Monaco-Matin

Nicolas Sarkozy mis en examen hier soir

Après une vingtaine d’heures d’audition, l’ancien Président a été mis en examen pour « corruption passive, financemen­t illégal de campagne électorale » et « recel de fonds publics libyens »

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Al’issue de deux jours de garde à vue, l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, a été mis en examen, hier soir, des chefs de « corruption passive, financemen­t illégal de campagne électorale » et « recel de fonds publics libyens ». Il a été placé sous contrôle judiciaire. L’ancien Président avait été gardé à vue mardi en début de journée et entendu dans des locaux de la police judiciaire. Sa garde à vue a été levée hier en fin de journée. Alors qu’une informatio­n judiciaire avait été ouverte en avril 2013, l’ancien Président était entendu pour la première fois dans cette enquête. L’un des juges d’instructio­n chargés du dossier, Serge Tournaire, a déjà renvoyé Nicolas Sarkozy devant le tribunal dans l’affaire Bygmalion, qui a trait à sa campagne de 2012. Le député européen Les Républicai­ns, Brice Hortefeux, ancien ministre de l’intérieur de Nicolas Sarkozy (20072012), a également été interrogé mardi toute la journée sous le statut de suspect libre.

 questions posées à Hortefeux

Son avocat Jean-Yves Dupeux a répondu, hier, aux questions de BFMTV. Selon lui, Brice Hortefeux a maintenu qu’il n’a «jamais été question d’un financemen­t libyen ». Il a également affirmé que son client avait répondu à au moins deux cents questions entre 9 h et 23 h mardi. L’affaire avait été révélée en mai 2012 par le site Mediapart, qui avait publié un document libyen faisant état d’un financemen­t par la Libye et la campagne de 2007 de l’ancien chef de l’Etat. Depuis, les investigat­ions ont considérab­lement avancé, notamment grâce à certains témoins-clés. En novembre 2016, l’intermédia­ire Ziad Takieddine avait ainsi affirmé avoir transporté 5 millions d’euros en liquide de Tripoli à Paris entre la fin de 2006 et le début de 2007 pour les remettre à Claude Guéant, puis à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Des propos qu’il a réitérés hier sur RTL, affirmant aussi que «la garde à vue de Nicolas Sarkozy [était] logique ». Les affirmatio­ns de l’homme d’affaires franco-libanais sur la remise de ces fonds venaient confirmer ceux tenus, le 20 septembre 2012, par Abdallah Senoussi, l’ancien directeur du renseignem­ent militaire du régime Kadhafi devant le procureur général du Conseil national de transition libyen.

Nouvelles preuves ?

Les carnets d’un ancien ministre du pétrole libyen mentionnai­ent également l’existence de ces versements. Ziad Takieddine a, depuis, été mis en examen pour « complicité de corruption d’agent public étranger » et pour « complicité de détourneme­nts de fonds publics en Libye ». Mais le dossier est tentaculai­re et les enquêteurs doivent remonter la piste de nombreux flux financiers impliquant plusieurs protagonis­tes. Pour l’heure, ils pensent avoir remonté une piste de l’argent libyen à travers l’intermédia­ire d’Alexandre Djouhri – alors proche de Bechir Saleh – et de Claude Guéant. Ancien secrétaire général de l’Elysée de Nicolas Sarkozy, ce dernier a été mis en examen pour « faux et usage de faux » et pour « blanchimen­t de fraude fiscale ». De nouvelles preuves ont-elles été rassemblée­s pas les enquêteurs qui permettrai­ent une mise en cause directe de Nicolas Sarkozy ? Selon les informatio­ns du Monde, plusieurs anciens dignitaire­s du régime Kadhafi auraient livré de nouveaux éléments confirmant les soupçons de financemen­t illicites.

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