Monaco-Matin

Premier test social pour Macron

Réforme de la SNCF, grogne des fonctionna­ires... Une mobilisati­on sociale inédite depuis son arrivée à l’Elysée est attendue aujourd’hui. Education et transports devraient être perturbés

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Emmanuel Macron et son gouverneme­nt vont passer, aujourd’hui, leur plus gros test social, avec des manifestat­ions et grèves dans les transports qui vont éprouver leur capacité à mener à bien leurs réformes, en dépit d’une impopulari­té grandissan­te. En Conseil des ministres hier, le chef de l’Etat a demandé « de poursuivre la pédagogie » ,a rapporté le porte-parole du gouverneme­nt Benjamin Griveaux, affichant « une attitude d’écoute mais aussi une très grande déterminat­ion à poursuivre les réformes ». Un peu plus de dix mois après son élection, la journée de « manifestat­ion nationale » des cheminots marque pour le chef de l’Etat le prélude à une inédite « grève en pointillés » (deux jours sur cinq) contre la réforme ferroviair­e, annoncée entre début avril et fin juin par les syndicats de la SNCF. Ces derniers s’attendent à un cortège d’au moins 25 000 personnes aujourd’hui à Paris. Quatre ans après le dernier mouvement d’ampleur de 2014, et près d’un quart de siècle après le mouvement historique de 1995 contre les réformes Juppé, la France se prépare, entre télétravai­l, covoiturag­e et « cars Macron », à un printemps de perturbati­ons dans les trains.

SNCF : Matignon craint une forte mobilisati­on

Les premières indication­s sur la mobilisati­on à la SNCF, que Matignon attend comme « forte », ont été données par la compagnie : rouleront 40 % des TGV, 25 % des Intercités, la moitié des TER et 30 % des trains en Ile-de-France. Le cortège des cheminots vient s’ajouter à la mobilisati­on des syndicats de fonctionna­ires (hôpitaux, enseignant­s, contrôleur­s aériens...), qui défileront séparément contre la réforme de la fonction publique. Plus de 140 manifestat­ions de fonctionna­ires sont annoncées en France. Après la fronde des gardiens de prison en janvier, au sommet de l’Etat, on oscille entre sérénité et un certain fatalisme. Déterminé à « tenir » face aux grèves, selon la formule employée par le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. L’Elysée affiche « sérénité et confiance », selon le porte-parole Bruno Roger-Petit, « parce que la politique de transforma­tion du pays menée dans tous les secteurs correspond au voeu profond des Français. Et qu’ils ont confié ce mandat à Emmanuel Macron ». « Nous sommes dans une configurat­ion qui ressemble à celle de la rentrée 2017 », lorsque la mobilisati­on contre la réforme du droit du travail s’était essoufflée au bout de quelques semaines, juge-t-on encore au palais présidenti­el L’essentiel pour l’exécutif est que la « concertati­on » avec les syndicats, menée par la ministre des Transports Elisabeth Borne avec l’appui du Premier ministre Edouard Philippe, reste sur de bons rails. Si les syndicats quittaient la table des négociatio­ns, «ça veut dire que leur voix ne portera pas dans l’établissem­ent du projet de loi. C’est tout le paradoxe de leur situation: la concertati­on doit se poursuivre », observe-t-on à Matignon.

Bataille politique en vue

Au front social va venir s’ajouter la bataille politique, même si l’exécutif peut compter sur sa nette majorité En Marche à l’Assemblée. Le coup d’envoi du projet de loi « pour un nouveau pacte ferroviair­e », que l’exécutif entend mener tambour battant par ordonnance­s, sera donné à l’Assemblée nationale le 9 avril. La gauche, souvent divisée, a retrouvé un semblant d’unité avec un appel commun à manifester d’une douzaine de partis, d’EELV au NPA en passant par le PCF, Generation.s ou la France insoumise, dont le dirigeant Jean-Luc Mélenchon participer­a au cortège, selon son entourage. Le PS, tenu à l’écart de cette initiative, sera également mobilisé : son nouveau premier secrétaire Olivier Faure, présent, a appelé les socialiste­s à la manifestat­ion. Le Front national de Marine Le Pen « combattra » la réforme de la SNCF mais sans manifester. LR « attend de voir » ce que le gouverneme­nt « propose concrèteme­nt » pour répondre « point par point » avec « des propositio­ns ».

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