Un présent impérial
Un kovch monumental offert par le tsar Nicolas II de Russie au général d’État-major Jean Brun sera la star d’enchères organisées le 5 avril à Cannes autour de l’art russe
7,7 kilos de pur argent massif, agrémentés de quelques diamants et d’un monogramme impérial… l’objet en impose. Un kovch monumental de Fabergé sera mis aux enchères le 5 avril par l’étude de maîtres Pichon et Noudel-Deniau à Cannes. Cette imposante pièce de 49 centimètres de long a été personnellement offerte en 1907 par le tsar Nicolas II (1868-1918) au général d’Étatmajor Jean Brun (1849-1911), alors envoyé en mission en Russie pour traiter des questions militaires de l’alliance franco-russe. « Il s’agit d’un cadeau honorifique », souligne maître Noudel-Deniau. Le kovch est demeuré depuis lors dans la famille du général Brun. Chef-d’oeuvre d’orfèvrerie, avec sa proue représentant un griffon, l’objet a été réalisé par Julius Rappoport, maître-orfèvre chez Fabergé, au tournant du XXe siècle. En 1903, Nicolas II et son épouse Alexandra Féodorovna emportent le kovch dans leurs bagages lors d’un voyage à Skierniewice en Pologne, dans l’intention de l’offrir à un éventuel dignitaire. Ne trouvant pas de destinataire, ils le ramèneront finalement avec eux, comme l’atteste cette phrase retrouvée dans les archives historiques de l’État Russe : « Nous avons fait le voyage, mais nous ne l’avons pas donné ». Objet traditionnel russe à la silhouette évocatrice d’une coque de bateau, un kovch (ou kovsh) servait à l’origine de récipient à boire, de l’hydromel principalement. A partir du XVIe siècle, des kovch d’honneur seront offerts par les tsars en remerciement de services rendus à la couronne. Au fil du temps, ils deviendront des pièces d’apparat et de véritables objets d’art, fabriqués à Moscou ou à Saint-Petersbourg par les plus illustres orfèvres. Ces symboles des fastes de l’ancien empire russe se vendent aujourd’hui à prix d’or aux enchères, les pièces les plus recherchées étant celles produites par la maison Fabergé. Estimé entre 40 000 et 60 000 euros, le kovch monumental proposé à la vente le 5 avril prochain pourrait bien faire l’objet d’une bataille d’enchères parmi les collectionneurs d’art russe.