Monaco-Matin

●Moins de parlementa­ires 15% de proportion­nelle

Edouard Philippe a annoncé, hier, les arbitrages sur la réforme emblématiq­ue des institutio­ns promise par Emmanuel Macron. L’adoption qui est prévue en 2019 suscite de vives critiques

-

Après des semaines de tractation­s entre majorité et opposition, et avec l’espoir d’un accord avec le Sénat, le Premier ministre a présenté cette « nouvelle ambition » pour les institutio­ns, lors d’une brève allocation à Matignon, sans grandes surprises. « Il ne s’agit ni de revenir à la IVe République, ni de passer à la VIe, il s’agit bien au contraire de revenir aux sources de notre Ve République » dans laquelle « le gouverneme­nt gouverne, le Parlement légifère et contrôle », a affirmé le chef du gouverneme­nt.

Le FN fustige les % de proportion­nelle

Parmi les sujets les plus scrutés, la « dose » de proportion­nelle a été fixée à 15% pour les législativ­es à compter de 2022. Le MoDem, principal allié du gouverneme­nt, poussait pour un quart des députés élus selon ce mode de scrutin. Le projet global présenté n’est qu’« un point de départ » et il y aura « beaucoup de choses à améliorer » lors du débat parlementa­ire, a aussitôt fait savoir le président du parti centriste, François Bayrou. 15%, c’est « une aumône à la démocratie », a tweeté la présidente du FN Marine Le Pen. « C’est plus qu’un chiffre symbolique, c’est quasiment rien », a critiqué dans les couloirs de l’Assemblée l’Insoumis Eric Coquerel. A l’inverse, des députés LREM favorables à un taux le plus bas possible pour ne pas déstabilis­er le « fait majoritair­e » ont dit leur déception. Et le patron des députés LR Christian Jacob, opposé à toute dose de proportion­nelle, a lâché dans l’hémicycle après une question offensive de Bruno Bilde (FN) sur le terrorisme : « Avec la proportion­nelle, vous en aurez une centaine comme ça ! » Autre chiffre clé: la réduction du nombre de députés et sénateurs, fixée à 30% par l’exécutif, ce qui aboutira à 244 élus à la chambre haute, 404 à la chambre basse, dont 60 à la proportion­nelle. 30% de réduction, cela « sacrifiera­it les territoire­s les plus fragiles », avait prévenu dans la matinée le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau. Le Conseil économique, social et environnem­ental (Cese), doté de 305 membres, sera quant à lui «réduit de moitié », a aussi indiqué Edouard Philippe.

La Corse dans la Constituti­on

En outre, le non-cumul de plus de trois mandats « identiques, complets et consécutif­s » dans le temps s’appliquera aux parlementa­ires et présidents d’exécutifs locaux, « à l’exception des maires des communes de moins de 9 000 habitants ». Le seuil envisagé à 3 500 habitants a donc été relevé. Le chef du gouverneme­nt a enfin confirmé que la Corse « trouvera sa place dans notre Constituti­on ce qui permettra d’adapter les lois de la République aux spécificit­és insulaires et sous le contrôle du Parlement » – une des rares revendicat­ions nationalis­tes retenues par Emmanuel Macron. L’exécutif a découpé en trois sa réforme: un projet de loi ordinaire (dose de proportion­nelle, habilitati­on à établir une nouvelle carte électorale), un projet de loi organique (baisse du nombre de parlementa­ires et non-cumul dans le temps) et une révision constituti­onnelle (réforme du Conseil supérieur de la magistratu­re, suppressio­n de la Cour de Justice de la République, Corse, rythme parlementa­ire, réforme du Cese...). La droite sénatorial­e a déjà fait savoir qu’elle voulait un accord « global ». Ces textes, qui vont partir au Conseil d’Etat dans les prochains jours, seront présentés en Conseil des ministres le 9 mai. « L’objectif du gouverneme­nt est de permettre à l’Assemblée nationale de procéder à une première lecture de ces textes avant la pause estivale », puis de « parachever cette réforme en 2019 », a précisé le locataire de Matignon, alors que le président avait fixé comme dernier terme l’été 2018. Mais les diverses consultati­ons en vue de cette réforme, les longues tractation­s en coulisses et l’encombreme­nt des travaux parlementa­ires ont eu raison de ce calendrier initial.

Pas de recours au référendum

Des responsabl­es des groupes politiques et des présidents de l’Assemblée et du Sénat François de Rugy (LREM) et Gérard Larcher (LR) vus en mars, Edouard Philippe a retenu que « tous ont insisté sur le nécessaire respect de l’équilibre (...) en particulie­r dans la répartitio­n des pouvoirs entre le gouverneme­nt et le Parlement ». L’idée d’un « contingent­ment » des amendement­s, qui avait alors suscité une levée de boucliers, a été « retirée », a indiqué Edouard Philippe, tout en précisant que les amendement­s « sans lien avec le texte » étudié ou « sans portée normative » devraient être limités. Le Premier ministre n’a à aucun moment évoqué un éventuel recours à un référendum pour faire adopter l’un ou l’autre volet de la réforme, conforméme­nt à ce qu’a toujours privilégié Emmanuel Macron, à savoir la voie parlementa­ire.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco