Monaco-Matin

Cinq clés pour manager les jeunes génération­s #hubbusines­sNM

Le tour de France du bonheur au travail initié par Crèches de France a fait étape à Nice pour une conférence sur les jeunes génération­s. Une autre vision du monde ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTELLE LEFEBVRE

Si vous pensez qu’être jeune, c’est dans la tête, c’est que vous ne l’êtes plus. Voilà, selon Julien Estier, le premier indicateur pour repérer un jeune en entreprise. La génération Y existet-elle vraiment ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment la motiver, la fidéliser, l’impliquer ? Le formateur de Links-accompagne­ment donne des pistes. Non sans humour.

Quelles différence­s de génération­s au travail ? Le babyboomer est né entre  et , pendant les Trente Glorieuses dans un contexte de croissance économique où, à l’embauche, on lui disait “Si tu n’as pas de compétence­s, ce n’est pas grave, tu vas les acquérir dans l’entreprise. Tu t’impliquera­s fortement et en échange, je t’apporterai sécurité de l’emploi et progressio­n de carrière.” Le génération X est né entre  et . X pour marquer l’anonymat, la génération sacrifiée. Il est surinvesti au travail pour y trouver sa place, attend de la reconnaiss­ance. Il évolue avec un contexte de crise économique avec le chômage et la précarité, et de crise sociale (divorce, sida). Il rêve de prendre la place du babyboomer qui, lui, rêvait de partir à la retraite mais la loi recule l’âge de la retraite. Le génération X va devoir attendre et voit arriver le génération Y en entreprise. Le génération Y est né entre  et . Il est issu du “Passe ton bac d’abord” et de la course au diplôme. Il a été porté sur un piédestal par ses parents et la société pour, finalement, enchaîner les CDD et les entretiens d’embauche. Son but n’est pas d’attendre la retraite mais bien de profiter de la vie maintenant. Du coup, il a une ambition forte : monter sa boîte. Un jeune sur deux dit aujourd’hui, vouloir monter sa boîte. Pour avoir une responsabi­lité économique, être une force vive du territoire et faire vivre des dizaines de famille ? Non. Pour générer un gros appel de fonds, faire la culbute, la revendre et s’éclater avec l’argent gagné. L’Y ne réagit pas comme le babyboomer et le X. Il n’est pas câblé de la même manière.

Pourquoi l’Y n’a pas le même rapport au travail ? Parce que cela fait quinze ans qu’il entend ses parents dire que c’est dur au boulot. Qu’il faut se surpasser, être proactif. Quinze ans aussi qu’il les voit serrer les dents, faire de plus en plus d’heures pour un avenir incertain. Il grandit dans un contexte de burn-out, d’attentats terroriste­s, voit le digital et les jeux vidéo se (Photo François Vignola) développer. Il entend parler de la fin du système des retraites depuis qu’il est tout petit : il veut profiter de la vie.

Comment le motiver ? Par l’argent ? Le point mort chez un Y est le niveau de rémunérati­on qui finance les loisirs et remplit le frigo. Ce point atteint, l’argent n’est plus moteur. Il ne représente que  % de ce qui le motive dans la vie. Les loisirs et les copains passant largement devant. Le motiver par le sens donné à la mission et le leadership du manager. Ce que l’Y attend d’une entreprise et d’un manager, c’est du charisme.

Comment le fidéliser ? Les génération­s Y voient leur carrière en passant d’une boîte à une autre. Le X pense que pour aller d’A à C il faut passer par B. Pas le Y. S’il veut aller à C, il va postuler ailleurs. L’entreprise va devoir revoir ses modes organisati­onnels si elle veut les fidéliser. Entre  et , huit millions de papyboomer­s seront à la retraite. Les X ne pourront plus embaucher leurs clones. En ,  % des actifs seront des Y. “Et pourquoi je ferai ça ?” La génération Y est en permanence en quête de sens. Elle a été biberonnée à l’indépendan­ce et l’autonomie. Élevée par des parents hélicoptèr­es qui travaillen­t beaucoup mais intervienn­ent dès qu’il faut régler un problème. Elle vit dans une société qui lui demande son avis sur tout en répétant qu’il est essentiel pour l’avenir même du service ou produit. Apprendre à pêcher plutôt que de lui donner du poisson. Avec l’Y en entreprise, ça se traduit par : “Manager, arrêtez de donner réponse à tout. De vouloir démontrer votre savoir et faire valoir votre expérience.” L’Y est né avec un savoir disponible instantané­ment sur le net. Ce n’est pas ce qu’il attend d’un manager. La clé pour avancer avec lui : “Qu’en penses-tu ? Que proposes-tu ?” Et si la question persiste, une fois, deux fois, leur proposer une solution. Le manager sera alors reconnu pour sa compétence.

 ??  ?? Julien Estier est intervenu à l’invitation de Jérôme Schiaro, conseiller Familles et partenaire­s chez Crèches de France pour le Sud-Est, et du Hub business de Nice-Matin. Une vision d’entreprene­ur ? Comment l’impliquer ?
Julien Estier est intervenu à l’invitation de Jérôme Schiaro, conseiller Familles et partenaire­s chez Crèches de France pour le Sud-Est, et du Hub business de Nice-Matin. Une vision d’entreprene­ur ? Comment l’impliquer ?
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco