Le maire de Tende alerte le préfet sur l’arrêt des travaux du tunnel
Le procès cette semaine de neuf proxénètes hongrois, perturbé par la grève des avocats, s’est achevé hier soir. Seules les deux femmes poursuivies sortent de prison
En pleine audience, vendredi,Kinga, 20 ans, demande publiquement son souteneur en mariage ! La jeune fille n’a d’yeux que pour Mihaly, 40 ans. Le juge d’instruction a même autorisé ces derniers mois les deux tourtereaux à se voir en détention à la surprise du tribunal. La présidente Catherine Bonnici tente d’expliquer à la prévenue, au quatrième jour du procès, que l’amour entre un homme et une femme s’accommode mal de la prostitution, cet esclavage moderne. Kinga n’en a cure. « Mihaly compte plus que ma propre vie », a-t-elle expliqué aux enquêteurs de la police judiciaire.
Scènes surréalistes
La jolie Kinga ne s’est pas contentée de vendre son corps au port de Nice. Elle avait la responsabilité de contrôler et de manager deux autres compagnes d’infortune, hongroises comme elle. Elle prélevait l’argent pour « l’adorable » Mihaly. En échange d’un emplacement, chaque fille était contrainte de verser 100 euros. Dans une lettre relayée hier sur la page Facebook de la commune de Tende, le maire du village de la Roya, Jean-Pierre Vassallo, interpelle le préfet des Alpes-Maritimes sur une situation qu’il juge «vraiment préoccupante» au col de Tende. Depuis que les travaux de doublement du tunnel de Tende ont été interrompus sur le versant français, en juillet dernier, des suites du scandale de trafic de matériaux qui éclabousse la société italienne en charge du chantier (Fincosit), l’élu note que ce dernier est resté «en état de délabrement» .Impliquant, selon lui, une «catastrophe au point de vue environnemental et écologique». Entre autres parce que des dépôts d’anhydrides, extraits dans le cadre du percement du deuxième tube, sont restés sur place. Et se déversent dans la rivière. Et de préciser qu’il entend porter plainte contre la société des routes italienne Le seul prévenu qui comparaissait libre (de dos), ici avec son avocat Me Leh, a dû repartir en prison hier soir. (Photo Ch.P.)
Les surveillances et les écoutes téléphoniques de la PJ de Nice ont permis de renvoyer au total neuf personnes (sept hommes et deux femmes), quasiment tous issus de la communauté tzigane hongroise, devant la justice française pour proxénétisme aggravé et association de malfaiteurs. Le procureur Alain Octuvon-Bazile anticipe les arguments de la défense lors de son réquisitoire : « On nous dira que dans certaines cultures, l’épouse peut vendre son corps, subir les assauts (l’ANAS, maître d’ouvrage) et la société délégataire, «car la population de Tende ne peut admettre que le versant français du col de Tende puisse être dégradé de telle sorte». Conscient que les travaux ne sont pas près de reprendre,
d’individus de passage et rapporter l’argent», ironise le procureur. On a tenté de nous faire croire qu’elles étaient libres de le faire pour améliorer leur vie, pour aider à acheter une maison… La prostitution est insupportable moralement et physiquement. » Les peines les plus légères (trois ans dont deux ferme) sont réservées aux deux femmes qui sont dans le box. Jusqu’à cinq ans sont requis contre Igor, la tête du réseau et son lieutenant. Le procureur Alain Octuvon-Bazile le maire demande par ailleurs aux autorités préfectorales que soit «restituées la route en terre menant au col ainsi que l’ancienne route du col de Tende située dans le périmètre du chantier». Mi mars, le conseiller régional considère qu’Ignacz Zoltan « mentionné comme étant le fameux “Igor’’ », veillait sur 400 mètres de trottoir où travaillaient régulièrement onze femmes » .Ilest l’un des rares à avoir admis d’emblée avoir tiré profit de la prostitution. Le magistrat en tient compte dans ses réquisitions: cinq ans de prison, 50 000 euros d’amende, une interdiction du territoire national. Finalement, le tribunal le condamnera à six ans d’emprisonnement, tout comme son bras droit et un autre proxénète qui sévissait également sur Cannes. Balogh père et fils, présentés par leur avocat Me Tibor Louis Leh comme de paisibles exploitants agricoles, éleveurs de cochons et de pastèques, écopent de quatre ans de prison. Seules les deux prévenues, Kinga (18 mois de prison) et Leila (un an dont huit mois avec sursis) ont été libérées à l’issue du procès. Mais à l’instar des coprévenus, elles sont sommées de quitter immédiatement le territoire avec l’interdiction définitive de revenir en France. (Photo Frantz Bouton)
italien délégué aux transports, Francesco Balocco, indiquait de son côté - sur sa page Facebook - que les travaux devraient reprendre en novembre. Avec une autre entreprise que Fincosit à la manoeuvre.