Bischoffsheim, un Niçois banquier... et astronome
Cheminot, banquier, homme politique et passionné d’astronomie, Raphaël-Louis Bischoffsheim est très connu à Nice où des rues, un collège et l’observatoire astronomique portent son nom. Né à Amsterdam le 22 juillet 1823, Raphaël-Louis Bischoffsheim a pourtant laissé son empreinte, tant dans l’histoire de la commune que dans les étoiles. Fils du banquier néerlandais Louis Bischoffsheim, Raphaël-Louis étudia à l’École centrale des arts et manufactures (appelée Centrale Paris). Diplômé en 1842, il fait ses armes dans les Chemins de fer hollandais, avant d’être nommé ingénieur-inspecteur aux Chemins de fer du Midi, créés en 1852. Basé à la frontière franco-italienne – sans doute Bordighera, mais la ville n’est mentionnée que plus tard, lorsqu’il s’y fait construire une villa par Charles Garnier –, il est rapidement séduit par cette région ensoleillée. Raphaël-Louis est passionné d’astronomie et il subventionne les observatoires de Paris et du Pic du Midi. Mais, il rêve de doter la science d’un très grand observatoire. Il choisit Nice pour « la pureté du ciel ». En 1878, il acquiert 35 hectares sur la colline du mont Figure emblématique de la vie politique niçoise de la fin du XIXe siècle et mécène, Raphaël-Louis Bischoffsheim fut aussi membre fondateur de la Société française des fouilles archéologiques. (Photo DR)
Gros au nord-est de Nice. Pour construire son observatoire, il mandate l’architecte Charles Garnier – à qui l’on doit également la villa Eilenroc à Juan-les-Pins ou l’opéra qui porte son nom à Paris – et l’ingénieur Gustave Eiffel.
Il finance la fontaine de Ste-Agnès sur ses deniers
Parallèlement, il rencontre les hommes politiques niçois et, lors d’une réunion, (Photos Marc Heller, Observatoire de la Côte d’Azur)
le maire de Nice, Alfred Borriglione (1841-1902), lui suggère d’entrer en politique. Grâce à ses états de services lors de la guerre francoprussienne de 1870, il est naturalisé Français en 1880. Ce qui lui permet de s’engager dans la vie politique niçoise. Entre 1881 et 1890, il est élu député des Alpes-Maritimes pour Nice-campagne (deuxième circonscription de l’époque, comprenant une quarantaine de bourgs et de villages du moyen pays) et Nice-ville (première circonscription de l’époque comprenant le centre de Nice – vieille ville et les quartiers en développement). Puis, il siège pour la circonscription de PugetThéniers de 1893 à 1906, année de son décès dont on sait peu de chose. Une légende urbaine raconte que sa santé ne résista pas aux chemins de campagne de sa circonscription qu’il sillonnait à dos de mulet. Durant son mandat, bien que candidat républicain, son action politique ne se distingue pas réellement par ses prises de position. On parle surtout de lui pour le faste de ses réceptions et il est critiqué pour mêler politique et argent. Cependant, le député niçois distribue les dons sur ses deniers personnels en faveur des villages du département, par exemple le financement du cimetière de Roquebillière ou l’édification d’une fontaine publique à Sainte-Agnès, ou encore le développement du chemin de fer (aujourd’hui train des Pignes). Même si ses actions politiques n’ont pas marqué les mémoires, à sa mort, le journal Le Petit Niçois mentionne dans ses colonnes : « Raphaël Bischoffsheim fut incontestablement l’une des gloires de notre ville, et le bienfaiteur de notre région. » Dominant l’agglomération niçoise à 370 mètres d’altitude depuis 1887, date de son ouverture, l’Observatoire Bischoffsheim, aujourd’hui Observatoire Côte d’Azur, établissement public, fait de Nice l’une des premières villes de France en matière d’observations et d’études astronomiques. Bien que passionné d’astronomie, il n’a jamais exercé en tant qu’astronome, se contentant de soutenir la recherche.
Sources : Nice Rendez-vous ; Les Cahiers de la Méditerranée, 2008 : La célébration des mythes identitaires / Les AlpesMaritimes. (Collection AHPT)