Monaco-Matin

Un réseau de proxénètes hongrois face au tribunal

Ils faisaient la loi dans le quartier du port de Nice. Leur territoire : 400 mètres de trottoir où ils faisaient travailler des filles à marche forcée. Certaines étaient leurs propres femmes

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le port de Nice, ses pointus, ses yachts, ses façades colorées. Et ses prostituée­s. L’été, elles arpentent le trottoir le long des quais, quand elles ne tapinent pas directemen­t dans les cours d’immeubles, au grand dam des riverains. Neuf proxénètes hongrois sont jugés, depuis hier et jusqu’à la fin de la semaine, par le tribunal correction­nel de Nice. Un box des prévenus plein à craquer d’hommes taillés comme des armoires à glace. Avec eux, deux femmes, suspectées d’avoir pris une part active au réseau.

De « l’abattage »

Jusqu’en 2015, le clan hongrois régnait sur 400 mètres de trottoir, du monument aux Morts jusqu’à la place Ile-de-Beauté. Il a fallu un travail minutieux de la police judiciaire niçoise, des écoutes, des filatures, pour faire tomber le réseau. Des enquêteurs confieront qu’il s’agissait « d’abattage » .Les

filles étaient forcées de travailler, qu’il pleuve ou qu’il vente. Certaines étaient violentées. Une partie de ce petit monde avait été interpellé­e en novembre 2015. Certains prétendron­t être de simples touristes hongrois. Tous fréquentai­ent le même hôtel du quartier de la gare de Nice. L’un des hommes a affirmé être éleveur de porcs (sic) et être venu en villégiatu­re avec sa future épouse. La présence dans son hôtel d’autres Hongrois provenant d’un village voisin ? Pure coïncidenc­e affirmera-t-il... La plupart des compagnes des hommes présents dans le box se livraient à la prostituti­on. Les filles devaient vendre leurs charmes à Nice, mais aussi à Cannes, « car on y gagne plus ». Quand, faute de clients, elles ne pouvaient payer la « redevance » quotidienn­e, environ 100 euros, la somme était transformé­e en dette. Certaines, faute de travail, étaient particuliè­rement endettées auprès de leurs souteneurs. De très fortes sommes étaient transférée­s en Hongrie. Quand l’une peinait à s’acquitter de ses dettes, des proxénètes n’hésitaient pas à faire le voyage depuis la Hongrie pour lui mettre la pression. Selon certains avocats de la défense, la procédure comportera­it des failles, et les preuves seraient insuffisan­tes pour faire condamner leurs clients. Le procès, présidé par Catherine Bonnici, avec Alain Octuvon-Bazile au ministère public, durera une partie de la semaine.

 ?? (Photo illustrati­on Nice-Matin) ?? Les filles se prostituai­ent sur une partie du port de Nice et à Cannes.
(Photo illustrati­on Nice-Matin) Les filles se prostituai­ent sur une partie du port de Nice et à Cannes.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco