Réforme de l’apprentissage: plusieurs CFA menacés en Paca
Renaud Muselier met la pression sur le gouvernement en annonçant le gel des investissements de la Région dans certains CFA, en attendant de voir ce que révélera le projet de loi qui sortira en avril
Trente-trois centres de formation des apprentis, sur les 59 de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, seront fortement impactés, voire menacés par la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle, a annoncé hier Renaud Muselier, président de la Région ProvenceAlpes-Côte d’Azur (voir cicontre, le document de la Région). Le projet de loi doit être présenté en conseil des ministres dans le courant du mois d’avril. Les départements du Var, des HautesAlpes et des Alpes-de-HauteProvence seront les plus touchés.
CFA du BTP dans le Var : gel des investissements
« Plusieurs investissements vont être abandonnés », aannoncé Renaud Muselier, lors d’une conférence de presse à Marseille. Parmi eux, figurent les 15M € que devait verser la Région pour la rénovation complète du CFA du BTP à Toulon. « J’ai fait stopper les travaux du Campus A, à Marseille », a-t-il également précisé. «Ces projets ne pourront malheureusement pas être financés et j’ai déjà commencé à prévenir les opérateurs impliqués afin qu’ils prennent leurs dispositions. » Les investissements sont également gelés pour la construction de l’antenne du centre de formation du BTP à Draguignan ou encore pour la construction du campus des métiers – projet porté par la chambre de commerce des Alpes-Maritimes. « Je suspends également sine die les 15 M€ d’investissements qui étaient programmés en 2019, pour les plateaux techniques et pédagogiques au sein des lycées professionnels. Et je suspends les décisions relatives aux investissements pédagogiques dans les CFA pour un montant de 3,5 M€ par an. Par exemple, pour l’achat d’une pelle sur chenille. »
Une perte financière pour la Région
Intox, chantage, pression ou véritables conséquences de la future loi ? Une chose est sûre, Renaud Muselier refuse que la Région perde cette compétence, qui lui donnait la gestion de 143 M€. En effet, elle ne touchera plus la taxe d’apprentissage (110 M€) et la TICPE, – taxe sur les produits pétroliers (10 M€). Les 30 M€ restants provenant directement de ses caisses. Une contribution unique d’alternance remplacerait la taxe d’apprentissage, versée par les entreprises. L’Urssaf deviendrait le collecteur des fonds et la Caisse des dépôts le gestionnaire. Les branches professionnelles décideraient de l’offre d’apprentissage et le financement se ferait au contrat. « Le financement au contrat ne tient pas compte de la disparité de coût d’une formation à l’autre. Elle met en danger de nombreux centres de formation dans notre Région », a insisté Renaud Muselier. C’est le cas par exemple, pour les CFA qui ne relèvent pas de branches professionnelles mais de l’artisanat. Comme l’Institut de formation automobile à Nice.
«Je m’adapterai à la loi»
Autre point d’achoppement entre Renaud Muselier et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, la suppression du plan régional de l’apprentissage, dont les Régions avaient la charge. « Cette mesure va conduire à l’ouverture anarchique d’antennes de CFA et de formations sans aucune régulation. Or, ce plan régional de l’apprentissage permet d’ouvrir les formations aux endroits où les besoins du marché se font sentir. » « Je m’adapterai à la loi pour maintenir le cap des 50 000 apprentis d’ici 2021 », affirme le président de la Région. Il y en avait 27 000 en 2015, selon ses chiffres. Il espère bien comme d’autres présidents de région, obtenir quelques victoires dans la bataille engagée avec le gouvernement. Alors que débute la saison des portes ouvertes et des inscriptions dans les centres de formation, les futurs apprentis ne savent plus vers quelle filière ou CFA s’orienter. Et ceux déjà engagés dans un cursus ont de quoi se poser des questions !