Monaco-Matin

Jean-Jacques Annaud livre toute sa vérité

A Cannes, le cinéaste a donné une master class, avant de présenter sa première série TV, La vérité sur L’affaire Harry Québert ce soir

- ALEXANDRE CARINI acarinin@nicematin.fr

Àtravers l’oeil de sa caméra, c’est l’homme qu’a vu l’homme qu’a vu l’Ours. Jean-Jacques Annaud. Après avoir ravivé La guerre du feu, c’est aussi le réalisateu­r qui a crié au Dernier loup, parce que l’homme l’est parfois pour l’homme. Hier après-midi, sa crinière blanche a soudain surgi d’une berline noire, pour une master class dans le cadre du festival CanneSerie­s. La Croisette, un cadre familier pour ce cinéaste aux trois Césars, qui a débuté sa carrière en wonderboy de la pub auprès de Jean Mineur, avec le perfection­nisme d’un (7e) art majeur. «Ah, ma première fois à Cannes c’était pour un film publicitai­re vantant la mairie, à suivre le pas d’une belle jeune fille le long du bord de mer, se souvient-il en souriant. Depuis, je suis revenu tous les ans pour le Festival, y compris pendant que je tournais Le dernier loup en Chine. J’ai effectué quarante heures d’avion et dixsept heures de route, juste pour passer quelques heures ici. » Hier, Jean-Jacques était encore en provenance directe du Québec, où il s’attelle au montage de La Vérité sur l’Affaire Harry Québert. Sa première série TV pour TF1, adapté du best-seller de Joël Dicker. Avec Patrick Dempsey dans le rôle-titre, qui les accompagne­ra également ce soir, pour la projection en avant-première mondiale. « On m’avait d’abord proposé ce livre formidable pour en faire un film, mais lorsque j’ai lu les 790 pages, je me suis aperçu que c’était impossible, tant j’avais pris plaisir à cheminer avec toute une galerie de personnage­s croustilla­nts. » Du grand au petit écran, Jean-Jacques Annaud n’a pas son pareil pour se mettre à la page. Toujours animé par une même passion libertaire. « Depuis dix ans, j’avais envie de me frotter à la télé, car c’est un nouvel espace de liberté, ce n’est plus du tout ce petit truc en noir et blanc où l’on ne voyait rien ! » Quatre-vingt jours de tournage dans le Maine, à la frontière américano-canadienne, pour donner « vie » à Harry Québert. En huit heures et dix épisodes. Avec la bénédictio­n de l’auteur. « Joël Dicker est devenu un ami très cher. Il a même écrit son nouveau roman sur le plateau ! » Comme pour l’Ours ou Le dernier des loups ,( « parce qu’une bête ne répète jamais une scène»), le réalisateu­r s’est fixé une règle de tournage : « maximum trois prises!» Afin de capter l’instinct animal de ses acteurs ? « Tout à fait, c’est bien mieux parce que c’est plus spontané. Pour une scène d’amour, je ne fais même qu’une seule prise, sinon, ça ne peut pas marcher. » Gageons qu’avec ce polar romantique dont il donne sa propre lecture, JJ. Annaud connaîtra la même success... série qu’au cinéma. Car c’est déjà lui qui avait merveilleu­sement traduit Marguerite Duras (l’Amant), avec les images pour langage. Et révélé Jane March, dans toute sa sensualité. « Dans L’affaire Harry Québert, j’ai également découvert une actrice qui devrait devenir une star» !» On peut le croire. JJ. Annaud a bien sorti James Bond de sa préretrait­e pour en faire un moine Sherlock Holmes. Au nom de la rose bien sûr! « Et pourtant, la production fut infernale, plus personne ne voulait de Sean Connery. Moi, je cherchais un acteur charismati­que d’environ 55 ans, inconnu. Mais après de multiples castings, lorsque je l’ai vu apparaître à mon bureau, je me suis dit : c’est lui ! » Avec son amour des acteurs, J.J. Annaud parviendra même à convaincre Sean, frileux, d’ôter les chaussette­s en laine de ses sandales («les Franciscai­ns avaient fait voeu de pauvreté, ils étaient toujours pieds nus») et de baisser la capuche de sa bure. De quoi éviter la douche écossaise, et réchauffer le boxoffice ! « J’ai aussi eu de la chance de rencontrer des producteur­s et des scénariste­s fous ! » Oscarisé pour son premier film, le jeune Annaud avait lui même conquis Hollywood : La victoire en chantant ! À 74 ans, ciné ou télé, il n’a sans doute pas fini de nous livrer sa vérité.

‘‘ La série est un nouvel espace de liberté ”

‘‘ Joël Dicker est devenu un ami très cher ”

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