Où vont tomber les débris de la sonde chinoise ?
L’engin, de plus de 8 tonnes, qui devrait presque entièrement se désintégrer en rentrant dans l’atmosphère, pourrait « toucher » la terre dans le sud de la France... Entre le 30 mars et le 2 avril
Amis terriens, pas de panique. Enfin, a priori. La sonde spatiale chinoise Tiangong 1, ou Palais céleste-1, est bien en train de «tomber» vers la Terre. Pour autant, ce cylindre de plus de 8 tonnes, lancé dans l’espace en 2011, devrait se désintégrer en pénétrant dans l’atmosphère terrestre. Patrick Michel est astrophysicien, directeur de recherches au CNRS à l’observatoire de la Côte d’Azur, à Nice.
Sait-on quand la sonde entrera dans l’atmosphère terrestre? Pas avec exactitude. Entre le mars et le avril, mais la datenominaleestleer avril, ou le mars.
Pourquoi ne peut-on pas dater avec précision? La sonde va être freinée par l’atmosphère et le vent solaire contribue à sa trajectoire et, ça, on ne sait pas bien le modéliser.
Sa vitesse? Pour l’instant, km/heure. Ça descendra à quelques centaines de kilomètres par heure après l’entrée dans l’atmosphère. La sonde subira, alors, un échauffement suffisant pour la détruire complètement.
Vraiment complètement? Parfois certains morceaux peuvent résister et tomber sur la terre… Comme les réservoirs construits en Titanium? Oui, par exemple, si c’est le cas. Mais on n’a pas tous les détails de cette station chinoise.
Où peuvent tomber ces débris s’il y en a? On sait surtout dire où ils ne tomberont pas! L’hypothèse la plus probable: que ça tombe dans l’eau où dans une zone inhabitée! % de la surface de la terre seulement est habitée… On sait à peu près qu’elle va passer au niveau de Perpignan, après la Corse. Et peut-être vers la Martinique… Les collègues du CNES la voient en ce moment deux à trois fois par jour survoler le sud de la France…
Le risque que ce soit sur une zone habitée est donc minime? Une chance sur quelques centaines de milliers! Sincèrement, il n’y a aucune réelle inquiétude à avoir.
D’ailleurs pourquoi Tiangong tombe-t-elle? Les sondes ou stations spatiales sont toutes prévues pour tomber. Là, elle ne fait que tonnes et quelques. L’ISS par exemple faisait tonnes. On ne l’a pas fait tomber comme ça, mais par morceaux [en , N.D.L.R.]. Comme la station MIR en .
Que s’est-il passé avec cette sonde? La Chine en a perdu le contrôle en mars . A priori, la sonde spatiale ne répondait plus. Depuis, elle se dégrade lentement.
Vous travaillez actuellement sur un projet de déviation d’astéroïdes… Sur un test de déviation d’astéroïdes, avec la Nasa et l’Esa (). On teste l’une des méthodes possibles pour envoyer un projectile à très haute vitesse – km par seconde – pour essayer de le dévier. Ça n’a jamais été fait.
Les études sont en cours depuis quand? L’intérêt pour l’Europe sur ce projet date du début des années , mais aucun financement n’a pu être dégagé. Il a fallu réduire les coûts et se rapprocher de la Nasa. La Nasa s’occupe du projectile et l’ESA de l’observation et de la caractérisation. On refait des études pour proposer de nouveau le projet au conseil ministériel de l’ESA en .
Quel est l’intérêt principal de cette étude? On aura pour la première fois une mission qui va s’approcher d’un astéroïde double comme la terre et la lune. Un Corps de m de diamètre et une petite lune m. L’idée, c’est de taper sur la petite lune pour voir si on arrive à perturber sa trajectoire autour du corps central. Si l’ESA ne peut pas faire ce projet, il n’y aura plus aucune mission en Europe sur les tout petits corps pendant les vingt prochaines années au moins. Et toute l’expertise acquise avec Rosetta () sera perdue.
Votre projet pourrait avoir un intérêt dans le cas de la sonde chinoise? Grâce au système d’observation et de caractérisation (Il se nomme Hera, N.D.L.R.) on va s’approcher du plus petit corps jamais observé. C’est le même type de technologie pour s’approcher de débris spatiaux afin de les éloigner ou de les rapprocher de l’atmosphère pourqu’ilsseconsument. Cela permettra de réduire le risque d’impact d’astéroïdes. C’est un risque naturel: des dizaines de milliers de tonnes rentrent dans l’atmosphère par an, parfois ça se consume… et parfois des météorites atteignent la terre. Ce risque, très faible, est le seul que l’on peut prédire et éviter avec des moyens raisonnables… mais qu’il faut mettre en oeuvre. Il faut tester au moins une méthode et la valider. Il y a beaucoup de débris audessus de l’atmosphère? Oui, une ceinture de débris qui s’accumulent. Même si on voulait les déplacer, il faudrait être sûr de ne pas taper dedans pour ne pas en générer d’autres…