« Ça peut tuer le foot »
Cette phrase lâchée en zone mixte après la finale par le capitaine de l’ASM Radamel Falcao a une résonance forte quant à l’influence de la vidéo. Les arbitres doivent en faire plus
Il a été le premier Monégasque à se présenter devant les journalistes après le match. Vadim Vasilyev, vice-président de l’AS Monaco, n’a pas descendu l’arbitrage de M.Turpin. Même si les deux décisions prises par celui qui officiera lors de la Coupe du monde lui ont été défavorables. A vrai dire, il ne pouvait en être autrement... L’arbitrage vidéo est le cheval de bataille du bras droit du président Rybolovlev depuis qu’il a croisé la route en 2015 de Chiellini et la Juventus Turin en Ligue des champions. Des mains, hors jeu et penalties oubliés et une élimination en quart de finale ont fait le reste. En revanche, il a concédé qu’il fallait améliorer les choses : « Il y a des réglages mais je suis convaincu que la vidéo est le futur de l arbitrage » A voir l’exaspération de certains cadres du vestiaire au moment de quitter le stade, l’arbitrage français devra s’améliorer en terme d’information et de communication. Certains, tout en reconnaissant que Kamil Glik avait fait faute et que le penalty existait, ne comprenaient pas pourquoi l’arbitre décidait de visionner les images sur cette action, et pas sur le but refusé pour hors-jeu de Falcao. Ça paraît subtil, mais mis bout à bout, la tension des joueurs est montée obligatoirement d’un cran. Sur le hors-jeu de l’attaquant colombien, Clément Turpin s’est en effet contenté de faire confiance « aveuglément » pour le coup, à l’arbitre vidéo en cabine. C’est ce dernier et lui seul (puisque l’arbitre de touche n’avait pas levé son drapeau) qui a eu accès aux images et ralentis. Pourquoi M.Turpin n’est pas allé en bord terrain, comme il l’avait fait sur le penalty de Glik, pour se forger sa propre opinion ?
« Toujours en faveur de Paris »
Dans le stade, si on met de côté le message sur les écrans gérant indiquant l’arbitrage vidéo, aucune explication ou information n’est donnée. Ajoutez à cela des décisions dans le jeu, des erreurs humaines que l’on rencontre chaque week-end, et vous obtenez un cocktail de frustration un brin explosif. Rarement, l’attaquant colombien Radamel Falcao n’a paru aussi énervé. Et une simple faute non sifflée devenait une injustice d’un autre temps ! A chaud d’abord, au micro de Canal+, le Tigre n’y est pas allé de main morte : «Je crois que pour le foot français, ce que l’arbitre a fait aujourd’hui, c’est la honte. » Il a ensuite livré plus d’arguments en zone mixte. « C’est un peu frustrant. La vidéo n’a été utilisée correctement que lorsque c’était en faveur du PSG, avouait dégoûté Falcao qui n’a pas réalisé un bon match, vidéo ou non. Sur le penalty, il a été regarder sur l’écran. Pour mon but, il n’y a pas été. Il n’a pas non plus arrêté le match pour savoir si Cavani touche le ballon de la main. Après, Paris a été bien, ils ont marqué trois buts. Mais c’est un peu frustrant car quand il y avait un doute sur certaines décisions, ça a toujours été en faveur de Paris.» Le capitaine monégasque finissait par enfoncer le clou : « La situation n’était pas claire (sur son but). On a vu les images dans le vestiaire, tu ne peux pas dire que c’est clair. Paris a été plus efficace. Ils ont marqué les deux buts en première période cela leur a permis de jouer plus tranquillement. La vidéo va tuer le foot. On a perdu 4 minutes par-ci par-là et au final il n’y a eu que 2 minutes de temps additionnel. C’est incroyable. » L’arbitrage vidéo n’a pas fini de faire débat, mais en réponse au niveau des instances on assure que rien est figé en terme d’amélioration. Toujours en phase de test, il semblerait que tout le monde soit d’accord pour améliorer l’information et la communication. Longtemps pris pour exemple, l’arbitrage vidéo dans le rugby commence à montrer le revers de la médaille. Les décisions mettent de plus en plus de temps à être prises et les phases de jeu passées au crible sont de plus en plus nombreuses. L’uniformisation de la vidéo dans le foot à toutes les compétitions ne doit pourtant pas tarder, au risque de décontenancer les joueurs, voire les arbitres qui ne sauraient plus sur quoi s’appuyer.