Monaco-Matin

Un comte aux Sérénissim­es

Le Comte de Bouderbala a ouvert hier soir les es Sérénissim­es de l’humour. L’ancien basketteur profession­nel devenu humoriste parle ici de terrorisme, de stand-up, de basket. Et beaucoup de Monaco.

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Bonjour », lance-t-il en sortant de sa loge, avec un grand sourire et un tube de dentifrice à la main. Son polo rouge et ses dents bien blanches sonnent comme un clin d’oeil à la Principaut­é. « Je suis très heureux d’être là», confie Sami Ameziane, plus connu sous son nom de scène, le Comte de Bouderbala, dans les escalators qui nous conduisent à l’extérieur du Grimaldi Forum. Avec gourmandis­e, l’humoriste se prête aux consignes du photograph­e. Puis, deux heures avant de monter sur scène et d’ouvrir la treizième édition des Sérénissim­es de l’humour, Sami va se confier sur son spectacle, raconter comment il a vécu les attentats de Paris alors qu’il était sur scène, se répandre sur sa passion pour le basket et tenter de se tirer des questions pièges qu’on lui a réservées. Avec toujours un grand sourire aux dents bien blanches.

Heureux d’être ici ? Je suis toujours content de quitter la grisaille parisienne et de voir du pays. Je ne viens pas souvent à Monaco. La dernière fois, c’était il y a cinq ans, à ce même festival. Je suis ravi de revenir. D’autant que la salle sera plus remplie que la dernière fois. Ça monte en gamme, on dirait (sourire).

Après le carton de votre première tournée, que trouve-ton dans le Comte de Bouderbala  ? Une suite du premier spectacle. Les gens qui ont vu le premier trouveront de nouveaux sujets. Et ceux qui ne l’ont pas vu ne seront pas perdus, soyez tranquille­s. La philosophi­e de ce one-manshow ? C’est de passer une soirée sympathiqu­e entre « amis ». De parler de sujets qui me tiennent à coeur, qui peuvent être anxiogènes ou hyper légers. J’y parle de terrorisme comme d’amour, de mariage gay comme de chanson française, de sport comme de solitude. C’est très varié.

Comment peut-on faire rire en parlant de terrorisme ? C’est une question de point de vue. Le rire, c’est la survie. Et on

peut le faire si on a vécu ces moments-là. Le soir de l’attentat du Bataclan, j’étais en spectacle. J’ai appris ce qu’il se passait dix minutes avant de monter sur scène. La salle était remplie. J’ai pensé aux gens. On a une responsabi­lité dans cette situation, ce qu’on raconte a un impact.

Comment on gère ça ? Pendant le spectacle, je sentais la salle. Je voyais les gens sur leur téléphone. Je devais faire en sorte qu’ils se sentent bien. Je me sentais responsabl­e. Je ne me voyais pas faire le clown et rentrer chez moi. À la fin du spectacle, je leur ai dit qu’il y avait eu des attentats à Paris, et qu’a priori, c’était très grave. Il fallait calmer les gens pour éviter un mouvement de foule. Je suis un peu parano, tu sais, j’ai une culture de dix ans de guerre civile en Algérie, avec   morts. Je me suis demandé ce que je ferais s’il y avait un mec dans la salle

avec une ceinture. C’est schizo : on est dans la rigolade et la survie en même temps. C’était vraiment un sale moment. Vous y repensez quand vous montez sur scène ? Forcément. Mais il ne faut pas que ça devienne un traumatism­e. Faire rire les gens, c’est formidable, être sur scène, c’est puissant. Le rire, c’est la liberté ultime. Est-ce que vous allez parler de Monaco dans votre spectacle ? Oui, c’est obligé. Je ne vais pas jouer au sociologue monégasque. Je vais échanger avec les gens dans la salle, essayer de créer une connivence avec eux, voir qui j’ai

en face de moi. Le stand-up, ce n’est pas juste une personne sur scène qui fait le clown. Tout dépend du public. Chaque soirée est complèteme­nt différente.

Vous aimez quoi, à Monaco ? Monaco, c’est Monaco. On ne peut pas comparer la France et Monaco. Chaque Français aimerait être monégasque. Outre l’imposition, ce que j’aime le plus à Monaco, c’est de déconstrui­re les clichés. Monaco, ce n’est pas une parenthèse enchantée où ne vivent que des mecs blindés. De la même manière, SaintDenis, là d’où je viens, ce n’est pas que de la misère et de la violence. Notre travail d’humoriste consiste à traiter de sujets qui fédèrent au maximum. Les clichés sont nos béquilles mais il faut après les déconstrui­re pour amener le rire. C’est ça, la finalité. Monaco sera donc aussi un terrain de jeu pendant le show. Je joue encore un peu mais la compétitio­n me manque énormément. J’ai fait mon deuil. La scène m’a aidé à effacer ce blues du retraité sportif, et de retrouver des sensations assez similaires. Je retrouve sur scène une forme d’adrénaline. Le public, c’est ton adversaire et ton partenaire en même temps.

Qui sont les Roca Boys ? Les Roca Boys? (il éclate de rire). Mais c’est quoi cette question ? Ah ok, c’est les gars de Monac’. J’ai joué avec quelques mecs de cette équipe. Ali Traoré, Amara Sy. J’ai joué avec Amara en cadets de l’Europe. Il m’appelle sa kryptonite, parce qu’à chaque fois qu’il a joué contre moi, il a perdu (fou rire). Et j’ai mon petit jeune, Jordan Aboudou, qui a joué longtemps à Monaco. C’est des petits frères, tous ceux-là, des gars qui ont grandi à côté de chez moi. Le basket, c’est une petite famille. Et puis, il y a Savo Vusevic, l’ancien coach de Monaco. Il m’a fait signer mon premier contrat pro… il y a dix-huit ans !

Pas de bol, Monaco reçoit Nanterre ce soir (hier soir, N.D.L.R.) salle Gaston-Médecin, au moment où vous montez sur scène… C’est marrant ce hasard. J’ai failli signer à Nanterre quand ils sont montés en Nationale …

La Jeep Elite, ça vous parle ? T’as des drôles de questions, toi. La Jeep Elite ? Éclaire-moi… C’est le nouveau nom de la Pro A. La Jeep Élite ? Non, mais ils partent en c… Eh les gars, merde ! Ils sont forts quand même. Après les poulets Loué, les maillots du Mans… Ce sport devrait être numéro  en France. C’est familial, spectacula­ire, il y a des vraies valeurs, du suspense, de la précision, de la puissance.

Le rire, c’est la survie, la liberté ultime ”

Les Roca Boys ? Ah oui, c’est les mecs de Monac’ ”

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Entretien : Arnault COHEN acohen@monacomati­n.mc Photos : Cyril DODERGNY « Monaco, ce n’est pas une parenthèse enchantée où ne vivent que des mecs blindés. » Vous avez dû arrêter votre carrière de basketteur pour cause de blessure. Le basket vous manque ? Dans deux heures, vous ouvrez les Sérénissim­es de l’humour. Ce...

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