RALLYE NATIONAL DU PAYS DE GRASSE « Le Bleine, c’est délirant »
Fidèle parmi les fidèles, François Delecour, à l’aube d’une nouvelle saison sonnant creux pour l’instant, apprécie de se dégourdir les semelles sur des routes qu’il affectionne particulièrement
Comme en 1993, lorsqu’il était venu réviser ses gammes en terre grassoise juste avant de remporter le Tour de Corse, François Delecour va gravir le podium de départ au volant d’une Ford Escort pareillement décorée et frappée du numéro 1. « Voilà, on a ressorti la vieille », se marre l’ancien « top gun » du championnat du monde (2e en 1993, 4 victoires) lorsqu’on engage la conversation. Un chasseur de chrono inoxydable, plus que jamais, à 55 ans. Qui démarre au quart de tour, quelle que soit la question... Quatre d’affilée, tant que ça ? On peut dire que je commence à bien le connaître, alors... (Rires). En fait, j’aime ce rallye d’abord parce que j’adore le col de Bleine. Une superbe épreuve spéciale, vraiment. François Delecour : « Le Mas, Aiglun, Pont-des-Miolans, Saint-Auban, autant d’endroits respirant la course dont je m’imprègne volontiers. » (Photo Thierry Mouchet et G. L.)
Au volant, c’est délirant. Délirant de rythme. Pas besoin de me pousser pour venir ici. Le Mas, Aiglun, mais aussi Pont-desMiolans, Saint-Auban. Autant d’endroits respirant la course dont je m’imprégne volontiers. J’y passe d’ailleurs de temps en temps hors chrono. Quand je me balade à vélo ou en montant à Gréolières faire de la luge avec les enfants.
(Il coupe) Et puis je suis aussi ravi de courir ici par rapport à Rémi (Tosello, l’organisateur, ndlr). Cet homme se démène sans compter pour le sport auto. Il s’implique à fond. C’est un vrai passionné et un type charmant. Dommage... Moi, je préfère la version originale. Même
si la ligne droite de Collongues suscite pas mal de critiques, car les moteurs y sont soumis à rude épreuve, elle fait partie de la légende. Pendant ces deux bornes à fond, il faut rester ultra-concentré. Au bout, il y a une courbe à droite diabolique que l’on négociait à près de km/h. C’est dommage de la parcourir en liaison, ouais... Si, si... Hélas, Fiat m’a un peu roulé dans la farine. Lors de ma participation au Monza Rally Show, fin , ils m’avaient promis qu’on le ferait avec une Abarth RGT officielle. Je pensais donc que c’était OK. Je n’ai pas cherché de plan B au cas où... Et au dernier moment, ils ont jeté l’éponge. Forfait ! À cause de la restructuration en cours chez eux ou parce qu’ils n’ont pas vendu assez de voitures, allez savoir... Devoir tirer un trait comme ça sur une épreuve que j’affectionne tant, j’ai eu du mal à l’accepter. Ce devait être ma participation. Partie remise! Rien de concret dans l’immédiat. Ça m’embête un peu. J’étais à deux doigts de redémarrer en championnat de France, au Touquet, dans la catégorie R. Projet avorté pour une question de budget. Moi, j’ai toujours soif. Je suis en forme. Je peux encore rouler pas mal. Mais il faut se rendre à l’évidence. Aujourd’hui, je n’intéresse plus grand monde. J’en suis pleinement conscient. Loeb, tout le monde le connaît. Un extraterrestre ! On sait qu’il a un talent hors norme. Au Mexique, à vrai dire, j’ai été plus impressionné par la démonstration d’Ogier. La FIA s’obstine à lui mettre des bâtons dans les roues en le faisant balayer un jour, deux jours, trois jours... Mais il reste le plus fort, même si sa voiture n’est pas la meilleure. Ceux qui roulaient devant comme lui, Tänak et Neuville, sont allés à la faute. Bien sûr ! Il gère ses courses d’une manière magistrale. Il est intelligent et il a un talent fou. Exceptionnel. En face, Meeke ne s’est pas assagi. Neuville ? Très rapide mais trop irrégulier. Possible. La semaine prochaine, en Corse, s’il n’aura pas le même avantage en partant derrière, sûr qu’on le reverra à la pointe du combat. Il sera dans le coup pour la gagne.