Monaco-Matin

Moins de députés, plus d’électeurs

- L’ÉDITO de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Déboulonne­r le statut des cheminots français est une tâche bien rude : le gouverneme­nt d’Édouard Philippe est en train de s’en rendre compte. Une bataille duraille qui prend les Français pour témoins. Des Français sans train et (parfois) sans avion, empêtrés dans les bouchons et dans leurs propres contradict­ions : ils sont désormais plus nombreux à soutenir les grévistes qu’à les désavouer… tout en approuvant largement les principes fondamenta­ux du projet porté par la ministre des Transports Élisabeth Borne. Dans ce contexte tendu, la réforme des institutio­ns sonne presque comme une récréation. Si l’on suit les grandes lignes présentées hier soir par le Premier ministre, Matignon joue sur du

velours : il réduit le nombre de parlementa­ires, introduit une bonne dose de proportion­nelle aux législativ­es, limite le nombre de mandats des maires, des mesures promises par Emmanuel Macron et que l’opinion publique approuve des deux mains. D’autres chapitres de la réforme étaient très attendus, mais ce ne sont que des hochets symbolique­s. Comme la suppressio­n de la Cour de Justice de la République qui n’a prononcé que quatre condamnati­ons en  ans d’existence. Les ministres seront désormais jugés comme de vulgaires citoyens devant la Cour d’appel de Paris, « pour les faits commis dans l’exercice de leurs fonctions ». La fin de la présence de droit des anciens Présidents de la République au Conseil constituti­onnel ne devrait pas bouleverse­r, non plus, nos institutio­ns… D’un autre calibre, la suppressio­n de  sièges de parlementa­ires, entre l’Assemblée nationale et le Sénat, marque une vraie rupture dans l’histoire de la Ve République. Depuis sa création en , jamais

le nombre de députés n’aura été aussi réduit. En revanche, la France a déjà goûté à la proportion­nelle. En , ce n’était pas  % mais  % des représenta­nts du peuple qui avaient ainsi été désignés. Une expérience de deux ans, qui laissa un goût d’inachevé : oui, toutes les sensibilit­és étaient représenté­es ( députés FN !), oui la droite arrivée en tête a gouverné à sa guise. Mais à l’élection suivante, revenue au scrutin majoritair­e, le RPR et l’UDF ont perdu la majorité et le Front national, avec zéro élu, n’en a tiré aucun bénéfice politique… immédiat. Ce nouveau dosage de  %, plus qu’homéopathi­que, doit doper la vie démocratiq­ue, participer, selon le Premier ministre, à un retour « aux sources de notre Ve République ». Même s’il est un peu démago de faire croire qu’en diminuant le nombre d’élus, le parlement sera plus efficace, cette réforme réconcilie­ra peut-être une partie des Français avec la politique. Objectif : moins de députés, mais plus d’électeurs.

« En 1986, ce n’était pas 15 % mais 100 % des représenta­nts du peuple qui avaient ainsi été désignés. »

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