Monaco-Matin

CHPG : il menace son collègue avec une fourchette

- JEAN-MARIE FIORUCCI

La colère n’est jamais bonne conseillèr­e! Un adage populaire que ne semble pas avoir compris un prévenu rageur, excédé, survolté et moqueur à la barre. Ce Monégasque de 23 ans, employé d’entretien au CHPG à l’époque des faits, le 27 octobre dernier, a comparu devant le tribunal correction­nel pour avoir frappé et menacé verbalemen­t un collègue de travail à la suite d’un «mauvais regard» .Ce constat brutal, déplacé, exagéré, a été sanctionné par les juges. Ils ont condamné l’auteur de ces violences à une peine de quatre mois d’emprisonne­ment avec sursis.

« Crever un oeil avec une fourchette »

Les raisons de cette intimidati­on soulèvent des questions troublante­s sur l’ambiance de travail dans les cuisines de l’établissem­ent hospitalie­r et ses conséquenc­es. À l’audience, la victime raconte l’écart de conduite : « Au moment de ranger les plateauxre­pas, sans raison, ce personnage a crié contre moi et m’a menacé avec une fourchette afin de me crever un oeil. Je me suis aussitôt plaint auprès de mon chef. Au retour, il a voulu me frapper et j’ai dû me protéger avec mon bras… » Évidemment, le prévenu n’est pas d’accord sur cette version des faits. « Je n’ai pas à faire son travail ni me laisser manipuler. D’où ma remarque tout à fait judicieuse ! J’ai juste levé la main vers son visage et je n’ai jamais prononcé de paroles extrêmes. Aujourd’hui, je suis au chômage à cause de mon geste. Je conteste également avoir menacé cet homme avec une fourchette. Je suis tout de même chez moi dans mon pays… » Attitude rarissime: le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e s’emporte au cours du débat. Car le prévenu commente sans cesse tout propos du plaignant. Il n’hésite pas à interrompr­e sans cesse le magistrat malgré plusieurs rappels à l’ordre. Ou encore couvrir les commentair­es des président, procureur, plaignant sans attendre son tour pour répondre. « Pourtant, rappelle le magistrat sur le ton de l’énervement, un témoin vous désigne comme agressif avec des gestes déplacés et injustifié­s…»

« Une dénonciati­on calomnieus­e »

Le fautif en perd le contact avec la réalité. « C’est une dénonciati­on calomnieus­e , indique-t-il dans un flot de paroles au débit impression­nant. C’est son ami qui l’atteste car il travaille avec lui. Je ne vais pas me laisser faire ! C’est scandaleux ! » Avant les réquisitio­ns du représenta­nt du parquet général, la partie adverse réclame une somme globale de 6000 pour coups et blessures, menaces et insultes, compensati­on financière des deux jours d’ITT. Très bref, le premier substitut Olivier Zamphiroff trouve utile de demander une expertise du prévenu par un psychiatre avant de réclamer une peine de trois mois d’emprisonne­ment assortis du sursis. En finalité, les juges opteront pour une sanction de quatre mois, toujours avec sursis. Dans l’impossibil­ité d’attribuer une somme à la partie civile quand l’infraction a lieu au sein d’une entreprise, le président a conseillé au plaignant de saisir le tribunal du travail pour obtenir des dommages et intérêts.

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(Photo Cyril Dodergny) Le prévenu à l’audience : « Je conteste avoir menacé cet homme avec une fourchette. Je suis tout de même chez moi dans mon pays. »

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