La semaine des deux présidents

«Hollande est attentif à la trace qu’il laissera dans l’histoire des présidents, Macron entend écrire celle de la France.»

C’est le match qu’on n’attendait pas, qu on n’attendait plus. Le combat qui n’a jamais eu lieu et se joue finalement à retardement, par (petits) écrans interposés. Cette semaine, François Hollande et Emmanuel Macron s’affrontent réellement enfin. Le premier n’a jamais digéré l’échec, le second tente de s’en prémunir. Hollande est convaincu et veut convaincre a posteriori que son bilan est bon, Macron entend persuader les Français que ses réformes permettront au pays de relever la tête. L’un est attentif à la trace qu’il laissera dans l’histoire des présidents, l’autre entend écrire celle de la France. En rédigeant à la main, d’une traite ou presque, Les Leçons du pouvoir, François Hollande a évidemment voulu faire la leçon à son successeur. Interrogé hier soir par Anne-Sophie Lapix au JT de France , l’« ex » s’en est à peine caché. « Je l’ai appelé auprès de moi alors qu’il était un total inconnu », a rappelé l’ancien président, histoire de bien montrer que sans lui, « Jupiter » ne serait rien. Son erreur, dans le fond ? Avoir fait confiance. « J’ai toujours admis la compétition politique, explique-t-il dans son livre. Mais je pense qu’elle doit se livrer au grand jour et s’assumer franchement. Convenons que ce ne fut pas le cas. » Les mots sont pesés, mais tout est dit. En s’invitant hier soir sur le plateau de France , François Hollande a voulu se rappeler au bon souvenir de son ancien conseiller. Une manière de lui griller la politesse avant la longue séquence médiatique imaginée par Emmanuel Macron pour sortir de l’ornière de la contestation sociale. D’ailleurs, le professeur Hollande y va là aussi de son petit conseil. « Les réformes sont nécessaires, mais pour les faire accepter, il faut un temps de négociation. » Suivez mon regard… Demain, l’actuel chef de l’État qui a zappé son prédécesseur au point de ne pas l’inviter en janvier aux cérémonies de commémoration des attentats de , lancera son opération déminage. S’adressera à la France rurale au JT de Jean-Pierre Pernaut sur TF. Changera complètement de registre en croisant le fer trois jours plus tard avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel sur BFMTV et RMC. Pendant ce temps-là, le livre de Hollande, ses petites phrases et ses sous-entendus rempliront les rayons des librairies et les colonnes des journaux. La vengeance est décidément un plat qui se mange froid.