Monaco-Matin

Le «casse du siècle» au Crédit lyonnais n’a pas été perpétré

Quelques années après le cambriolag­e de la Société générale de Nice par Spaggiari et consorts, une autre équipée sauvage tente de piller une banque en passant aussi par les égouts. En vain

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Avril 1983. Dans la nuit du 4 au 5, une bande de fric-frac tente de mettre à sac l’agence mentonnais­e du Crédit lyonnais. En passant par… Devinez un peu ? Mais oui, bien sûr, les égouts ! Spaggiari et ses amis ont visiblemen­t fait des émules dans le milieu local de la pègre. Au point de lancer un petit phénomène de mode, après leur – ô combien romanesque – braquage de 1976. Sauf que les « Casses du siècle » ne peuvent décemment avoir lieu tous les ans. Et la vingtaine de malfrats quittera, elle, la Cité des citrons les mains vides. Les poignets prêts à être décorés de rutilantes menottes. Tout avait pourtant bien commencé. Remontant sur environ 1 100 mètres le lit du « Careï », les hommes rats étaient parvenus à atteindre une galerie d’égout, d’où ils avaient entrepris de percer un boyau qui leur aurait permis d’atteindre le mur de séparation du Crédit lyonnais. Las ! Parvenus à 1,50 mètre à peine de la salle des coffres, les égoutiers sont contraints d’abandonner précipitam­ment leur tunnel. Et pour cause : les sirènes du système d’alarme de la banque braillent au beau milieu de cette nuit d’avril. Déclenchée après que des policiers sont entrés dans l’établissem­ent, alertés par le gardien, un poil inquiet d’entendre des bruits bizarres lors de sa ronde à l’intérieur de la banque. L’écho du martèlemen­t des burins maniés par les égoutiers, qui ne devait en principe être audible de personne, le vigile ayant coutume de ne faire sa patrouille qu’en extérieur. Le succès d’une entreprise ne tient décidément qu’à un détail… D’autant que la haute technicité du projet n’était pas vraiment à prouver. Les gendarmes découvrire­nt sur place une installati­on d’étaiement de la galerie, une guirlande d’ampoules de vingt mètres de long dans les égouts, ainsi qu’un système de ventilatio­n du tunnel. Ils installent aussitôt un dispositif de surveillan­ce aux différente­s sorties du Careï. Pour éviter de donner de nouvelles idées à de futés délinquant­s. Mais revenons un peu en arrière. Échaudés par les cris persistant­s de l’alarme, plusieurs membres de l’équipe réussissen­t à prendre la fuite. Mais l’un d’eux, Jean-Louis Patacchini, alors âgé de 31 ans, est interpellé alors qu’il sort du lit du fleuve, un sac de sport à la main. Dans celui-ci : une veste de survêtemen­t portant des traces de boue fraîche, deux bouteilles de bière, un thermos, une lampe de poche et de la nourriture en quantité suffisante pour passer un séjour prolongé en autarcie. Lors de son procès en 1987, l’homme expliquera que son travail «consistait à verser la terre déblayée dans le Careï ». Confirmati­on du côté de la police qui désigne alors Patacchini comme un « déblayeur ». Autant dire qu’il ne creusait pas. Mais chargeait les déblais du tunnel dans une télébenne pour les vider ensuite. L’équipée sauvage n’avait rien à envier à une entreprise d’enlèvement des encombrant­s, vous disait-on. Manque de chance pour eux, des travaux d’intérêt général chez Pizzorno n’ont pas été proposés pour purger leur peine… Jacques Patacchini, frère de Jean-Louis. C’est le Crédit lyonnais qui avait Jean-Louis Patacchini, l’un des « égoutiers » de Menton, n’est autre que le frère de Jacques et Joël (Patacchini), vraisembla­bles auteurs du « casse du siècle de Genève », en . Apparentés au gang bastiais de la « Brise de mer », les deux frères et leurs complices auraient braqué la banque UBS des rives du lac Léman. Maîtrisant les vigiles, ils neutralise­nt le système d’alarme, pillent les coffres et repartent paisibleme­nt Quatre ans plus tard, c’est une autre banque mentonnais­e, la Banque populaire, qui attire la convoitise de quatre jeunes bandits bastiais – Thierry Ventura, Émile Paccioni, Laurent Santoni et Paul Casanova. Mais s’ils ne parviennen­t pas plus à repartir avec le butin, l’issue du hold-up est cette foisci nettement plus sanglante. Armés de pistolets et de gros calibres, les jeunes malfrats parviennen­t en quelques secondes à récolter une partie des fonds contenus dans les coffres (environ   francs). Blessant au passage le directeur de la banque de plusieurs coups de crosse. Mais alors que le braquage vient de commencer, les policiers – appelés pour un autre fait divers à quelques encablures – débarquent sans en avoir été alertés. Une coursepour­suite s’engage. Cinq personnes sont blessées dans l’affaire, parmi lesquelles l’inspecteur Quilès, thorax transpercé et mâchoire fracassée. Ventura, quant à lui, reste au sol. Touché par une balle mortelle. été pris pour avec…  kg de billets. Représenta­nt alors  millions de francs. La bande a visiblemen­t bénéficié d’une complicité interne, dans la mesure où les braqueurs disposaien­t de toutes les combinaiso­ns des coffres. Du contenu de ces derniers, on ne trouvera aucune trace. Pas un kopeck. Pas un radis. Faute de preuves suffisante­s, les frères (jugés en ) sont même acquittés. Braquage à la banque populaire en  : cinq blessés et un mort.

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