Monaco-Matin

Charles Leclerc : top départ à Melbourne

Juste avant de quitter Monaco en direction de Melbourne, Charles Leclerc a pris le temps d’évoquer son baptême du feu en F1, qui débute demain avec l’écurie Alfa Romeo Sauber

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

On l’avait quitté dans la peau d’un champion FIA Formule . Trois mois plus tard, on le retrouve dans celle d’un débutant. Un rookie, oui, mais pas n’importe lequel puisque Charles Leclerc s’apprête à explorer la planète F. À  ans, l’étoile montante de la galaxie rouge Ferrari a rendez-vous avec son destin de l’autre côté du globe. La nuit prochaine ( h, heure française), à Melbourne, lors du top départ des essais libres  du Grand Prix d’Australie, les regards scruteront bien sûr les prémices du nouveau combat des chefs entre Lewis Hamilton, Sebastian Vettel et les autres cadors du paddock. Mais aussi l’entrée en scène de l’Alfa Roméo Sauber C frappée du numéro . Une « autoécole » dont le prometteur ambassadeu­r de la Principaut­é de Monaco, compte faire bon usage à l’orée d’une trajectoir­e que nombre d’observateu­rs voient tendre vers le firmament...

Charles, d’abord ditesnous, y a-t-il encore une question liée à la Formule  que l’on ne vous a pas posé depuis le début de l’année ?

Franchemen­t, je ne pense pas (Rires). Avant, pendant et après les essais hivernaux de Barcelone, les interviews se sont enchaînées à vive allure. On m’a cuisiné sur une multitude de sujets. Côté F, nul doute que j’ai fait le tour de la question, comme on dit...

A contrario, quelle est celle que vous avez entendue le plus souvent ?

Dans quel état d’esprit vaisje aborder mon premier Grand Prix ? S’agira-t-il d’une émotion particuliè­re ? Bien sûr, cette échéance initiale qui se profile droit devant suscite pas mal de curiosité.

Que l’on vous parle régulièrem­ent du volant de Räikkönen chez Ferrari, peut-être libre en fin de saison, ça n’est pas un peu usant à la longue ?

Oh non, pas de souci. Ça fait partie du jeu médiatique. Les journalist­es se demandent dès maintenant qui seront les pilotes Ferrari l’an prochain. C’est normal. Je le comprends. Et je réponds toujours qu’en ce qui me concerne, seule la saison  m’intéresse. Avant de penser à après-demain, il y a du travail à accomplir et des cibles à atteindre, aujourd’hui et demain.

Comment se passe votre intégratio­n dans ce monde à part de la F ? Vous vous sentez déjà à l’aise ?

Oui, même si je ne vais véritablem­ent entrer dans le vif du sujet que maintenant. Entre une semaine de test et un week-end de course, il y a quelques différence­s, vous savez. À Melbourne, les temps forts vont se succéder presque sans relâche durant quatre jours. Il faudra donc assimiler les paramètres divers et variés inhérents aux Grands Prix. S’adapter, quoi ! Quand on est débutant, il y a un processus à suivre. Pour moi, à vrai dire, c’est une semaine placée sous le signe de la découverte. Plus le moment approche, plus j’ai hâte de démarrer !

On vous savait impatient. Mais là, est-ce que vous vous estimez prêt ?

Oui. Il y a toujours des choses à améliorer, des détails à peaufiner. Mais globalemen­t, les essais en Espagne se sont révélés positifs, toutes proportion­s gardées. Surtout la seconde semaine durant laquelle nous sommes toujours allés dans le bon sens. Au début, je ne vous cache pas qu’on a un peu galéré pour trouver le juste équilibre. Une « balance » affinée au fur et à mesure, jusqu’à obtenir des résultats corrects.

Vous avez vraiment pu

jauger le potentiel de l’Alfa Romeo Sauber C lors de cette répétition générale ?

Difficile de répondre. Les résultats des tests d’avantsaiso­n, mieux vaut les prendre avec des pincettes, on le sait. À Barcelone, chacun cache son jeu, c’est de bonne guerre. Alors évitons de trop comparer. La certitude, c’est que nous avons bien travaillé, comme en attestent les résultats enregistré­s par l’équipe. Nettement plus positifs qu’il y a un an à pareille époque. Mais quoi qu’il en soit, il faut continuer à bosser. Garder les pieds sur terre, toujours.

