retrouvé sur vous trois morceaux de plastique, deux rouleaux d’adhésif double face et 450 dans vos poches.

Certaineme­nt pour récupérer les billets. On n’a pas pu chiffrer le préjudice. Il semble que vous n’avez jamais eu de problème auparavant avec la justice. Étiez-vous venu à Monaco pour faire spécialeme­nt les troncs d’églises ? » Le prévenu louvoie pour répondre. «Je suis venu vers midi, dimanche, par le train. Mon rêve le plus cher était de gagner au loto afin d’acheter la maison de mes rêves en Principaut­é… » Le magistrat répète la question en ajoutant : « Le curé estime qu’il récupère 800 € par semaine en moyenne dans les troncs ! » Le coupable réfute avoir pris pareille somme. « J’avais au début 788 €, dont 600 € gagnés au jeu de grattage. J’ai dépensé sur le trajet. Il me restait 450 € … » À nouveau, l’intéressé sollicite la grâce les mains jointes suivies de quelques inclinatio­ns.

« La bassesse de son comporteme­nt »

L’utilisatio­n de la dîme par des voleurs qui font référence à l’opulence monégasque pour puiser une part de richesse jusqu’au fond des troncs, est dénoncée par le premier substitut Olivier Zamphiroff. «Il peut donner la somme empruntée à l’autorité ecclésiale, cela n’enlèvera pas la bassesse de son comporteme­nt. Sans l’accabler, vous allez condamner ce personnage indélicat à un mois de prison ferme. » Plaintes et clémence sont implorées par le prévenu pour sa défense. Le tribunal en tiendra compte.

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(Archive photo Cyril Dodergny) Un Polonais a pillé l’urne dimanche dernier en début d’après-midi.

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