Monaco-Matin

Le SDF italien ne pourra plus venir dormir à la gare SNCF

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Quand il n’y a plus d’espoir d’assistance, il faut passer à la coercition. C’est l’option préférée, lundi, à l’audience de flagrance, par le tribunal correction­nel devant lequel comparaiss­ait, menotté et surveillé par du personnel pénitentia­ire, un SDF italien. Le quadragéna­ire, célibatair­e et sans profession, a été interpellé vendredi par les policiers sur le territoire de la Principaut­é, alors qu’il faisait l’objet d’une mesure de refoulemen­t notifiée le 26 mars dernier.

Agression sexuelle, mendicité, intrusions dans les immeubles...

Logiquemen­t, le président Florestan Bellinzona interroge le prévenu sur l’origine de sa présence devant la supérette Casino sur le port Hercule vers 21 h 40. Il était venu se restaurer à côté. Puis, à plusieurs reprises, le magistrat lui demande d’expliquer les raisons de son interdicti­on de territoire monégasque. Il n’en connaît pas trop la cause et hausse les épaules. Le magistrat veut être clair ! « Il faut peut-être vous rappeler les infraction­s qui ont conduit à votre présence indésirabl­e à Monaco ! Agression sexuelle sur mineure de 15 ans en 2013 ; comporteme­nt bizarre sur S’il revient à Monaco, le prévenu sera envoyé directemen­t en prison.

mineur abordé en 2017 ; vociférati­ons sur la voie publique ; mendicité ; intrusions dans les immeubles ; vingt-sept interpella­tions de la police en 2017. Et le 6 avril, au cours de votre garde à vue, vous avouez venir quotidienn­ement dormir à la gare SNCF ! (Photo E.D.)

D’ailleurs, quel est l’intérêt de faire une demiheure de train tous les jours pour venir en Principaut­é ? » « Vous avez raison, lâche timidement le détenu. Je comprends. Mais je ne savais pas ce qu’on allait me faire... » La mesure de refoulemen­t récente, une dizaine de jours tout au plus, est prise en compte par le procureur Cyrielle Colle. « Cette procédure doit aider à aiguiser la compréhens­ion de ce personnage : il ira chaque fois en prison et les peines s’aggraveron­t au fil des interpella­tions. Envoyez un message clair : une condamnati­on assortie du sursis pour une première fois. »

Quinze jours de prison avec sursis

Pour la défense, l’exercice est périlleux. Alors, subtilemen­t, Me Raphaëlle Svara va se focaliser brièvement sur la commisérat­ion, la compassion, la clémence. « C’est dommage d’en être arrivé jusqu’à l’approche pénale. Serait-ce perdu d’avance de se limiter encore aux normes sociales ? Car une peine avec sursis devrait sûrement lui faire assimiler l’interdicti­on. » Le tribunal prononcera une peine de quinze jours avec sursis. Si le fautif n’est pas condamné dans un délai de cinq ans, il n’aura pas à l’effectuer. En revanche, s’il était retrouvé sur le territoire de la Principaut­é, il devra faire les quinze jours de prison plus la nouvelle peine d’un mois au moins.

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