Voyage stupéfiant à Monaco
Quand il se présente à la barre, ce ressortissant italien paraît presque détendu. Il sourit même. Pourtant, il risque gros pour avoir transporté un cocktail de stupéfiants depuis l’Espagne avec son ami argentin, absent à l’audience pour des raisons de santé. Lorsque les policiers arrêtent ce directeur commercial de ans, le er mars , au volant d’une Rolls-Royce, sur le quai Antoine-Ier, pour conduite hasardeuse, en compagnie de son passager technico-électricien, ils remarquent des traces de poudre blanche sur son pantalon et à l’arrière de la somptueuse limousine. Le conducteur remet aux agents un petit sachet et reconnaît avoir consommé des stupéfiants. Une perquisition suit dans la chambre réservée à l’hôtel Fairmont pour leur séjour. Les inspecteurs font une sacrée découverte : cocaïne, testostérone, pipe à crack, kétamine, crystal. D’emblée, l’Italien avoue l’acquisition de l’ensemble pour la somme de € à Madrid. Il en reste une infime quantité, car les deux drogués ont déjà sniffé et fumé depuis leur arrivée, le dimanche février, en Principauté. En réponse aux interrogations du président Jérôme Fougeras-Lavergnolle, le prévenu ne cache pas ses véritables intentions : « On était venu spécialement à Monaco pour consommer.» Le magistrat est également étonné du risque pris par les deux hommes, « de traverser toute la France, depuis la péninsule ibérique, jusqu’à Monte-Carlo avec les stupéfiants. Vos casiers français, monégasque et italien sont vierges. Votre addiction dure depuis combien de temps ? » Réponse évasive: « Nous sommes des consommateurs occasionnels. On voulait juste faire la fête. Mais aujourd’hui, la vie m’a donné un signal. Je vais tout arrêter car je suis chrétien… » À son tour, le procureur Alexia Brianti énumérera « les pochons dissimulés dans le véhicule et les bonbonnes trouvées dans la chambre. Ces messieurs sont des consommateurs de drogues dures. D’autre part, ils se sont mis en totale illégalité dans les pays traversés pour venir s’intoxiquer à Monaco. On peut faire la fête sans prendre des stupéfiants. La réponse proportionnée doit sanctionner le trouble apporté : € d’amende pour le prévenu présent ; € pour son ami. » Fait rarissime : la défense saluera la grande objectivité du ministère public. « On aurait pu tomber dans la caricature, poursuit Me Hervé Campana. Oui, mes clients ont fait des choses graves. Mais le parquet a su mettre en exergue les petites quantités et tenir compte de l’attitude des prévenus. Ils respectent les juridictions et assument leurs infractions ! Comme ils ont pris conscience de leurs erreurs, faites preuve de la plus grande clémence. » Le tribunal prononcera des peines d’amende de € (pour l’Italien) et € (pour l’Argentin).