Carrefour: la démonstration de force des grévistes
Les syndicats avaient promis une forte mobilisation. Cela s’est vérifié hier dans les hypermarchés azuréens, notamment avec le blocus des parkings d’Antibes et Nice-Lingostière
Parking vide ou presque, hier matin, au Carrefour de Nice Lingostière, dans la plaine du Var. Sur 650 salariés, ils sont au moins 200 à manifester. Des salariés grévistes en chasuble orange ont renversé des caddies et empêchent les voitures d’entrer, tout en distribuant des tracts. «On ne laisse passer que les clients à pied et les salariés des magasins de la galerie commerciale», prévient un manifestant. Serge Fabret, délégué syndical CFDT pour la région Sud Est, se dit «satisfait de la mobilisation »:« A Antibes, Marseille, Toulon, ou comme ici à Nice, nous montrons, avant la négociation du 5 avril, notre inquiétude au sujet des effectifs et de notre pouvoir d’achat. Il faut maintenant que notre p.d.g. dévoile son plan en détail», exhorte Serge Fabret. Parmi les préoccupations figure le projet de location-gérance de certains hypermarchés : «Ces locations-gérances risquent de faire perdre les 13e et 14e mois aux salariés», redoute l’élu. Mêmes inquiétudes à Carrefour TNL, à Nice-Est, où sont massés des salariés avec sifflets et mégaphone. À l’intérieur du magasin, un cadre, chemise blanche, prête mainforte aux caissières non grévistes.
« Nous sommes bénéficiaires »
Les étudiants, qui sont appelés en renfort le samedi, mettent les produits en rayon et tentent, tant bien que mal, de pallier les absents. Leila, déléguée CFDT au côté de Bruno Certa, secrétaire général du même syndicat, évoque les chiffres qui fâchent: «356 millions d’euros ont été versés aux actionnaires, 7 millions d’euros ont été répartis aux 132000 salariés. » La prime de participation, tombée de 600 à 50 euros, a été la goutte d’eau qui a fait déborder l’exaspération. «Notre magasin est bénéficiaire», souligne Leila, « mais à chaque fois que notre p.-d.g. part, il s’en va les poches pleines.» Alexandre Bompard, nommé il y a six mois à la tête du groupe, a exposé en janvier sa stratégie, avec 2,8 milliards d’euros consacrés au digital sur les cinq ans à venir. Alors qu’Amazon, le numéro un mondial du commerce électronique, continue à tout dévorer sur son passage, la grande distribution cherche à s’adapter à cette révolution. Ce qui ne rassure pas l’intersyndicale CFDT-Unsa CGT qui redoute, avec la réduction des surfaces commerciales, 5 000 suppressions d’emplois. Après ce samedi de Pâques très agité, les magasins de l’enseigne devraient fonctionner à nouveau normalement dès demain.