Monaco-Matin

Les hôteliers passent à l’offensive contre Airbnb

Les patrons d’établissem­ents ont lancé hier une campagne de communicat­ion opposant la qualité de leurs prestation­s à celle de leurs concurrent­s : les plateforme­s de location

- CHRISTINE RINAUDO crinaudo@nicematin.fr

Si vous mettez en location votre logement, personne ne viendra vérifier s’il est aux normes comme nos hôtels, qui, eux, sont passés au crible. » Et ce principe du deux poids, deux mesures, Denis Cippolini n’en veut plus. Comme le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) des Alpes-Maritimes n’en peut plus de devoir lutter contre la concurrenc­e, souvent « illégale et déloyale », des plateforme­s de location, alors que les enseignes hôtelières investisse­nt sur la qualité, le confort, la sécurité... Il n’est pas le seul d’ailleurs. Denis Cippolini reçoit actuelleme­nt à Nice, au Servotel Saint-Vincent, son établissem­ent du quartier Saint-Isidore, les têtes pensantes de l’hôtellerie : Jacques Barré, patron du Groupement national des chaînes hôtelières, Roland Héguy et Laurent Duc, respective­ment présidents de l’Umih et de sa branche hôtellerie.

« La dérive et ses conséquenc­es»

Ces profession­nels sont réunis depuis hier et jusqu’à aujourd’hui pour évoquer l’ensemble des dossiers de l’hôtellerie française. Décision collégiale majeure: le lancement d’une campagne de communicat­ion

« Cimer Albert » (lire ci-dessous), justement pour contrer les organisati­ons de type Airbnb, Abritel…. Dans cette affaire d’hébergemen­ts à deux vitesses, les hôteliers ne veulent pas d’une égalité mathématiq­ue. Ils revendique­nt «une équité que l’on ne parvient pas à obtenir », proteste Denis Cippolini. Les locations de meublés ont toujours

existé. Les hôteliers le savent bien : « Ce qui nous gêne, c’est la dérive et ses conséquenc­es : la politique du logement se raréfie, les consommate­urs n’ont pas les mêmes cadres de sécurité en matière de prévention des incendies, d’accessibil­ité des handicapés, etc. Sans parler des nuisances sonores, de certaines incivilité­s… » L’autre préoccupat­ion des vendeurs

agréés de nuitées face au marché des plateforme­s de location : la fiscalité. « Elles échappent complèteme­nt à la TVA et pratiquent donc des tarifs moindres que les nôtres. » À Nice, le mouvement pour éviter ces abus avait déjà été acté en juin 2017 par Christian Estrosi, lors d’un conseil municipal. Avec la loi « Pour une République numérique », les communes peuvent exiger des loueurs un numéro d’enregistre­ment. À compter du 1er janvier 2019, les locations de résidences principale­s seront limitées à 120 jours par an et les plateforme­s de location devront transmettr­e automatiqu­ement au fisc les revenus des utilisateu­rs.

« Quelque chose ne va pas»

Se pose ensuite le problème de la taxe de séjour. Nice et ses environs comptent 15000 chambres, alors que le même secteur compterait 10 000 offres Airbnb, appartemen­ts, villas... Là, le décalage est costaud : «Sur Nice et la Métropole, on collecte 7 650 000 euros en taxe de séjour, quand Airbnb n’en collecte officielle­ment que 863000 ! Comme ces loueurs n’ont pas de numéros d’enregistre­ment – ainsi que le demande la loi –, ne subissent pas de contrôles, nous pensons, qu’ils ne déclarent pas tout. Quand on pense qu’Airbnb, de nationalit­é américaine, n’a que 25 salariés en France et n’a payé, en France, pour l’année dernière, que 96 000 euros d’impôts, on voit bien que quelque chose ne va pas… »

 ??  ?? Face aux locations types Airbnb, Denis Cippolini, Laurent Duc, Roland Héguy et Jacques Barré sont réunis depuis hier pour évoquer leur plan d’action. CimerAlber­t.fr vient de voir le jour.
(Photos Sébastien Botella)
Face aux locations types Airbnb, Denis Cippolini, Laurent Duc, Roland Héguy et Jacques Barré sont réunis depuis hier pour évoquer leur plan d’action. CimerAlber­t.fr vient de voir le jour. (Photos Sébastien Botella)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco