Un réseau de proxénètes hongrois face au tribunal
Ils faisaient la loi dans le quartier du port de Nice. Leur territoire : 400 mètres de trottoir où ils faisaient travailler des filles à marche forcée. Certaines étaient leurs propres femmes
Le port de Nice, ses pointus, ses yachts, ses façades colorées. Et ses prostituées. L’été, elles arpentent le trottoir le long des quais, quand elles ne tapinent pas directement dans les cours d’immeubles, au grand dam des riverains. Neuf proxénètes hongrois sont jugés, depuis hier et jusqu’à la fin de la semaine, par le tribunal correctionnel de Nice. Un box des prévenus plein à craquer d’hommes taillés comme des armoires à glace. Avec eux, deux femmes, suspectées d’avoir pris une part active au réseau.
De « l’abattage »
Jusqu’en 2015, le clan hongrois régnait sur 400 mètres de trottoir, du monument aux Morts jusqu’à la place Ile-de-Beauté. Il a fallu un travail minutieux de la police judiciaire niçoise, des écoutes, des filatures, pour faire tomber le réseau. Des enquêteurs confieront qu’il s’agissait « d’abattage » .Les
filles étaient forcées de travailler, qu’il pleuve ou qu’il vente. Certaines étaient violentées. Une partie de ce petit monde avait été interpellée en novembre 2015. Certains prétendront être de simples touristes hongrois. Tous fréquentaient le même hôtel du quartier de la gare de Nice. L’un des hommes a affirmé être éleveur de porcs (sic) et être venu en villégiature avec sa future épouse. La présence dans son hôtel d’autres Hongrois provenant d’un village voisin ? Pure coïncidence affirmera-t-il... La plupart des compagnes des hommes présents dans le box se livraient à la prostitution. Les filles devaient vendre leurs charmes à Nice, mais aussi à Cannes, « car on y gagne plus ». Quand, faute de clients, elles ne pouvaient payer la « redevance » quotidienne, environ 100 euros, la somme était transformée en dette. Certaines, faute de travail, étaient particulièrement endettées auprès de leurs souteneurs. De très fortes sommes étaient transférées en Hongrie. Quand l’une peinait à s’acquitter de ses dettes, des proxénètes n’hésitaient pas à faire le voyage depuis la Hongrie pour lui mettre la pression. Selon certains avocats de la défense, la procédure comporterait des failles, et les preuves seraient insuffisantes pour faire condamner leurs clients. Le procès, présidé par Catherine Bonnici, avec Alain Octuvon-Bazile au ministère public, durera une partie de la semaine.