Cinq clés pour manager les jeunes générations #hubbusinessNM
Le tour de France du bonheur au travail initié par Crèches de France a fait étape à Nice pour une conférence sur les jeunes générations. Une autre vision du monde ?
Si vous pensez qu’être jeune, c’est dans la tête, c’est que vous ne l’êtes plus. Voilà, selon Julien Estier, le premier indicateur pour repérer un jeune en entreprise. La génération Y existet-elle vraiment ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment la motiver, la fidéliser, l’impliquer ? Le formateur de Links-accompagnement donne des pistes. Non sans humour.
Quelles différences de générations au travail ? Le babyboomer est né entre et , pendant les Trente Glorieuses dans un contexte de croissance économique où, à l’embauche, on lui disait “Si tu n’as pas de compétences, ce n’est pas grave, tu vas les acquérir dans l’entreprise. Tu t’impliqueras fortement et en échange, je t’apporterai sécurité de l’emploi et progression de carrière.” Le génération X est né entre et . X pour marquer l’anonymat, la génération sacrifiée. Il est surinvesti au travail pour y trouver sa place, attend de la reconnaissance. Il évolue avec un contexte de crise économique avec le chômage et la précarité, et de crise sociale (divorce, sida). Il rêve de prendre la place du babyboomer qui, lui, rêvait de partir à la retraite mais la loi recule l’âge de la retraite. Le génération X va devoir attendre et voit arriver le génération Y en entreprise. Le génération Y est né entre et . Il est issu du “Passe ton bac d’abord” et de la course au diplôme. Il a été porté sur un piédestal par ses parents et la société pour, finalement, enchaîner les CDD et les entretiens d’embauche. Son but n’est pas d’attendre la retraite mais bien de profiter de la vie maintenant. Du coup, il a une ambition forte : monter sa boîte. Un jeune sur deux dit aujourd’hui, vouloir monter sa boîte. Pour avoir une responsabilité économique, être une force vive du territoire et faire vivre des dizaines de famille ? Non. Pour générer un gros appel de fonds, faire la culbute, la revendre et s’éclater avec l’argent gagné. L’Y ne réagit pas comme le babyboomer et le X. Il n’est pas câblé de la même manière.
Pourquoi l’Y n’a pas le même rapport au travail ? Parce que cela fait quinze ans qu’il entend ses parents dire que c’est dur au boulot. Qu’il faut se surpasser, être proactif. Quinze ans aussi qu’il les voit serrer les dents, faire de plus en plus d’heures pour un avenir incertain. Il grandit dans un contexte de burn-out, d’attentats terroristes, voit le digital et les jeux vidéo se (Photo François Vignola) développer. Il entend parler de la fin du système des retraites depuis qu’il est tout petit : il veut profiter de la vie.
Comment le motiver ? Par l’argent ? Le point mort chez un Y est le niveau de rémunération qui finance les loisirs et remplit le frigo. Ce point atteint, l’argent n’est plus moteur. Il ne représente que % de ce qui le motive dans la vie. Les loisirs et les copains passant largement devant. Le motiver par le sens donné à la mission et le leadership du manager. Ce que l’Y attend d’une entreprise et d’un manager, c’est du charisme.
Comment le fidéliser ? Les générations Y voient leur carrière en passant d’une boîte à une autre. Le X pense que pour aller d’A à C il faut passer par B. Pas le Y. S’il veut aller à C, il va postuler ailleurs. L’entreprise va devoir revoir ses modes organisationnels si elle veut les fidéliser. Entre et , huit millions de papyboomers seront à la retraite. Les X ne pourront plus embaucher leurs clones. En , % des actifs seront des Y. “Et pourquoi je ferai ça ?” La génération Y est en permanence en quête de sens. Elle a été biberonnée à l’indépendance et l’autonomie. Élevée par des parents hélicoptères qui travaillent beaucoup mais interviennent dès qu’il faut régler un problème. Elle vit dans une société qui lui demande son avis sur tout en répétant qu’il est essentiel pour l’avenir même du service ou produit. Apprendre à pêcher plutôt que de lui donner du poisson. Avec l’Y en entreprise, ça se traduit par : “Manager, arrêtez de donner réponse à tout. De vouloir démontrer votre savoir et faire valoir votre expérience.” L’Y est né avec un savoir disponible instantanément sur le net. Ce n’est pas ce qu’il attend d’un manager. La clé pour avancer avec lui : “Qu’en penses-tu ? Que proposes-tu ?” Et si la question persiste, une fois, deux fois, leur proposer une solution. Le manager sera alors reconnu pour sa compétence.