Le marché d’Aups était-il truffé de diamants noirs chinois?
Le groupe mycologique de Lorgues affirme avoir acheté des tuber indicum chinoises vendues comme melanosporum, les truffes locales. Le président du syndicat réclame des preuves et annonce des contrôles
Des truffes chinoises dans les repas de fête ? La rumeur courait dès le début de la campagne d’hiver. Avec une maigre récolte, la saison s’annonçait difficile pour les trufficulteurs varois. Et pourtant... Le marché d’Aups a tenu bon jusqu’au mois de mars, offrant parfois de généreux paniers de « rabasses » au regard des clients. Mais s’agissait-il bien de tuber melanosporum, alias truffe noire dite du Périgord, la seule qui ait droit de cité sur les étals du marché réservé aux particuliers ?
« Sept des dix truffes étaient de Chine »
Selon le groupe mycologique botanique de Lorgues les «diamants noirs » n’étaient pas tous du cru. C’est en tout cas ce que l’association affirme dans un courrier adressé au président du syndicat des trufficulteurs du Var, Francis Gillet. Elle précise avoir acheté dix truffes, toutes vendues comme tuber melanosporum, à cinq trufficulteurs différents lors de cinq marchés entre les mois de décembre 2017 et février 2018. Toujours selon le groupe mycologique botanique, sept d’entre elles se sont révélées – après analyses (1) – être des tuber indicum, la truffe de Chine. Véritable bête noire des trufficulteurs, celle-ci est difficilement identifiable. Et pour cause : noire, odorante, la tuber indicum est similaire à la melanosporum au détail près qu’elle n’a aucun goût et que son prix est dérisoire ! Si le président du syndicat des producteurs de truffes noires du Var ne conteste pas la qualité ni le résultat de ces analyses, il émet en revanche des réserves sur la provenance des produits examinés.
Des réserves sur la provenance des produits
« Aujourd’hui rien ne prouve que ces truffes proviennent réellement du marché d’Aups », martèle Francis Gillet qui s’interroge également sur l’identité du ou des trufficulteurs ayant vendu ces truffes en provenance de Chine. « Aucune preuve officielle sur ces deux points ne semble pouvoir être présentée (...). Accuser sans preuve est grave », indique-t-il dans une lettre adressée en réponse au président du groupe mycologique Philippe Pinchon (2). Toutefois, l’ancien maire de Saint-Julien le Montagnier entend bien préserver la réputation du marché d’Aups. Un conseil d’administration devrait être convoqué dans les prochaines semaines afin d’évoquer d’éventuelles mesures pour garantir la provenance des produits mis sur le marché. « Nous pourrions faire appel à quelqu’un de la fédération nationale pour effectuer des « sondages» inopinés. Il faut une solution efficace, avec quelqu’un de compétent en matière trufficole et inconnu sur le marché d’Aups », annonce Francis Gillet. « Il en va de la crédibilité de la truffe d’Aups et de notre responsabilité. Les truffes vendues tous les jeudis matins de fin mars à mimars doivent être de la tuber melanosporum et de qualité. » Un souhait identique à celui du groupe mycologique lorguais... 1. Selon le groupe mycologique botanique, les truffes auraient été examinées au microscope avant d’être confiées à deux mycologues dont un pharmacien d’Aix-en-Provence. 2. Contacté le président Philippe Pinchon n’a pas souhaité s’exprimer. Dans son courrier, le groupe mycologique botanique de Lorgues sollicite le syndicat des trufficulteurs du Var afin de « protéger la réputation du marché aux truffes d’Aups pour prendre les mesures nécessaires au rétablissement d’une certaine morale ».