Le tracé atypique du circuit de l’Albert Park à Melbourne constituer­a-til un révélateur fiable ?

Pas sûr. Il suffit de jeter un oeil dans le rétro. Parfois, en terme de performanc­es, certains teams marchent fort en Australie et puis peinent à confirmer ensuite. Après, honnêtemen­t, je ne possède pas assez d’expérience pour émettre un avis en la matière. Mais je peux vous dire qu’on va faire le maximum dans le but de rendre ce week-end fructueux.

Quels seront les paramètres importants sur une telle piste ?

Figurez-vous que je ne l’ai parcourue qu’une fois à pied, lors de mon déplacemen­t là-bas l’an dernier. Pas de séance de simulateur spécifique récemment. La faute à un emploi du temps trop chargé. Pour moi comme pour Sergey Sirotkin, l’autre rookie, il faudra en premier lieu exploiter à fond les trois séances d’essais libres. Trouver de la vitesse et de la constance afin d’aborder les qualifs’ dans de bonnes conditions. Après, quelle que soit la place sur la grille, l’ambition reste la même : essayer de tirer la quintessen­ce de la voiture et finir le plus haut possible.

L’effet Alfa Romeo, il va commencer à se produire assez tôt dans la saison ou faudra-t-il patienter quelques mois ?

Malheureus­ement, en F, il n’y a pas de miracle. Chaque progrès réclame beaucoup de temps. Donc n’attendez pas de révolution tout de suite. Mais je le répète : nous démarrons sur une base saine, avec des données positives. Au sein de l’équipe, je sens tout le monde hyper-motivé, prêt à poursuivre les efforts, à bosser de la bonne manière. Donc on a des raisons de croire que la courbe d’Alfa Romeo Sauber sera ascendante. Et si elle monte vite, tant mieux !

Votre jeune frère Arthur nous a dit l’autre jour qu’il espérait vous voir battre votre coéquipier et réussir un coup d’éclat ou deux, ici ou là en . Partagezvo­us cette ambition ?

Lors de mes débuts en compétitio­n, comme lui maintenant, je ne pensais qu’à devancer mon coéquipier. C’était l’objectif numéro . Et ça m’a joué quelques tours... Aujourd’hui, je ne vois plus les choses ainsi. Marcus

(Ericsson) a sept ans de plus que moi. Il est assis sur un beau matelas d’expérience ( départs et  points marqués en Grand Prix). Moi, je suis concentré sur mon job. Aider l’équipe à grandir, optimiser mon pilotage, voilà ce qui prime. Même si on comparera toujours mes résultats aux siens, naturellem­ent, l’autre pilote du team n’accapare plus mon esprit. Depuis deux ans, ce n’est plus une obsession. Et on peut dire que cette nouvelle approche mentale a produit de jolis fruits en  et  (champion en GP puis en F).

Votre entrée dans la cour des grands après seulement quatre saisons en monoplace génère une forte attente. Vous la ressentez?

Oui, en discutant à droite à gauche, en particulie­r chez moi, à Monaco, je vois que mon arrivée en F est suivie. Aujourd’hui, on est à l’aube d’une saison spéciale, différente. Parce qu’il s’agit de la catégorie reine. Mais aussi parce que pour la première fois, je ne viserai ni la victoire ni le titre. En fait, je vais démarrer avec deux maîtres mots en tête : apprendre et prouver. A moi de montrer ce que je vaux. Que je peux gravir d’autres échelons.

Le Grand Prix de Monaco programmé dans deux mois, là, vous y pensez un peu, beaucoup ou pas du tout ?

J’ai commencé à y songer en voyant les tribunes et les autres infrastruc­tures pousser. De quoi réaliser que ce rendez-vous va vite arriver. L’an dernier, les premiers tours de roues à domicile m’avaient déjà profondéme­nt marqué. En F, ce sera un moment encore plus fort. Un rêve de gamin qui se réalise au prix de nombreux sacrifices et de beaucoup de travail.

Pas de révolution tout de suite ” A moi de montrer ce que je vaux ”

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 ?? (Photos Georges Decoster) ?? Charles Leclerc : « On a de bonnes raisons de croire que la courbe d’Alfa Romeo Sauber sera ascendante. Et si elle monte vite, tant mieux ! »
(Photos Georges Decoster) Charles Leclerc : « On a de bonnes raisons de croire que la courbe d’Alfa Romeo Sauber sera ascendante. Et si elle monte vite, tant mieux ! »

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