Six propositions pour un meilleur accueil des mineurs isolés étrangers
L’association «Tous citoyens!» demande une amélioration de la prise en charge de ces adolescents dans les Alpes-Maritimes: un accueil digne et humain, et plus de moyens pour les éducateurs
L’association « Tous citoyens ! », présidée par David Nakache, qui accompagne depuis plusieurs mois de jeunes migrants dans leurs démarches pour bénéficier de la protection de l’enfance du Département, fait six propositions pour « un accueil digne et efficient » des mineurs non accompagnés dans les Alpes-Maritimes. Six propositions qui ont été envoyées au préfet des Alpes-Maritimes, au président du conseil départemental, au recteur d’académie et au défenseur des droits.
1. L’arrêt immédiat de tout refoulement à la frontière italienne des mineurs isolés étrangers
« Tout mineur isolé étranger présent sur le territoire national, du seul fait de son isolement, est considéré comme légalement vulnérable et doit bénéficier de l’aide sociale à l’enfance. Il a droit à la protection de l’enfance. Or, la préfecture des Alpes-Maritimes expulse régulièrement des mineurs isolés à la frontière italienne. Ces pratiques ont été condamnées deux fois par le tribunal administratif de Nice. Nous demandons le respect de la loi par les représentants de l’État ».
2. La prise en charge des mineurs dans les locaux du Département et non au commissariat de police
«Dans les Alpes-Maritimes, pour tout mineur demandant la protection de l’enfance, la porte d’entrée, c’est le commissariat Auvare. Au niveau santé, au niveau mental, ces enfants sont cassés. Dès qu’ils voient un uniforme, ils ont peur. Conséquence: de très nombreux mineurs ne font pas valoir leurs droits et dorment à la rue. Nous demandons qu’ils soient accueillis dans des locaux du Département par des travailleurs sociaux. »
3. L’amélioration des modalités d’évaluation de minorité
«Une fois passée l’étape du commissariat, les mineurs sont placés dans un centre de répit, et une évaluation doit avoir lieu dans les cinq jours. Ils font ça sur un coin de table. L’entretien dure 30 à 40 minutes au mieux, des fois sans traducteur… On ne peut pas comprendre l’histoire des jeunes en si peu de temps. Il revient à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) de mener les investigations pour vérifier si le jeune est mineur ou majeur. Or, l’ASE décrète que c’est au jeune de prouver sa minorité. Nous demandons que l’évaluation soit réalisée dans des conditions permettant de connaître la situation véritable du jeune. Le conseil départemental doit cesser d’inverser la charge de la preuve, et mener les investigations pour établir la minorité du jeune. »
4. La détection systématique des besoins de suivi post-traumatique
« Ces jeunes, quand ils commencent à retrouver la parole, racontent des
parcours dramatiques. Nous, on sait les nourrir, les mettre à l’abri, déposer des recours devant les tribunaux, mais on ne sait pas soigner leurs traumatismes. Nous demandons que l’évaluation de minorité soit systématiquement doublée d’une évaluation psychologique pour détecter les besoins de suivi post-traumatique. »
5. Ouvrir les portes de l’Éducation nationale
« Pour 90 % de ces gamins, l’objectif, c’est d’aller à l’école. L’académie des Alpes-Maritimes se retranche derrière le fait que l’école n’est obligatoire que jusqu’à 16 ans, et refuse d’accueillir des jeunes ayant dépassé cet âge. Or l’apprentissage de la langue est la condition de l’intégration. Nous demandons que l’académie ouvre les portes de ses établissements. »
6. L’attribution de moyens suffisants aux éducateurs
« Les foyers et les centres de mise à l’abri des Alpes-Maritimes sont débordés. Les éducateurs sont au bout du rouleau. Nous demandons au Département d’ouvrir une structure adaptée, de recruter davantage d’éducateurs et de leur donner les moyens de travailler convenablement. Il faut créer un dispositif spécifique de recherche de contrats et d’accompagnement des mineurs isolés durant leur apprentissage. »