«La bonne photo, c’est aller chercher ce qu’est vraiment l’autre. Le selfie est le summum du narcissisme»
Nikos Aliagas, ambassadeur du salon international de la photo d’art et de collection
Au rez-de-chaussée de la salle des expositions du quai AntoineIer, le journaliste et présentateur de télévision de ans dévoile une autre facette de sa personnalité : celle de l’amoureux éperdu de la photographie. La réputation et la qualité de ses clichés, tous en noir et blanc, ne sont plus à faire.
Parlez-nous de votre exposition à Monaco : « L’épreuve du temps » ? C’est une obsession qui nous concerne tous. Je l’ai compris dès ma plus tendre enfance. J’ai trouvé dans une boîte à chaussures des photos en noir et blanc de mes parents jeunes. J’ai compris le temps qui passait. Ce fut une première émotion. Et puis l’admiration de voir le visage d’un gamin, pur, qui deviendra mon père.
La passion pour la photo a donc débuté tout jeune… Au début, je faisais des photos imaginaires. Mon père m’achète ensuite un Kodak Instamatic avec les flashs carrés. Petit à petit, je vais rentrer dans cette quête du temps. Le temps et la photographie font que quand je vous vois, j’imagine votre vie. Je regarde vos mains. Je passe ma vie depuis que je suis gamin à décoder et regarder les uns et les autres. On vous connaît comme ami et photographe des stars. Là, ce ne sont que des anonymes… On est tous l’inconnu de quelqu’un. Quand je photographie une star, c’est avant tout un être humain. Audelà de la posture, c’est avant tout sa fragilité qui m’intéresse.
On les connaît pourtant pour maîtriser leur image… D’emblée, je leur dis « Pose pas, je m’en fous ». Ils rigolent et là je fais la photo. Quand je les photographiais, ils venaient dans ma loge et il y avait un miroir. Je leur disais « Regarde toi, qui tu vois ? ». Le temps de la réflexion, je faisais la photo. Il y a un jeu de miroirs réfléchissants dans la photographie et la notoriété. Qui est qui ? Qui voit qui ? Qui croit être qui ?
Ils brisent vraiment cette carapace avec vous ? J’espère, pas toujours. Certaines photos sont plus convenues mais la plupart du temps oui.
La passion de la photographie est-elle un garde-fou, une bulle contre l’agitation médiatique et le tourbillon de la télé? Je suis dans le tourbillon médiatique mais je ne cours pas dedans. Dans l’oeil du cyclone, ça ne bouge pas. Alors qu’autour oui. À l’intérieur de celui-ci, j’ai l’oeil pour voir le monde. Et voir le monde, c’est faire des photos. C’est une résistance futile, une résistance à l’inutile.
À l’heure du selfie, qu’est-ce qu’une bonne photographie pour vous ? Le selfie, c’est le summum du narcissisme. Chacun veut devenir un autre. La bonne photographie, c’est quand tu vas chercher ce qu’est vraiment l’autre.