Les hôteliers passent à l’offensive contre Airbnb
Les patrons d’établissements ont lancé hier une campagne de communication opposant la qualité de leurs prestations à celle de leurs concurrents : les plateformes de location
Si vous mettez en location votre logement, personne ne viendra vérifier s’il est aux normes comme nos hôtels, qui, eux, sont passés au crible. » Et ce principe du deux poids, deux mesures, Denis Cippolini n’en veut plus. Comme le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) des Alpes-Maritimes n’en peut plus de devoir lutter contre la concurrence, souvent « illégale et déloyale », des plateformes de location, alors que les enseignes hôtelières investissent sur la qualité, le confort, la sécurité... Il n’est pas le seul d’ailleurs. Denis Cippolini reçoit actuellement à Nice, au Servotel Saint-Vincent, son établissement du quartier Saint-Isidore, les têtes pensantes de l’hôtellerie : Jacques Barré, patron du Groupement national des chaînes hôtelières, Roland Héguy et Laurent Duc, respectivement présidents de l’Umih et de sa branche hôtellerie.
« La dérive et ses conséquences»
Ces professionnels sont réunis depuis hier et jusqu’à aujourd’hui pour évoquer l’ensemble des dossiers de l’hôtellerie française. Décision collégiale majeure: le lancement d’une campagne de communication
« Cimer Albert » (lire ci-dessous), justement pour contrer les organisations de type Airbnb, Abritel…. Dans cette affaire d’hébergements à deux vitesses, les hôteliers ne veulent pas d’une égalité mathématique. Ils revendiquent «une équité que l’on ne parvient pas à obtenir », proteste Denis Cippolini. Les locations de meublés ont toujours
existé. Les hôteliers le savent bien : « Ce qui nous gêne, c’est la dérive et ses conséquences : la politique du logement se raréfie, les consommateurs n’ont pas les mêmes cadres de sécurité en matière de prévention des incendies, d’accessibilité des handicapés, etc. Sans parler des nuisances sonores, de certaines incivilités… » L’autre préoccupation des vendeurs
agréés de nuitées face au marché des plateformes de location : la fiscalité. « Elles échappent complètement à la TVA et pratiquent donc des tarifs moindres que les nôtres. » À Nice, le mouvement pour éviter ces abus avait déjà été acté en juin 2017 par Christian Estrosi, lors d’un conseil municipal. Avec la loi « Pour une République numérique », les communes peuvent exiger des loueurs un numéro d’enregistrement. À compter du 1er janvier 2019, les locations de résidences principales seront limitées à 120 jours par an et les plateformes de location devront transmettre automatiquement au fisc les revenus des utilisateurs.
« Quelque chose ne va pas»
Se pose ensuite le problème de la taxe de séjour. Nice et ses environs comptent 15000 chambres, alors que le même secteur compterait 10 000 offres Airbnb, appartements, villas... Là, le décalage est costaud : «Sur Nice et la Métropole, on collecte 7 650 000 euros en taxe de séjour, quand Airbnb n’en collecte officiellement que 863000 ! Comme ces loueurs n’ont pas de numéros d’enregistrement – ainsi que le demande la loi –, ne subissent pas de contrôles, nous pensons, qu’ils ne déclarent pas tout. Quand on pense qu’Airbnb, de nationalité américaine, n’a que 25 salariés en France et n’a payé, en France, pour l’année dernière, que 96 000 euros d’impôts, on voit bien que quelque chose ne va pas… »